🕸️CHAPITRE 18🕸️

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Exceptionnellement, ils se retrouvèrent tous deux enfermés dans une chambre à peine plus grande qu'un placard à balai et même si l'espace manquait, ils réussirent chacun à trouver une parade afin d'être assis à l'opposé de l'autre. Margarette trouva la literie si peu confortable qu'elle préféra s'installer contre le petit rebord vers la fenêtre depuis laquelle elle pouvait à tout moment voir la pluie s'abattre intensément sur la ville. Ethan, lui, préféra demeurer debout et choisis de s'adosser contre la porte qu'il venait de refermer derrière leur passage.

À présent, ni rien, ni personne ne pourrait les déranger et même si Ethan pouvait à tout moment quitter la pièce, c'est en le voyant donner un tour de clé que Margarette comprit que celui-ci n'en avait pas l'intention. Fort heureusement, elle aurait dû lui courir après, sinon et cela aurait été bien embêtant. Et bien humiliant pour lui probablement.

— Bien, nous y voilà, fit le jeune dans un soupir résolu.

— Sachez que je suis tout ouïe, rajouta Margarette.

Après tout, c'était à son tour de parler.

La jeune femme ne s'attendait pas à avoir le fin mot de l'histoire, ni même tous les détails de sa vie, mais elle espérait secrètement qu'Ethan lui donne suffisamment d'informations pour qu'elle puisse à son tour compléter son propre « puzzle ». Elle en avait besoin. Bien trop d'énigmes et de choses étranges l'entouraient dernièrement, elle n'avait pas besoin qu'Ethan Gainsbourg en fasse partie.

— Je commencerai par ceci, s'élançai le jeune homme, Que savez-vous du manoir de Castelroc ?

— Voilà une bien étrange façon de vous expliquer. Je pensais que c'était à mon tour de poser les questions ?

— Si vous pouviez simplement répondre à ma question et ensuite... Je promets de répondre à toutes les vôtres.

Margarette paru peu convaincue, mais elle n'avait aucune raison de ne pas lui répondre. Après tout, elle n'en savait pas long sur le manoir et tout ce qu'elle savait reposer essentiellement sur les commérages qu'elle avait discrètement entendus lors de repas de famille alors que cette bâtisse était longuement disputée. D'aussi loin qu'elle puisse s'en souvenir, Margarette avait toujours cru que si le manoir intéressé tant les membres de la famille Heelz c'était pour tout le folklore qui entourait le bâtiment : Le côté hanté, tous les drames s'y étant passé et tout le reste. Mais aujourd'hui, la jeune femme réalisa qu'il devait y avoir autre chose. Sa famille était bien trop égoïste et cupide pour vouloir un simple manoir hanté. Surtout un manoir qui tombe en ruines, et ce, dans tous les sens du terme.

Alors que savait-elle ? Pourquoi cette propriété était si convoitée ? Quel secret pouvait bien cacher ce lieu pour que même Ethan Gainsbourg, étranger aux histoires de la famille Heelz, puisse lui aussi s'y intéresser ?

— Je présume que tout comme vous, je sais que le manoir est supposé hanté. Rien de plus, finit par lâcher Margarette, Mais je présume que s'il n'était question que de cela, vous ne seriez pas ici.

— Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?

— Un homme de votre statut et ayant votre réputation ne traverserait pas l'océan pour une histoire de fantômes. Non, quelque chose d'autre vous a attiré ici. Alors si ce n'est pas le manoir...

Ethan afficha un léger rictus, montrant à la jeune femme qu'elle était définitivement sur la bonne voie. Il y avait bien quelque chose "d'autre". Le manoir serait-il l'arbre qui cache la forêt ?

— Je pourrais dire que vous chauffez, mais vous ne m'avez encore rien dit. Néanmoins, je vois aux diverses grimaces que vous faites que vous vous rapprochez du but. C'est à votre tour de compléter le puzzle.

De toutes les histoires ridicules et pittoresques que Margarette avait entendues sur le manoir de Castelroc, il y en avait bien une qui lui revenait en mémoire. Jusqu'à présent, elle n'y avait même pas pensé, car comment retenir toutes ces histoires ? Elles n'existaient que pour effrayer ou fasciner, rien de plus. Un véritable attrape touristes si tentait que le manoir pouvait attirer qui que ce soit, si ce n'étaient les locaux eux-mêmes.

— Sérieusement ? Vous êtes venu pour ce puits ? l'interrogea la jeune femme hautement dubitative, C'est une perte de temps.

— Qui vous dit que ça l'est ?

— Premièrement, personne ne sait où le puits se trouve et tout à fait entre nous ? Un puits qui exaucerait n'importe quel souhait ? C'est une histoire stupide.

— Quand vous êtes désespéré, croyez-moi... Même les histoires les plus stupides, justement, ont un étrange arrière-goût d'espoir.

Ce n'était pas la première fois qu'Ethan faisait d'étranges allusions à sa situation, comme s'il avait commis le pire des crimes. Avait-il fui sa situation ? Et espérait-il se rattraper grâce à un vulgaire puits à souhait qui n'existait que dans un imaginaire collectif ?

— Vous perdez votre temps, releva Margarette plus insistante.

— Peut-être bien. Peut-être que vous avez raison et tout ceci ne fait partie que d'une triste fable enfantine, mais je me dois d'en avoir le cœur net. Je ne peux renoncer... Pas après tout ce que j'ai fait. Pas après tous les sacrifices.

Margarette décida enfin de quitter le rebord de fenêtre sur lequel elle était perchée pour s'approcher d'Ethan. Trois pas suffirent à réduire la distance, les éloignant l'un de l'autre. Elle avait toujours été curieuse à propos de ce personnage, mais plus le temps passait et plus Ethan Gainsbourg et le voile qui l'entourait paraissaient comme... Attirants.

— Et de quels sacrifices parle-t-on ? Qu'est-ce qu'un garçon de bonne famille tel que vous, Ethan Gainsbourg, connaît-il aux sacrifices ?

Parce qu'elle, elle en savait long sur le sujet. Elle vivait encore avec. Tous les jours, elle traînait ce poids sur cette conscience si fragile.

— Vous seriez surprise...

— Oh, vous le savez, je ne suis pas une femme aisément surprise. Mais étonnez-moi. Prouvez-moi le contraire.

— Je crains que cela ne choque vos délicates oreilles et ne heurte votre sensibilité. Quel homme serais-je si je permettais cela ?

— Rassurez-vous, il en faut beaucoup pour me choquer. J'ai vu, entendu et fait des choses qui dépassent probablement votre simple pensée.

— Dans ce cas... Nous sommes sans aucun doute plus semblables que l'on ne le pensait au départ, vous et moi.

— Qui sait ? Il serait amusant que cela soit le cas. Deux cas similaires cohabitants sous le même toit, cela en serait presque...

Risible. Oui. Cela en serait tout à fait risible.

Hélas, Margarette n'avait pas le cœur de rire.

— Alors, Ethan, dites-moi quel mauvais garçon avez-vous été ?

Le manoir de CastelrocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant