L'héritier Domitius

Chapitre 2: Prendre les rênes de l'empire

Une semaine s'était écoulée depuis la mort de l'empereur Claude, et Rome était en émoi. Les rumeurs et les murmures se répandaient comme une traînée de poudre. Les citoyens, habitués aux changements brusques de pouvoir, semblaient cette fois plus inquiets. Une ombre planait sur la Ville Éternelle, une ombre de suspicion et de peur.

Britannicus, le fils légitime de Claude, vivait reclus dans ses appartements depuis la nouvelle de la mort de son père. Les jours avaient passé, et son visage portait les marques de nuits sans sommeil et de larmes retenues. Il ne parlait presque plus; à peine un mot échappait de ses lèvres. On voyait en lui l'ombre d'un garçon autrefois joyeux, enveloppé par une tristesse qu'il peinait à dissimuler.

Agrippine, en revanche, avait pris les rênes du pouvoir avec une assurance froide. Elle avait ordonné des audiences avec les sénateurs, convoqué des généraux, et multiplié les apparitions publiques pour afficher son contrôle. Ses actions avaient été méticuleusement calculées pour consolider son influence et préparer l'ascension de Lucius au trône. Son ambition ne connaissait pas de limites, et elle était prête à tout pour garantir que son fils, Néron, devienne l'empereur incontesté de Rome.

Dans les appartements d'Agrippine

Je pénétrai dans les appartements privés de ma mère, le cœur lourd face à la confrontation à venir. Agrippine était assise à sa coiffeuse, scrutant son reflet dans le miroir avec une concentration intense, comme si elle cherchait à y déceler des signes de faiblesse qu'elle pourrait éradiquer. Dès qu'elle aperçut mon reflet derrière elle, elle se redressa, laissant tomber le peigne qu'elle tenait.

— Lucius, mon fils, commença-t-elle d'une voix douce mais ferme. Tu ne pouvais pas mieux tomber. Nous devons agir rapidement pour assurer ta position.

Je soupirai, essayant de maîtriser la colère qui montait en moi. Depuis la mort de Claude, je n'avais cessé d'être poussé dans une direction que je ne voulais pas prendre. Mon amour des arts et de la musique, mon désir d'une vie calme et studieuse, tout cela semblait s'effacer sous le poids des ambitions de ma mère.

— Mère, je n'ai jamais voulu de cela, répondis-je d'un ton aussi calme que possible. Ce n'est pas mon choix. Vous savez bien que je ne suis pas fait pour la politique ni pour le pouvoir. Je veux seulement vivre en paix.

Agrippine se retourna brusquement, ses yeux étincelants de colère. Elle s'avança vers moi, ses traits durs se contractant sous l'émotion.

— En paix ? répliqua-t-elle, sa voix s'élevant légèrement. Tu es un Julio-Claudien, Lucius ! La paix n'est pas une option pour nous. Nous avons une destinée à accomplir. Tu as été choisi pour régner, pour diriger. C'est ton devoir, ton droit de naissance !

— Un droit que je n'ai jamais réclamé, insistai-je, sentant ma propre colère monter en écho à la sienne. Pourquoi devrais-je sacrifier mes rêves et mes désirs pour des ambitions qui ne sont pas miennes ?

Agrippine posa ses mains sur mes épaules, son regard se faisant plus intense, presque suppliant.

— Parce que tu n'as pas le choix, Lucius. Rome est un nid de vipères. Si tu ne prends pas ta place maintenant, d'autres le feront. Britannicus n'est pas prêt; il est encore trop jeune, trop fragile. C'est à toi de protéger notre famille, de protéger Rome de ses ennemis intérieurs et extérieurs.

Je détournai le regard, ne pouvant supporter le poids de ses mots et le fardeau qu'elle cherchait à m'imposer. Agrippine, voyant mon hésitation, changea d'approche, sa voix se radoucissant.

— Lucius, je ne fais pas cela pour moi, mais pour toi, pour ton avenir. Claude est mort parce qu'il était faible. Il n'a pas su voir les dangers qui l'entouraient. Je ne veux pas que tu connaisses le même sort.