Je t'imagine au milieu de l'appart.
Est-ce que tu fumes au lit, maintenant ?
J'ai épuisé tous mes mots sur la crasse de ta peau.
Pourtant je peux pas te chasser de mes draps. Y'a ce restant de corps qui s'accroche à moi, qui prend racine au fond de moi.
Ça fait des années que je t'écris, que je te fracasse des bouteilles sur le crâne. Y'a des milliers de tessons fleuris sur ma peau, et tout ce bordel forme un joli bouquet d'ecchymoses. Je viendrai jeter des corps violacés sur ta tombe, parce qu'apparemment tu en gerbes des chansons.
Tu m'as envoyé la setlist l'autre jour. Tes mots se perdent dans le fond de mon verre, courent leur perte sur la mort d'un vinyle.
Dis, dans combien de chansons tu murmures mon nom ? Dans combien de titres tu me décalques, tantôt traînée, tantôt aimée ? À combien de personnes tu vas livrer mon corps ? Combien d'accords pour dessiner mon rire ? Combien de blanches pour acheter mon silence ?
Tu trouves pas ça marrant, qu'il y ait pas un seul de mes mots, sur la pochette ? Je me devine entre deux conneries, dans un océan d'ecchymoses.
Je te ferai bien bouffer ton disque. Face A, mes rires séchés sur le coin de ta lèvre. Face B, mes mots fanés, éclatés sur la surface du micro. Phase finale, ton souvenir disloqué sur une pierre tombale.
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Bruises
Historia CortaEcchymoses. Ou le nom que j'ai donné à tes coups de blues. 04/11/24 (Le jour où j'ai enterré Cure)