Chapitre 6

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Chapitre 6 :

Je me réveille dans ma salle de bain, mon dos me fait mal et l'odeur de sang imprègne la petite salle exigüe. Je fronce le nez et me lève en grimaçant encore plus. Quelques marques de sang séchés sont toujours présentes sur mes mains et je m'empresse de les enlever. J'ai tellement honte, si Chanyeol savait quelle personne inhumaine je suis, il ne prendrait même pas la peine de regarder en arrière après m'avoir lancé un regard dégouté. Il me dénoncerait surement à la police. Enfin, c'est ce que je mérite. Il y a un mois je disais que j'avais envie d'aller en prison ; que ce n'est que ce que je méritais mais maintenant j'ai envie de vivre aux côtés de Chanyeol. Juste pour voir son sourire et illuminer ma journée. Seulement son sourire ne me suffit plus, j'ai besoin de lui. De tout. J'ai besoin de son sourire, autant que j'ai besoin de ses regards, autant que j'ai besoin de ses mains m'attrapant les bras. Je ne sais pas ce que je ressens exactement pour lui mais je ne dois pas m'égarer ou il pourrait être blessé. Je dois empêcher mon cœur de battre quand je suis à ses côtés et je dois m'empêcher de penser que peut-être un jour ses lèvres se poseront doucement sur les miennes. Je ne dois pas ressentir cela vis-à-vis de mon ange gardien. Rien que ses lèvres sur ma joue ont réveillé un fleuve de lave ardent à l'intérieur de mon cœur. Mon cœur qui ne ressentait que haine, que lui est-il arrivé ? Parfois je me surprends à penser que si seulement je ne l'avais pas rencontré, lui serais surement en train de sourire comme habituellement et je serai toujours là sur ma chaise à regarder les passants.

Je me mouille le visage après avoir remonté mes manches biens trop longues. Je prends un café et emmène une boite avec des nouilles pour le midi. Je descends les escaliers en hâte prenant bien soin d'éviter mon voisin. On dirait presque qu'il m'attend à chacune de mes sorties pour entrechoquer nos épaules, il doit prendre un malin plaisir à m'embêter. Je souffle, mon geste fait bouger ma frange que je m'empresse de remettre en place. Mes cheveux noirs bougent légèrement avec le vent, le soleil est revenu me donnant mal à la tête et m'obligeant à froncer les sourcils pour voir correctement sans être éblouie. J'imagine une scène où je serai spectateur, je me regarderais marcher dans la rue de manière détachée et me moquerais de moi-même en voyant ma mine blafarde et mon corps squelettique, en appelant mes amis pour qu'ils viennent voir cet odieux personnage de leurs propres yeux. N'est-ce pas ce que les gens font habituellement ? Je donne un coup de pied dans un caillou pour imiter la populace. Pour ne pas me faire remarquer, pour ne pas être différent d'eux.

Le magasin est déjà ouvert et les gérantes m'accueillent un sourire réconfortant collé à leurs visages de poupées. Leurs sourires ne me réchauffent pas de l'intérieur comme Chanyeol le fait, son sourire à lui est si particulier.

- BaekHyun pour aujourd'hui tu vas ranger les cartons derrières. Et les vêtements comme hier.

J'hoche la tête sans ouvrir la bouche, elle me fait un petit sourire en coin en m'emmène vers l'immense pile de cartons. J'ouvre la bouche de surprise, je ne sais pas si je vais réussir à ranger ça rapidement. Mes bras et mon dos me font déjà mal à cause de la veille.

Je soupire, ça fait trois heures que je plis des cartons et que j'en sors des vêtements pour aller les ranger. Les courbatures de la veille se font ressentir de plus en plus et mes mains sont coupées à quelques endroits par les cartons. J'essuie une seconde la sueur qui recouvre mon front, remonte mes manches et reprends le travail. Les cartons pliés s'empilent bien plus vite que je ne le pensais et je finis une heure plus tard. Je m'assois dans l'entrepôt et mange mon repas. Il n'y a aucun bruit autour de moi ce qui me rappelle vaguement les nuits que je passais seul chez moi lorsque mon oncle sortait dans les bars. Je me réfugiais dans les couvertures de son lit pour sentir sa présence et m'endormais presque terrifié du silence. Je laisse souvent la fenêtre de mon appartement ouverte pour entendre les bruits des voitures au dehors et ne pas me sentir seul, même si je le suis depuis toujours. J'ai une peur affreuse du silence complet. J'aime parfois cela mais quand je n'arrive pas à distinguer si le monde autour de moi est toujours vivant, je panique. J'ai peur de me retrouver seul sur terre, d'être le dernier. C'est une peur imbécile étant donné que c'est impossible mais je n'y peux rien. Je suis un monstre égoïste et peureux, sans dignité.

Sans identitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant