Les vitres vibraient légèrement face aux assauts des violentes rafales, tandis que les tourbillons des dernières feuilles mortes annonçaient la fin de l'automne.
Le solstice d'hiver approche à grands pas.
Afin d'accompagner le chant du vent, Bryne tapotait le sol de ses bottes. Comme sa mandoline lui manquait !
— Est-ce que vous m'écoutez, de Modron ?
— Affirmatif, cher commandant.
La moustache poivre et sel du commandant Merrik trembla d'exaspération face à la réponse onctueuse du paladin. Ce dernier ne put contenir un sourire narquois. Les expressions grotesques de son supérieur quand il sortait de ses gonds le divertissaient au plus haut point.
Merrik prit une grande inspiration, les mains crispées sur le bord de son bureau.
— Insolent... grommela-t-il. J'ai du mal à croire que vous soyez le frère de Liliwen.
Bryne retint une grimace à l'évocation de sa sœur aînée et ricana pour masquer son irritation.
— Je laisse à l'héritière du duché de Sulvanie le fardeau de la perfection. Ma condition m'offre le luxe du talent.
Un grognement sourd s'échappa de la gorge de Merrik.
— Vous vous croyez malin, n'est-ce pas, de Modron ? Je vous rappelle que votre statut de fils de duc ne vous place pas au-dessus du règlement. Vous avez embrassé l'ordre des paladins pour servir le royaume, pas pour humilier vos compagnons !
— Même s'ils le méritent ? répondit Bryne avec une fausse innocence.
La bouche du commandant forma un « o » outré, prête à répliquer, quand la brusque ouverture de la porte les interrompit. Le silence pesa sur la pièce face à la stature majestueuse du Lanidrac Oisan. Sa longue cape sombre, aux fines broderies dorées, glissait sur le sol. Elle recouvrait une luxueuse veste de brocart de laquelle débordait un imposant jabot en dentelle. Bien qu'Oisan eût dépassé les sept décennies, on lui donnait facilement la petite cinquantaine.
Le Lanidrac jouissait de la plus haute fonction des magiciens. Il était chargé de la protection du royaume, occupait le poste de directeur principal d'Edenfort et faisait partie des plus proches conseillers de la reine. On racontait qu'Oisan aimait cette dernière comme sa propre fille et que cette affection se révélait réciproque.
Bryne éprouvait à l'égard de cet homme un mélange d'admiration et de crainte, teinté d'une pointe de rancune qui remontait à ses jeunes années d'étudiant. Avec son supérieur, ils effectuèrent le salut d'usage que le magicien leur rendit. Bryne dut fournir un effort extraordinaire pour ne pas perdre contenance quand le Lanidrac se posta face à lui, le sourire en coin et l'œil pétillant de malice.
— Qui avons-nous là ? Bryne de Modron ! À ce que je vois, vous vous révélez toujours coutumier des convocations. Je crois me souvenir d'une entrevue à Edenfort, il y a une bonne dizaine d'années, n'est-ce pas ? Quel âge aviez-vous déjà ? Quatorze ? Quinze ans ?
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Plumes Noires
FantasíaYuna, une chasseresse royale talentueuse mais distante, voit sa froideur provoquer le départ de sa coéquipière. Dans un métier où le travail en binôme s'avère obligatoire, son incapacité à se lier aux autres pourrait devenir un sérieux handicap. Bry...