Contradiction

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Une heure après le match, nous nous retrouvons tous dans la salle des fêtes pour célébrer la victoire. Entre-temps, j'ai envoyé un message à Deaton pour le prévenir de mon retour tardif, histoire qu'il ne s'inquiète pas. La soirée d'hier a déjà suffi.

Alors que je pénètre dans la salle, Lydia disparaît aussitôt dans la foule, me laissant seule au milieu des élèves qui chahutent et crient leur enthousiasme. Je reste plantée là, perdue dans cette ambiance où l'alcool coule à flots, tous fêtant la victoire comme si le monde extérieur n'existait plus.

Après quelques minutes, une silhouette familière se fraie un chemin jusqu'à moi.

— Erine ! m'interpelle Stiles, brandissant deux verres. Tiens, prends-en un, ça détend.

— Non, ça ira, merci, dis-je en tentant un sourire.

— Allez, sois pas timide ! insiste-t-il en me tendant un des verres.

— Stiles, dis-je, un peu plus fermement, je ne bois pas d'alcool. S'il te plaît...

— Laisse-la tranquille, Stiles, intervient soudain Scott, apparaissant derrière lui.

Stiles ricane, lançant un regard espiègle à Scott avant de s'éclipser, visiblement déjà un peu éméché.

— Désolé pour ça. D'habitude, il sait se contrôler, dit Scott avec un sourire désolé.

— Quoi ? lui dis-je en haussant la voix pour couvrir le bruit de la fête.

Scott se rapproche, mais, sans le vouloir, je recule d'un pas, comme la veille près de son casier. Son visage se fige un instant, surpris, tandis que ses sourcils se froncent.

— Je... j'ai besoin de prendre l'air, dis-je d'une voix précipitée.

Sans attendre sa réponse, je me détourne et quitte la salle presque en courant. Trop de bruit, trop de monde... Mon cœur tambourine dans ma poitrine alors que je me dirige vers l'extérieur pour trouver un peu de calme.

Assise sur les marches de l'amphithéâtre, je tente de reprendre mon souffle, appréciant la fraîcheur de la nuit qui apaise enfin mes nerfs. Quelques instants plus tard, Scott me rejoint. Il me tend un verre avec un sourire tranquille.

— Pas de panique, c'est juste du jus de fruits.

Je prends le verre maladroitement, esquissant un sourire.

— Merci, dis-je en lui jetant un regard reconnaissant.

— Tu sais, pour Harris, il ne faut pas trop t'en faire. C'est un vrai con, rigole-t-il.

Son rire m'arrache un sourire et une tension dont je ne m'étais même pas rendu compte, retombe légèrement.

— Merci... dis-je, touchée par sa simplicité.

Il marque une pause, son regard s'assombrit un peu.

— Ça va ? Tu tiens le coup... pour tes parents, je veux dire.

Je détourne les yeux, sentant la familiarité de la douleur qui me serre la poitrine. C'est encore trop vif, trop fragile. Je murmure :

— Je... c'est difficile, Scott. Je ne suis pas prête à en parler. Pas encore...

Il hoche la tête et son regard se pose sur moi, aussi sérieux que compatissant.

— Je comprends, répond-il simplement, avec une douceur qui me prend par surprise.

Un instant, nous restons silencieux, perdus dans nos pensées. Je lève les yeux vers le ciel et, à ce moment précis, une étoile filante trace une traînée dans la nuit. Un vœu, tout bête, me traverse l'esprit. Scott observe le même phénomène, puis il parle d'un ton plus grave.

— Moi aussi, j'ai perdu quelqu'un, murmure-t-il, et je sens dans sa voix une profondeur que je n'avais pas perçue avant.

Je me tourne vers lui, intriguée.

— Alison... elle s'appelait Alison, dit-il en me fixant, et je ne peux m'empêcher de frissonner en voyant la lueur de tristesse dans ses yeux.

— Je suis désolée, dis-je doucement.

— Ne le sois pas. Aujourd'hui, ça va mieux. Ce n'est plus aussi douloureux.

J'hésite avant de poser la question qui me brûle les lèvres.

— Comment as-tu fait... pour ne plus ressentir la douleur ?

Il prend un moment pour réfléchir, puis hausse les épaules.

— Je suppose que le temps m'a aidé. Ce sera pareil pour toi, j'en suis sûr.

— Je ne sais pas... j'ai parfois l'impression que quelque chose de pire m'attend, lâché-je, sans réaliser la portée de mes mots.

Il fronce les sourcils, une inquiétude sincère traversant son visage. Ses yeux cherchent les miens et je sens qu'il essaie de lire en moi, de percer les murs que j'ai érigés. Soudain, des corbeaux surgissent dans la nuit, tournoyant au-dessus de nous et mon cœur s'emballe. Je serre involontairement le bras de Scott, mes doigts crispés, incapables de chasser la sensation oppressante de la veille.

Scott pose doucement sa main sur la mienne, son visage trahissant une émotion que je peine à identifier.

— Erine, ta main est gelée. Tu es sûre que tout va bien ? me demande-t-il, sa voix emplie d'une chaleur protectrice.

Je tente de reprendre mes esprits, mes doigts se desserrant lentement, mais mon souffle reste saccadé. La sonnerie de mon téléphone rompt la tension lorsque je découvre un message de Deaton :

« Erine, il se fait tard. Retrouve-moi au point de rendez-vous. Je t'attends. »

Je range mon téléphone et me redresse pour partir.

— Je dois y aller, mon oncle m'attend.

Scott me suit des yeux, visiblement soucieux.

— Tu es sûre que tout va bien ? Tu semblais... complètement effrayée.

Je me fige, ma voix se durcissant malgré moi.

— Scott, arrête. Ne fais pas ça.

— Ne fais pas quoi ? demande-t-il, visiblement surpris par ma répartie.

— Agir comme si tu te souciais de moi, répliqué-je, le cœur battant. Depuis qu'on s'est rencontrés, je vois bien que quelque chose chez moi te dérange. Alors, s'il te plaît... n'essaie pas de m'aider.

Ses yeux se voilent un instant, une hésitation que je n'avais pas vue chez lui jusque-là. Mais avant qu'il puisse répondre, je me détourne et pars à grandes enjambées, laissant derrière moi ses questions et ses regards.

Teen wolf : L'éveil de la MorríganOù les histoires vivent. Découvrez maintenant