Chapitre 11

661 67 47
                                    

Chapitre 11 :

J'enfile mon costume alors que Chanyeol n'est pas encore rentré de l'école, son année se termine dans peu de temps et il doit réussir ses derniers examens alors il passe son temps dans la bibliothèque de son école. Je passe dans la petite salle d'eau et attrape ma brosse à cheveux que je passe délicatement dans ma crinière noire. Je fredonne la chanson que Chanyeol chantait hier soir accoudé à sa guitare. Un petit rituel, chanter est devenu presque une habitude pour moi à présent. J'aime ça mais ce que j'aime le plus c'est la voix chaude de Chanyeol tandis que ses doigts frottent les cordes de son instrument. Lorsqu'il commence à chantonner une chanson j'arrête tous mes gestes et m'installe à ses côtés me balançant de droite à gauche.

Je passe devant le miroir mais ne me regarde pas, je n'aime toujours pas voir mon visage dans une glace bien que Chanyeol ne cesse de me dire que je suis beau. Le sang sur mes mains ne s'enlèvera pas quoi que je fasse et mes cauchemars pourraient réapparaitre d'un moment à l'autre. Je pose une main sur le mur pour mettre mes chaussures de cuirs, j'attrape mon téléphone portable - que Chanyeol a absolument voulu m'acheter en cas de problème - pour vérifier si je n'ai aucun message de sa part. Le plafond est toujours bleu mais quelques nuages blancs ou gris paraissent suspendus attendant de se déverser sur l'appartement. Ce dernier est toujours petit et la grande baie vitrée de la chambre a disparu pour laisser place à un velux qui laisse le bruit de la pluie m'apaiser. Le salon n'a pas vraiment changé sauf une chaise rajoutée devant une fenêtre lumineuse. La guitare à côté du canapé et la table en verre où repose quelques partitions sont devenues mon refuge. Le ronron du frigo rempli et de la télé allumée font parties de mon quotidien. Je passe une main dans mes cheveux et regarde les rideaux blancs se balancer avec le vent avant de fermer la fenêtre. Je jette un œil à la pendule ancienne à laquelle Chanyeol tient tant, laisse mes yeux glisser le long de la minuscule cheminée puis tombe sur la seule photo de nous. Je m'approche pour prendre le cadre dans mes mains frêles et passe mon pouce sur le visage souriant de Chanyeol. Mes doigts sont encore si fins que je ne peux pas mettre la bague que Chanyeol m'a achetée, la laissant pendre autour de mon cou. Je lève ma montre pour vérifier que c'est bien l'heure de partir, attrape le trousseau de clés et ferme la porte derrière moi.

Dehors le vent chaud m'accueille et fait voler mes cheveux trop longs, je les remets en place d'un simple geste et me dirige vers la boutique. Le tintement si familier de la clochette au-dessus de la porte retentis me faisant sourire. J'aime tellement les habitudes, la vie monotone où il n'arrive rien d'intéressant, les cafés chaque matin, les câlins le soir et les tintements de clochettes à l'entrée du magasin. Les sourires de Chanyeol, ses cheveux gris où j'emmêle mes doigts et ses bisous sur le nez. Toutes ses choses qui n'existaient pas avant et qui rendent ma vie plus belle. Le vendeur m'accueille et me propose un nouveau livre que Chanyeol devrait adorer. Je me laisse tenter et caresse la couverture fine avec le bout de mes doigts, la reliure dorée s'effrite à peine et les pages jaunies plairont à Chanyeol, l'odeur particulière du vieux livre me rappelle celle de ses vêtements. Un sourire minuscule fend mes lèvres et je passe à la caisse.

- Je te l'offre mon petit. Ce livre est particulier et je sais que vous en prendrez soin. Je tenais à vous le donner, je pars à la retraite la semaine prochaine alors il faut que ce livre soit entre de bonne main. Gardez le bien précieusement.

Le vieillard me tant sa main tremblante et je la serre doucement en me courbant pour le remercier. Ce vieux personnage est une habitude à ma vie et voir qu'il s'en va me donne les larmes aux yeux. Je tente de les retenir le plus longtemps possible, ce libraire chez qui je passe chaque semaine pour acheter un nouveau livre à Chanyeol est un peu comme quelqu'un de ma famille à présent. Un vieil homme aux cheveux gris et aux mains tremblantes qui ne cessent de me raconter sa vie passionnante. Sa librairie n'a pas beaucoup de client alors je reste là, à l'écouter pendant des heures, lorsqu'il me raconte sa jeunesse, ses problèmes et la guerre. Il me prend une dernière fois dans ses bras et je m'en vais sans jeter un dernier regard à sa boutique.

Sans identitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant