CHAPITRE VII - LE MAL DE MER

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Encore troublée par la séparation d'avec sa famille, Yuna se crispa en apercevant Bryne qui l'attendait

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Encore troublée par la séparation d'avec sa famille, Yuna se crispa en apercevant Bryne qui l'attendait. Elle inspira profondément. Cette histoire remontait à dix ans et, honnêtement, n'occupait plus ses pensées au quotidien. Après tout, ils avaient réussi à s'éviter pendant quatre ans ; il avait donc, sans doute, gagné en maturité.

Tandis qu'elle tentait de se rassurer, elle se souvint de la réaction du jeune homme lorsqu'il avait compris la nature de leur mission. Une vague d'exaspération l'envahit. Ainsi, comme la plupart des nobles, il continuait de mépriser son ordre. Les rivalités entre paladins et chasseurs à Edenfort lui revinrent en mémoire. Elle expira un bon coup.

Yuna le rejoignit enfin, posa ses bagages à ses pieds et lui tendit la main poliment en s'efforçant de garder contenance.

— Bonjour, Bryne. Tâchons d'œuvrer pour que notre collaboration se déroule au mieux.

Elle avait prononcé ces paroles d'une traite, bafouillant presque. Face à cette maladresse, Bryne sursauta légèrement, les yeux écarquillés. Elle se sentit ridicule — la situation la stressait bien plus qu'elle ne voulait se l'avouer. Cependant, le paladin se détendit et lui serra la main en souriant.

— Avec plaisir, Yuna.

La chaleur de sa peau dénotait avec la fraîcheur ambiante. Les iris gris du jeune homme éveillaient en elle une sensation familière, l'illusion singulière que leurs années d'études s'étaient achevées la veille. Pourtant, le Bryne devant elle dégageait quelque chose de différent de l'élève badin et arrogant d'Edenfort. Il n'avait strictement pas changé physiquement, mais sa poignée de main formelle instaurait une distance déroutante. Ce contraste agaçait Yuna autant qu'il la décontenançait. Cet ancien camarade détesté, grimé dans le costume poli d'un allié temporaire, lui semblait presque aussi étranger qu'un inconnu du port. L'adolescente de quinze ans tapie en elle en ressentit une intense colère. Yuna devait néanmoins l'apaiser : pour le bien de la mission, elle se retrouvait contrainte d'accorder une chance à ce nouveau partenaire.

Bryne lui désigna l'officier qui les attendait. Toute la file avait embarqué, et ce dernier cachait difficilement son agacement de les voir traîner encore sur le quai. Peu au fait de la marche à suivre, Yuna imita docilement le paladin lorsqu'il tendit son billet à l'homme en uniforme qui fronça les sourcils avant de se lever.

— Le capitaine va vous recevoir.

Ils empruntèrent une passerelle flanquée de cordages. Sous leurs pas, les planches grinçaient, accompagnées du clapotis de l'eau contre la coque. Yuna sursauta, saisie par la forte odeur iodée. Submergée par l'émotion de la séparation d'avec sa famille et la contrariété de voyager aux côtés de Bryne, elle n'avait pas réalisé qu'elle était sur le point de quitter le Valême pour la première fois. Un doux frisson d'excitation la traversa.

À bord, elle sentit l'agitation des marins qui allaient et venaient, vérifiant les cordages et ajustant les voiles. Des voix s'élevaient de toutes parts et criaient des instructions en cascade. La chasseresse s'émerveilla de cette ambiance singulière. Au milieu de cette frénésie, un homme d'une cinquantaine d'années se tenait droit comme un piquet. Son justaucorps arborait de somptueuses broderies, et un tricorne en feutre noir, orné d'un emblème doré représentant une sirène, complétait son allure. Sa barbe poivre et sel, soigneusement taillée, lui donnait un air austère. L'officier le salua.

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