Le jour où Britannicus devait recevoir la toga virilis fut chargé d'émotions et de symboles. Ce rituel, ancré dans les traditions les plus anciennes de Rome, n'était pas seulement le passage à l'âge adulte d'un jeune homme : c'était une affirmation de son rôle, de sa place dans l'Empire. Pour Britannicus, fils de l'empereur Claude et frère cadet de l'empereur Lucius, cette journée prenait une signification encore plus profonde. Il ne s'agissait pas simplement d'enfiler une nouvelle toge ; c'était une déclaration d'existence dans un Empire où chaque geste, chaque regard, chaque mot devenait un acte politique.
Dès l'aube, le palais s'animait dans une effervescence contenue. Les serviteurs, attentifs à chaque détail, ornaient les colonnes de la grande cour de guirlandes de lauriers et de fleurs. Des tentures de pourpre et d'or, symboles de puissance, drapaient les murs de la salle où se tiendrait la cérémonie. Des statues d'ancêtres, figées dans leur majesté silencieuse, semblaient veiller sur ce moment solennel, rappelant l'histoire que Britannicus allait aujourd'hui incarner.
Mon frère, vêtu de la toga praetexta, se tenait au centre de la pièce, entouré de quelques proches. Selon la tradition, il devait d'abord se défaire de cette toge d'enfant avant de recevoir la toga virilis. Face à lui, droit et silencieux, se tenait Airn, son esclave fidèle, qui l'aidait à se dévêtir. Britannicus, concentré, paraissait étrangement adulte en cet instant, sa posture grave, comme s'il comprenait l'importance de chaque mouvement, de chaque souffle. Il se détacha lentement de la toge d'enfance, comme on se libère d'un passé pour s'ouvrir à un destin plus vaste.
Une fois dévêtu de la toga praetexta, Britannicus s'avança vers le lararium, l'autel familial, où brûlaient les flammes des ancêtres. Là, il offrit un sacrifice, suivant les rites sacrés. Les grains d'encens crépitaient dans le feu, leur fumée s'élevant comme un appel silencieux aux dieux et à nos aïeux. Le prêtre, récitant des bénédictions, accomplissait les gestes millénaires d'un rite qui liait Britannicus à son héritage et à son devoir envers Rome.
La grande salle du palais s'était remplie de dignitaires, sénateurs et nobles, réunis pour assister à cette cérémonie solennelle. Les murs drapés de rouge et de pourpre, illuminés par les torches, projetaient une lumière chaude sur les visages attentifs. Britannicus, en simple tunique blanche, se tenait au centre, regard droit, presque fier, mais trahissant par instants une légère nervosité. Son visage portait encore les traits de la jeunesse, mais il se tenait là, prêt à devenir un homme aux yeux de Rome.
Le grand prêtre entra, drapé d'une toge immaculée brodée de fils d'or, tenant la toga virilis entre ses mains. Un silence absolu s'installa, comme si l'Empire lui-même retenait son souffle. Les regards convergeaient vers Britannicus. Le prêtre, levant les bras, proclama d'une voix profonde :
— Aujourd'hui, nous accueillons Britannicus, fils du défunt empereur Claude, dans le cercle des hommes. Que cette toge soit le symbole de sa sagesse, de sa force et de son engagement envers Rome.
Puis, tendant la toge à Britannicus, il ajouta :
— Que cette étoffe sacrée te protège et te guide. En ce jour, tu n'es plus un enfant ; tu deviens un citoyen à part entière, avec tous les droits et les devoirs que cela implique.
Britannicus, le visage tendu mais déterminé, saisit la toge d'un geste lent, presque hésitant, comme s'il sentait le poids de sa symbolique. Airn l'aida à enrouler le tissu autour de ses épaules, un geste chargé de gravité. Je m'approchai alors de lui, posant une main fraternelle sur son épaule.
— Te sens-tu prêt, petit frère ? murmurai-je, dissimulant un sourire derrière un regard bienveillant.
— C'est... étrange, Lucius, répondit-il avec un sourire timide.
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L'héritier Domitius
Ficción históricaQui dit vrai ? Qui ment ? Choisissez votre camp... Lucius Domitius Ahenobarbus dit Néron, fils d'Agrippine la Jeune et de Gnaeus Domitius Ahenobarbus... L'histoire l'a décrit comme un personnage sanguinaire, assoiffé d'atrocités et d'horreurs. Certa...