Le Nemeton

9 0 0
                                    

Le froid mordant s'infiltre dans ma peau, comme des aiguilles glacées. J'ouvre les yeux, éblouie par la lueur de la lune filtrant à travers les branches. Une odeur de terre humide et de bois ancien flotte dans l'air. Je suis couchée sur quelque chose de rugueux, irrégulier, et l'étrange texture de l'écorce sous mes doigts me ramène brusquement à la réalité.

Un silence oppressant règne autour de moi, à peine troublé par quelques bruissements furtifs dans l'obscurité. Chaque son résonne dans l'air glacial comme un écho d'un autre monde.

Je me redresse d'un bond, le cœur battant, le souffle saccadé. Où suis-je ? Mon regard parcourt l'endroit autour de moi et je réalise avec stupeur que je suis au milieu de la forêt, allongée sur un énorme tronc couvert de mousse – une souche morte, creuse et silencieuse. Le Nemeton.

— Comment... comment ai-je atteri ici ?

Une panique sourde monte en moi, des larmes se forment dans mes yeux et mes mains tremblent alors que je cherche instinctivement mon téléphone dans ma poche. Mes doigts sont glacés, maladroits. Il me faut quelques secondes pour composer le numéro de Deaton. Le téléphone collé à mon oreille, je murmure d'une voix brisée :

— Deaton... aide-moi, s'il te plaît... Je ne sais pas où je suis.

Les mots s'échappent en un souffle, comme si parler était devenu soudainement difficile. Tout est si... étrange.

— Erine ! Que se passe-t-il ? Calme-toi et dis-moi ce qu'il se passe ?

— Je l'ignore... Je... Je crois que je ne suis pas seule ici... Deaton... murmuré-je, la voix brisée.

— Erine ! Erine !

Dans un autre coin de la ville, Deaton repose le téléphone, le cœur battant, un sombre pressentiment se glissant en lui. Erine n'aurait jamais raccroché sans raison. Sans attendre davantage, il attrape ses clés de voiture et sort en toute hâte de la clinique, ses pensées envahies par les pires scénarios.

« Elle est en danger... Je le sens. »

Le vent continue de s'infiltrer dans ma chair, l'oppression m'écrase, me coupant presque le souffle. Autour de moi, les arbres semblent se mouvoir, se resserrer, comme s'ils cherchaient à m'enfermer...

Mon corps tout entier me fait souffrir, pourtant, tant bien que mal, je réussis à me relever. Je scrute les alentours dans cette obscurité dont seuls les reflets de la lune m'éclairent. Mais ce n'est pas suffisant, je n'y vois rien, alors, j'allume la torche de mon téléphone et d'une main tremblante, le balade de droite à gauche pour voir ce qu'il se passe.

Soudain, un craquement de branche se fait entendre derrière moi. Je sursaute et jette aussitôt ma lumière dans cette direction.

Mes jambes flageolent et mon souffle se fait court. Mon cœur tambourine dans ma poitrine tandis que j'essaie d'éclairer le moindre recoin sombre autour de moi.

— Qui est-là ? Qu'est-ce que vous me voulez ?

Évidemment, je n'obtiens aucune réponse. Tout ce que j'entends, ce sont mes sanglots que j'étouffe alors que mes dents claquent sous le froid de cette nuit glaciale. Je continue de scruter les alentours, et là, je la vois, cette brume épaisse, opaque, s'approcher dangereusement de moi. Terrifiée, je suis incapable de bouger. Je reste clouée sur place, mon portable à la main, avec ma main qui tremble fortement. Des larmes coulent le long de mon visage, et là, je vois une ombre. J'ignore ce que c'est mais la peur grandit intensément.

— Qui êtes-vous ?! hurlé-je afin d'effrayer cette... chose. Mais elle n'en a que faire.

Alors, impuissante, je continue de l'observer tandis qu'elle continue de s'avancer. J'ai de plus en plus de mal à respirer. Ma poitrine me fait un mal de chien et je n'arrive plus à retenir mes sanglots qui sont beaucoup plus forts, plus vifs.

Pourtant, une partie de moi me pousse à vouloir me protéger. Je ferme les yeux et serre fermement le téléphone entre ma main, attendant que cette chose vienne m'attraper. Il se passe plusieurs secondes avant que le froid m'enveloppe complètement.

— Ouvre les yeux ! entendis-je subitement dans un cri lointain mais vraiment terrifiant. Comme s'il provenait d'outre tombe.

Je n'ose pas ouvrir les yeux de peur de tomber sur quelque chose que je ne comprendrais pas. Quelque chose de bien plus grand et de plus féroce que moi. Mais cette chose finit par se rapprocher, je peux le sentir sur mon visage. La chaleur qu'elle émane me brûle la peau. Vaincue, je finis par ouvrir les paupières. Cette chose... Ce reflet... c'est moi, et pourtant... une obscurité viscérale émane d'elle, enveloppant son corps comme des voiles d'ombre en perpétuel mouvement. Ses yeux sont des abîmes insondables, un gouffre noir dans lequel je sens mon esprit vaciller.

Brusquement, des corbeaux surgissent de nulle part, virevoltant au-dessus de ma tête. Ils me tournent autour, comme s'ils avaient un message à porter. Comme s'ils attendaient quelque chose. Soudain, d'un geste brusque, mon reflet attrape mon visage, ses doigts glacés comme la mort. Son sourire me glace le sang, me pétrifiant sur place. La douleur, vive et brûlante, s'insinue en moi lorsqu'elle murmure :

— Je récupérerai ce qui m'appartient, susurre-t-elle, son sourire glacial m'atteignant en plein cœur.

Elle se met à rigoler et là, elle se relève, puis disparaît dans une brume noire qui me transperce littéralement la poitrine. Un cri de douleur résonne dans toute la forêt, tandis qu'un second cri, lointain, retentit, faisant écho au mien.

Les mots de cette chose résonnent encore en moi, se répercutant comme un écho : Je récupérerai ce qui m'appartient... La phrase se répète, se tord dans mon esprit, laissant une empreinte glacée. Même lorsqu'elle a disparu en une brume noire transperçant ma poitrine, ça reste, sinistre et oppressant.

Mon cœur me fait atrocement souffrir. La douleur envahit ma poitrine, me paralysant. Un froid mordant se propage dans mes veines, comme si la glace envahissait mon cœur, effaçant toute chaleur, toute trace de vie. Mon corps se crispe, les cris cessent. Mon corps s'effondre lourdement sur la souche, ma tête cognant contre l'écorce. Je suffoque. La douleur devient insoutenable, un froid dévorant qui gèle mon cœur. J'ai de plus en plus froid. Dans un dernier effort, j'attrape mon téléphone, j'appuie sur le bouton d'appel. Mon souffle devient un murmure, une brise fragile qui s'évanouit dans l'air glacé. Mes pensées s'étiolent, comme emportées par la brume, tandis que l'obscurité me recouvre, un voile épais et sans fin... Puis arrive le néant...

Teen wolf : L'éveil de la MorríganOù les histoires vivent. Découvrez maintenant