Chapitre 9

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Un soir, en quittant son lieu de travail à l'hôpital pour rentrer chez lui, Cheikh remarque un vieil homme, frêle mais doté d'une présence imposante, errant devant la maison. L'homme tient un morceau de papier chiffonné dans sa main, où est inscrite une adresse : celle de Cheikh. Curieux et légèrement méfiant, Cheikh s'approche et engage la conversation. L'homme, sans hésitation, lui demande où il peut trouver une femme nommée Aissatou Sylla. À ces mots, le cœur de Cheikh se serre, et des soupçons se forment dans son esprit. Sans rien révéler de ses pensées, il invite l'homme à monter dans sa voiture pour l'emmener jusqu'à Aissatou.

Arrivés à la maison, Cheikh appelle Aissatou, qui descend avec un mélange de surprise et de méfiance en découvrant l'homme à ses côtés. Dès qu'elle reconnaît le vieil homme, son visage change de couleur. Celui-ci, sans préambule, lui reproche de ne pas avoir réglé leurs comptes financiers après leur dernier rendez-vous au village. Aissatou tente de le faire taire, lui demandant de ne pas ébruiter leur relation devant Cheikh. Mais le marabout, furieux, refuse de se taire, et devant toute la maisonnée, il commence à dévoiler leur histoire.

Le marabout révèle que sa relation avec Aissatou ne date pas d'hier. Ils se connaissent depuis bien avant son mariage avec Cheikh, et elle lui a régulièrement rendu visite pour des services occultes : des gris-gris pour attirer l'amour, des potions pour éloigner les rivales, et même des charmes pour renforcer son influence sur Cheikh. En l'écoutant, Cheikh sent monter en lui une rage sourde. Les mots du marabout font écho aux soupçons qu'il avait déjà eus, mais les révélations le heurtent profondément.

Aissatou, prise au piège, tente de se défendre et d'accuser d'autres pour détourner l'attention. Elle affirme que c'est Nafissatou qui l'a introduite au marabout pour obtenir des « protections » et que ces pratiques sont courantes pour se préserver des rivalités dans un ménage polygame. Mais le marabout dément ses propos, assurant que c'est bien Aissatou qui l'a approché et sollicité pour elle-même.

Cheikh, bouleversé par ces révélations, prend une décision immédiate. Il regarde Aissatou avec des yeux remplis de déception et de colère. Pour la première fois, il se sent trahi non seulement en tant qu'époux, mais en tant qu'homme de principe. Dans un éclat de rage, il élève la voix et déclare fermement : « Aissatou, je ne peux plus tolérer ça. Quitte cette maison et retourne chez tes parents jusqu'à nouvel ordre. » La voix de Cheikh, d'ordinaire posée, tremble d'une colère qu'il ne cherche plus à contenir.

Aissatou, choquée et effondrée, tente de le raisonner, mais Cheikh est inflexible. Il annonce devant les membres de la famille rassemblés qu'elle doit partir et réfléchir à ses actes. Aissatou sent son monde s'écrouler autour d'elle, mais au fond de son cœur, elle jure de ne pas se laisser abattre et commence déjà à élaborer un plan pour se venger de ceux qu'elle considère comme les instigateurs de sa chute.

Alors que Cheikh, furieux, vient de prononcer l'ordre de départ d'Aissatou, sa mère sort de sa chambre, la mine préoccupée. Elle s'avance vers lui et pose calmement sa main sur son bras pour l'apaiser. « (Cheikh, tu es allé trop loin), » murmure-t-elle. Elle lui rappelle qu'Aissatou est bien plus qu'une simple épouse dans cette maison : c'est aussi sa cousine, un lien de sang qui lie leurs deux familles. Elle lui explique qu'en l'expulsant ainsi, il risque de briser non seulement son foyer, mais également la paix familiale qui existe depuis des générations.

La voix douce mais ferme de sa mère force Cheikh à réfléchir un instant. Bien que sa colère soit toujours présente, il écoute les conseils maternels.
« Maa ngi ci sa kanam, sa kanam laa am (je te demande de rester calme), » continue-t-elle. Elle lui fait comprendre que des problèmes surgissent dans toutes les familles, mais qu'ils doivent trouver une solution avec sagesse.

Pendant ce temps, depuis la fenêtre de sa chambre, Marième observe la scène avec un sourire discret. Elle tient dans ses bras bébé Fatou, et à ses côtés se tient Fatima, la petite sœur de Cheikh, qui déteste Aissatou et se sent bien plus proche de Marième. Fatima n'a jamais apprécié l'attitude d'Aissatou, la jugeant arrogante et manipulatrice. Depuis la naissance de bébé Fatou, elle est devenue une aide précieuse pour Marième, prenant soin du bébé comme si c'était le sien.

« Lu gëna xam de, moo ko gaawlooxal, » murmure Fatima à Marième, un brin de malice dans les yeux. Marième sait qu'Aissatou, malgré son mariage avec Cheikh, n'a jamais pu gagner le respect ou l'affection de certains membres de la famille. Elle se contente de hocher la tête et de sourire en silence, tout en caressant tendrement la tête de bébé Fatou. Elle sait que la situation d'Aissatou est délicate, mais elle ne compte pas l'aider, bien au contraire.

Après la discussion avec sa mère, Cheikh se retire dans son bureau pour réfléchir. Il sent un profond dilemme l'envahir : d'un côté, l'honneur et la tradition le poussent à protéger Aissatou, mais de l'autre, la trahison qu'il a ressentie continue de brûler en lui. Son esprit s'embrouille, et il ne peut s'empêcher de repenser aux mots du marabout.

Pour tenter de calmer ses pensées, il sort prendre l'air dans le jardin. En revenant vers la maison, il remarque Fatima qui joue avec bébé Fatou dans les bras de Marième. Le regard que Marième lui lance est plein de douceur et de soutien silencieux, ce qui apaise un instant la tension qui pèse sur lui.

Fatima, voyant son frère troublé, décide de lui parler franchement. Un soir, elle s'assoit près de lui et lui confie les ressentiments qu'elle a toujours eus envers Aissatou.
« Booy wax waaye de, dañuy fàtte (les gens oublient que j'observe tout), » lui dit-elle. Elle lui raconte comment elle a toujours vu Aissatou se comporter avec arrogance et mépris, surtout envers Marième. « Bu ñu ci nekk ba ci tënk moo gën (il est temps d'arrêter ça). »

Cheikh écoute sa sœur et prend conscience de la perception que d'autres ont également d'Aissatou. Ses yeux se posent sur Marième, qui s'occupe de bébé Fatou dans la pièce voisine, le visage paisible. Ce contraste entre les deux femmes semble de plus en plus flagrant, et Cheikh commence à remettre en question la place d'Aissatou dans sa vie.

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La suite dépend de vous. Vous l'aurez inshaallah après les 500 lectures. ❤️❤️❤️

Le Karma des Co-épouses Où les histoires vivent. Découvrez maintenant