CHAPITRE IX - LE DÉBARQUEMENT

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En cette froide matinée, l'ambiance de la cabine s'était adoucie

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En cette froide matinée, l'ambiance de la cabine s'était adoucie. Le remède qu'avaient fourni les marins s'était révélé d'une salvatrice efficacité et Yuna avait enfin pu s'endormir. Le claquement léger de la porte la réveilla. Sans qu'il la remarquât, elle observa d'un œil Bryne entrer dans la pièce avec un plateau garni d'une théière, deux gobelets et une collation. Elle se décida à se relever et à s'asseoir sur sa couchette. Il la salua avec un fin sourire et lui tendit l'un des récipients fumants. Cette fois, la jeune femme l'accepta sans rechigner et partagea silencieusement ce repas frugal avec lui.

Plus tard, il lui lança un regard amusé lorsqu'elle s'en alla vider et nettoyer le pot de chambre. Son petit air moqueur l'agaça, mais comme il n'insistait pas, elle choisit de l'ignorer. Durant les heures qui suivirent, personne ne décrocha un mot. Yuna s'était plongée dans sa lecture et Bryne avait ressorti sa mandoline. La chasseresse ne lui imposa aucune remarque. D'une part parce qu'elle s'en voulait pour la veille, d'autre part parce que, elle devait bien l'admettre, cette mélodie était agréable. C'est alors qu'ils entendirent venant de l'extérieur : « Terre ! Terre ! ». Yuna sentit l'excitation l'envahir. Revêtir son manteau et prendre ses bagages en affichant un calme apparent se révélait une véritable torture.

Arrivée sur le pont, l'air glacial mordit immédiatement ses joues et ses mains, malgré ses gants. Yuna se dirigea vers la proue, où la brise marine gagnait de l'intensité, piquant sa peau. Une fois ses sacs déposés à ses pieds, elle s'agrippa à la rambarde, les doigts engourdis par le froid. Un mélange d'excitation et d'appréhension monta en elle. Elle inspira profondément pour s'imprégner de cet instant, tandis que L'Ondine du Nord fendait les eaux sombres de l'Angousir, laissant dans son sillage des remous écumeux. À l'horizon, une masse obscure se dessinait. Elle plissa les yeux pour en discerner les contours, le cœur battant : la ville de Bredholt se révélait peu à peu.

Incroyable ! Les toits sont déjà recouverts de neige !

Son émotion grimpa d'un cran quand elle vit les trolls pétrifiés sur la plage. Leur forme imposante, figée dans une éternité de pierre, racontait un récit tragique. Lors de ses cours d'histoire à Edenfort, elle avait étudié en long et en large les enjeux de la grande croisade. Les trolls étaient des gnomes asmuquois. Tout comme les gnomes valêmois, c'étaient avant tout des mineurs et des forgerons qui vivaient dans les montagnes. Cinquante-sept ans auparavant, ils étaient tombés sur un gisement de miarzalite. Ce minéral émettait des radiations qui réveillaient chez eux une magie ancienne. Celle de se changer en géant. Les gnomes avaient délibérément renoncé à cette faculté, car elle les précipitait dans la folie dès qu'ils prenaient cette forme. Au contact de ces roches, ils se métamorphosaient contre leur volonté et devenaient des monstres sanguinaires. S'ils demeuraient ainsi, ils se mettaient à se nourrir de chair humaine et n'entraient dans un état ni mort ni vivant. Durant deux ans, les royaumes de l'ouest du continent s'étaient alliés afin d'éradiquer ce fléau. Enfin, un antidote fut créé. Certains trolls contaminés furent sauvés, ceux dont la transformation était trop avancée furent pétrifiés. À la fin de la guerre, la reine Helga avait pris la décision de laisser sur place les trolls changés en pierre en guise de commémoration.

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