Yuna, une chasseresse royale talentueuse mais distante, voit sa froideur provoquer le départ de sa coéquipière. Dans un métier où le travail en binôme s'avère obligatoire, son incapacité à se lier aux autres pourrait devenir un sérieux handicap.
Bry...
— Ça va, monsieur ? Vous devriez pas rester ici. Y a des choses pas nettes qui sortent de la forêt en ce moment !
J'ouvre les yeux et découvre un inconnu qui me dévisage. J'ai froid... Je prends conscience que je gis sur un tapis de neige, vêtu de haillons. Les résidus d'un cauchemar encore prégnant me tourmentent.Quel rôle y ai-je joué ? Celui de la proie ou du bourreau ? L'incertitude me ronge, mes pensées s'embrument. Un enfant s'impose alors à ma mémoire. L'arrière-goût ferreux de son sang sur ma langue et son visage terrifié, empreint d'incompréhension, hantent mon esprit. Cela semble si réel. Une sensation de déjà-vu m'envahit... J'ai vécu d'autres réveils, d'autres rêves tout aussi macabres...
— Vous habitez où, monsieur ?
Je l'ignore. Je ne suis pas sûr qu'un endroit que je puis qualifier de « chez moi » existe. Cependant, le nom d'une ville émerge dans mon esprit. J'articule avec difficulté :
— Bredholt, je dois me rendre à Bredholt.
— Bredholt ? Mais c'est à plusieurs jours de marche, mon pauvre ami ! Et vous allez attraper la mort dans cette tenue !
Le brave homme m'aide à me relever.
— Comment vous vous appelez ? Y a quelqu'un qui peut venir vous chercher ?
Comment m'appelé-je ? Quelqu'un ? Me chercher ? Ces mots résonnent en moi, mais leurs sens m'échappent. Me suis-je déjà identifié par un nom ? Un prénom ?Existe-t-il une personne qui me reconnaîtrait ?
L'évidence me frappe soudain.
— Je dois me rendre à Bredholt... je dois le trouver... je dois lui dire...
— Vous devez trouver qui ? Y a quelqu'un qui vous attend à Bredholt ?
Je l'ignore... mais quand j'y serai, je saurai. Quand je le verrai, je le reconnaîtrai. Son âme m'appelle désespérément. Je le sens. Je ne dois pas perdre de temps, je dois le retrouver.
— Hé ! Vous n'allez quand même pas partir comme ça ! Hé ! Revenez !
— Je dois le trouver... je dois lui dire...
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Bardi se gratta la tête. Le vagabond, complètement hagard, ne l'écoutait plus et prenait déjà la route en direction du sud en répétant en boucle :
— Je dois le trouver... je dois lui dire...
Finalement, le vieil homme haussa les épaules et ramassa son fagot de bois qu'il plaça sur son dos.
Pauvre fou...
Il se hâta et songea à la soupe de pomme de terre qui l'attendait chez lui.
