Les Héritiers de Perse - Tome 2

Chapitre 3

Chapitre 3

(PDV de Nihal)

J'observais mon frère désarmer un à un tous les soldats perses qui s'étaient portés volontaires pour s'entraîner avec le Prince. Qu'est-ce que je rêvais d'être aussi douée que Fayçal! Quelle force, quelle pouvoir il devait ressentir en sachant qu'en cas de danger, il pouvait compter sur lui même pour se sauver la vie... Moi, si un jour cela arrivait, j'étais perdue, complètement. J'étais capable de tenir un couteau correctement, mais mes capacités n'atteindraient jamais celles de mon jumeau. Je l'enviais. Pourquoi avait-il reçu cette carrure de combattant alors que moi je demeurais frêle, trop mince? Nous étions jumeaux!

Fayçal, remarquant mon humeur maussade, arrêta les combats en renvoyant les soldats chez eux, puis vint s'asseoir près de moi sur les marches. Il prit un profonde inspiration.

-Qu'est-ce qu'il se passe, Nihal? Pourquoi ai-je l'impression que tu es triste?

-Je ne sais pas Fayçal...

-Pourquoi ne me dis-tu pas la vérité? Avant, tu ne me mentais jamais...

Je me sentis mal, surtout qu'il avait ce ton immensément triste. Je soupirai à mon tour.

-Je t'envie, tu sais? dis-je simplement.

Il eut l'air sincérement étonné, ses sourcils se haussèrent.

-Et pourquoi ça? me demanda-t-il.

-J'aimerais avoir ton habilité à combattre. Maman m'a déjà enseigné, mais ce n'est pas suffisant... J'aimerais tellement savoir manier un sabre, savoir me défendre.

Fayçal sembla réfléchir intensément, son regard m'examinant sous toutes les coutures.

-D'accord. J'ai un marché à te proposer.

J'hochai la tête pour lui montrer qu'il pouvait continuer.

-Je t'enseigne le tir à l'arc, et tu restes loin de Leith...

Tout d'abord, je voulus refuser catégoriquement, mais tout juste comme j'ouvrais la bouche pour lui répondre, l'image de mon père, furieux, de Leith, complètement différent, et du regard paniqué de ma mère lorsqu'elle m'avait dit que la soeur de mon père, notre tante Lanie avait été enlevée me revint en mémoire. Et je revisai mon opinion, surtout en pensant à Lanie. Plusieurs fois elle avait été ma confidente, elle m'avait conseillée, et un lien de confiance s'était tissé entre nous. Lorsque maman m'avait dit qu'elle avait disparue, je n'y avais pas cru. Une caravane de soldats perses partiraient bientôt pour effectuer des recherches, et je voulais absolument y être. Je m'inquiétais énormément, mais je savais que mes parents ne me laisseraient jamais y aller si je ne me montrait pas capable de me défendre.

Alors devais-je vraiment m'accrocher à Leith alors qu'il n'en avait visiblement rien à faire de moi, ou devais-je porter secours à ma tante? La décision fut plutôt rapide.

-Très bien, déclarai-je d'une voix déterminée. J'accepte le marché.

Mon frère eut de nouveau l'air agréablement surpris.

-Tu deviens sage, Nihal! s'exclama-t-il moqueusement.

-Mais j'ai une seule condition. Non, deux, en fait!

-Nomme-les...

-Je veux qu'on commence immédiatement. Je veux que tu convainques nos parents de me laisser partir avec la caravane pour chercher Lanie dans une semaine. Et je veux être prête d'ici là.

-D'accord. Je crois alors que nous avons un marché! Attends-moi là, je vais chercher les arcs.

Il se leva à toute vitesse, courut vers l'armurerie et revint rapidement vers moi avec un long arc, l'air massif et lourd, et un plus délicat et léger. Il me tendit le plus petit, puis me prit le bras pour m'amener vers la salle d'entraînement. Plusieurs cibles, de formes et de tailles différentes, étaient accrochées sur le mur les unes à côté des autres.