l'autre mélodie du cœur

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Te souviens-tu de nos « nous étions heureux » ? Fût un temps où l'on pouvait l'entendre jusqu'à bout du train. Tous les voyageurs jalousaient nos baisers sur ce quai de gare. Ils me demandaient « quelle est donc cette douce mélodie ? », et je répondais toujours que c'était celle de mon cœur. Ils souriaient, et je faisais la même chose. J'étais persuadée de mon bonheur. Étais-je en fin de compte, une simple aveugle ? Je me meurs désormais de tes faux espoirs et ton cœur m'é-coeur et m'écoeure. Et mon visage pleure encore et en corps. Pleure de ta présence qui jadis réchauffait ce qui ne me réchauffe plus. Maintenant, c'est la présence de ton silence qui m'étouffe, me consume et me fait saigner jusqu'à la dernière goutte qui coule le long de mon visage que tu arrivais à faire changer de couleur. Et dans cette lugubre symphonie, où chaque battement s'effrite comme une note sur le papier pâli, mon cœur se languit d'une étreinte évaporée. Il bat, faible et lassé, sous le poids d'un amour qui l'a tant érodé. Était-ce en fait de l'amour ou bien l'illusion d'un mirage affectif ? En voilà une terrible question qui résonne dans le vide de mon âme. Et maintenant, les échos de nos rires se sont tus, remplacés par le chant funèbre des souvenirs. Chaque souvenir, une larme de plus dans l'océan de mon chagrin. Mon cœur, jadis vibrant d'espoir et de désirs, n'est plus qu'une relique brisée, un vestige de ce qui fut, de ce qui n'est plus. Il meurt, non pas d'un coup fatal, mais d'une lente agonie. Comme à un amour inassouvi. Pourtant, même dans son dernier souffle, il persiste, s'accrochant à l'infime lueur d'un espoir insensé que je maudit tant. Un espoir qui le consume, mais qui est aussi sa seule raison de battre. Est-il, en fait, le phénix qui aspire à renaître de ses cendres ? Non pas pour revivre le passé, mais pour embrasser l'avenir avec une nouvelle vigueur. J'ai si peur, tu sais. Que dirais-tu ? Quand j'y pense, et j'y pense souvent, peut-on vraiment parler de mort quand il s'agit d'un cœur ? Ne meurt-il pas plutôt pour se transformer, ou peut-être pour évoluer vers un état où l'amour n'est plus une quête, mais une sagesse peut-être acquise ? Dans la douleur, il apprend. On apprend toujours quand on souffre le martyr. Et dans l'abandon, il grandit. Et dans le silence de ton absence, il trouve la mélodie d'une nouvelle chanson, celle d'un amour plus sage, plus fort, et éternellement vivant. Quelle est donc cette douce mélodie ? La mélodie du cœur. Et elle n'en avait plus. La partition était enfin brûlée...

La mélodie du cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant