J'ai lu quelque part que le deuil ne fait que sceller davantage la culpabilité dans nos veines, comme un poison lent et dévorant. Imagine devoir célébrer le jour de ta naissance sans ta présence. On attend de toi des sourires, des rires même, alors que ton souffle manque au monde, que tes bougies se consument seules. On porte des toasts, on chante pour une ombre. Chaque rire, chaque voix, est comme un coup de poignard pour rappeler combien tu es là, absent, à chaque instant. Et me voilà, condamné à faire semblant de célébrer ta mémoire, alors que chaque seconde de cette fête ne fait qu'étouffer un peu plus la mienne. Et dehors, la pluie tombe, lourde, implacable, comme si le ciel lui-même pleurait l'absurde de cette fête. Les gouttes s'écrasent contre les vitres, une à une, inlassablement, en écho à cette peine que je porte en moi, celle qui refuse de s'assécher. Il y a quelque chose de cruel dans la constance de cette pluie, dans sa façon de tout envelopper, de tout ternir, comme un linceul liquide qui emporte avec lui chaque éclat de lumière, chaque vestige de chaleur. À l'intérieur, les rires se poursuivent, les voix s'élèvent, faussement joyeuses, comme si elles pouvaient couvrir le murmure sourd du chagrin. Mais la pluie, elle, ne se tait pas ; elle martèle le monde, et c'est elle, finalement, qui parle le plus honnêtement. Elle me parle de toi, de ton absence qui s'étire, interminable, comme ce déluge. Elle me rappelle que, dehors, le monde continue de pleurer en silence, malgré tout. Et moi, je suis là, emprisonné entre ces murs, forcé d'afficher un sourire, alors que chaque goutte qui glisse contre la vitre est un peu de toi qui s'efface, un peu de toi qui s'éloigne. La pluie efface les traces, et puis lentement, les souvenirs, Et, elle ne laisse rien, sinon une humidité froide et pénétrante qui s'insinue jusque dans les os et ton âme. Et je reste là, noyé dans ce jour qui devrait être lumière, mais qui n'est plus qu'une étendue grise et sans fin, comme si le ciel s'était mis, lui aussi, en deuil de ta présence...
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La mélodie du cœur
PoetryDans les méandres d'une quête poétique, j'ai senti l'ardent désir de me fondre dans le cœur brisé de mes semblables, dans l'intimité de leurs pensées. Mais je n'ai jamais trouvé ce recueil, c'était une quête sans fin. Puis, j'ai un jour réalisé que...