Partie 2 : Au-delà de l'amitié

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« Tu fais quoi ? »

Avec un intérêt simulé, Nobara surgit subrepticement derrière un Megumi concentré et plongé dans sa lecture.

Depuis le départ de Yuji, et l'absence de missions données aux apprentis exorcistes, Nobara mourrait d'ennui, et bouillonnait d'impatience. Cela n'affectait en rien la longanimité et la quiétude de Megumi, qui profitait de ce temps de répit pour potasser ses cours, comme il en avait l'habitude.

« Je révise, ça ne se voit pas ? », lui répondit tranquillement le beau brun ténébreux, sans sourciller et sans se soustraire de son manuel.

Nobara resta prostrée au-dessus de son épaule un moment ; il pouvait la sentir pressée contre lui, mais cela ne le dérangeait pas, bien au contraire. La recherche de déstabilisation de la rouquine n'eut pas l'effet escompté, le jeune homme demeurant imperturbable.

Restant toute proche, elle souffla : « Pfffou je m'ennuie », puis elle se releva.

Megumi ne prit pas la peine de répondre à son énième sollicitation vaine. Il lui avait même proposé de réviser, lorsque la jeune exorciste avait prétendu avoir fait le tour de la question, et prétextant qu'à l'extérieur, le ciel et le soleil s'étaient accordés en sa faveur. Tout cela la grisa.

Elle poursuivit, implorante : « Allez Megumi, il fait si beau dehors, c'est trop dommage de ne pas en profiter. »

« Il fait beau parce que c'est le printemps. Demain il fera encore beau. Et puis, on s'est déjà entraîné au combat hier », résista-t-il, ne changeant pas de ton.

Elle fit la moue. Puis, assoiffée de lumière et avide de plein air, elle prit une profonde respiration avant de répliquer : « Bon, ok, je sors me balader. Seule. »

« Mmh mmh », vrombit-il en guise de réponse.

___

C'est au bout de plusieurs heures que la jeune exorciste revint à leur appartement. Megumi entendit un claquement de porte, signe du retour de sa colocataire. Après quelques minutes, son attention fut attirée par le silence environnant. Cela ne ressemblait pas à la trépidante et indiscrète camarade de chambre qu'il côtoyait depuis plusieurs mois maintenant. Il cogita un court instant puis jugea rapidement que cela était anormal. Il la connaissait si bien désormais. Ainsi, il leva le nez de ses bouquins, et se dirigea sans hésiter vers sa chambre. Au demeurant, il en éprouvait une curieuse sensation, car en l'espace de quelques jours, il y entra à deux reprises, à l'instar de la fois où il l'avait déposée dans son lit. C'était rare, et d'ailleurs il ne le remarqua qu'à cet instant. Il fit fi de ses pensées et toqua à la porte qu'elle avait – volontairement fallait-il croire – laissée entrouverte.

Il l'observa assise, immobile, face à son bureau, puis il brisa le silence : « Je peux entrer ? »

Sans se tourner dans sa direction, elle lui fit un bref signe de la main, qu'il prit pour un « oui ».

Il s'assit alors sur le bord du lit, tout proche d'elle. Il sourit légèrement et comprit vite qu'elle avait besoin de vider son sac. En effet, il sentait qu'elle n'allait bizarrement pas bien, sans savoir pourquoi, mais surtout il savait que cela ne ressemblait pas à la pétillante fille, parfois casse-pied, mais toujours dynamique et positive.

Il la questionna alors : « Qu'est-ce qui t'arrive ? Je te sens démoralisée. Il faisait pas assez beau dehors c'est ça ? », ajouta-t-il sur un ton qu'il voulait ironique pour la taquiner et apporter une touche d'humour. Mentalement, il se ravisa très rapidement, qualifiant cela de maladroit et malvenu.

Dans un murmure, Nobara répondit dans un ton si dépité, que cela alarma Megumi : « Si seulement... »

D'instinct, il la tourna face à lui, puis tout en l'examinant, il la fit s'asseoir près de lui. Elle enfouit sa tête contre lui, les émotions et les sanglots commençant à se faire sentir. Il l'enceignit de ses bras, ce qui activa la montée de ses larmes.

À la dérobéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant