-Octobre 2015-
La voiture est immobile depuis quelques minutes déjà, garée un peu à l'écart du lycée. Deaton me lance un regard calme, presque impénétrable.
— Tu es prête ? me demande-t-il, brisant le silence lourd qui emplit l'habitacle.
Je baisse les yeux vers mon sac, l'attrapant par réflexe. « Prête ? Comment pourrais-je l'être ? » Je m'efforce de retenir un soupir, mais mes doigts tremblent légèrement.
— Je suppose, oui, dis-je en serrant la lanière de mon sac pour éviter que mes mains ne trahissent mon hésitation.
Deaton me fixe, ses yeux scrutant chaque détail de mon visage, comme s'il pouvait voir au-delà des apparences, jusque dans mes pensées. Parfois, son regard est presque... inquiétant. Pourtant, d'une façon étrange, sa présence m'apaise. Il est tout ce qui me reste de mes... d'eux.
— Erine, reprend-il, plus doucement cette fois, je sais que c'est difficile, mais je suis là, d'accord ? Et si jamais... enfin, tu sais que tu peux venir me voir, pour n'importe quoi.
Je hoche la tête, incapable de répondre. Les mots semblent pris dans ma gorge, bloqués par un mélange de tristesse et de résignation. Il pose une main sur mon épaule, une main ferme, chaleureuse.
— N'oublie pas ce que je t'ai dit. Personne ne doit connaître notre lien. Personne ne doit savoir...
— Je sais, le coupé-je brusquement. Personne ne doit savoir que je suis ta nièce, même si je ne comprends toujours pas pourquoi.
— Je te l'ai dit, ici les choses sont...
— Différentes... Ça aussi, je sais. Comment pourrais-je oublier ? Tu n'arrêtes pas de me le répéter depuis que tu es venu me récupérer. Mais c'est bon, ton secret est bien gardé. Tu n'as pas à t'inquiéter pour ça.
— Bien. Sois prudente. On se voit ce soir à la maison, dit-il simplement avant de me saluer, puis de partir.
C'est toujours comme ça avec mon oncle. Il ne m'arrête jamais devant le lycée, toujours un peu plus loin, à l'abri des autres. Il ne s'éternise pas. Il ne dit quasiment rien, ou alors, il me parle en sorte d'énigme que je n'arrive pas encore à déchiffrer. C'est étrange, mais j'ai cette sensation bizarre. Comme s'il me cachait quelque chose. C'est probablement le cas, mais comment pourrais-je le savoir lorsqu'il continue de se terrer dans ses silences et ses énigmes.
Je regarde sa silhouette s'éloigner. Voilà, je suis seule, vraiment seule. Il ne reste que moi et ce lycée qui m'attend.
Je poursuis mon chemin, marchant le long de cette route boueuse pour regagner le bahut. Mes pensées me ramenant toujours à cette même nuit. Ça fait deux mois. Seulement deux mois se sont écoulés depuis le jour où tout a basculé. Et pourtant, alors que je me tiens désormais devant le célèbre Beacon Hills High School, j'ai l'impression que des années me séparent de la fille insouciante que j'étais autrefois.
Je serre les bretelles de mon sac, cherchant à puiser un peu de courage dans ce simple geste. À mes côtés, la vie continue, les élèves rient, s'appellent, se retrouvent. Tout semble... normal. Mais moi... moi, je me sens étrangement invisible, comme si le monde m'avait mise entre parenthèses.
« Allez, Erine, murmurai-je pour moi-même. Un pied devant l'autre. »
Devant les grilles de Beacon Hills High School, je reste hésitante. Le bâtiment semble m'observer, silencieux et indifférent, comme si ma présence était une intrusion. Est-ce normal de ressentir cela ? Aujourd'hui, tout ce dont je suis sûre, c'est que pour moi, rien ne sera jamais plus normal. Depuis cette nuit, depuis que mes parents ont disparu, le monde entier me semble soudain plus terne, presque menaçant. Je jette un dernier coup d'œil autour de moi, tentant d'ignorer cette sensation oppressante qui me colle à la peau.
Je m'efforce de prendre une grande inspiration, mon sac serré contre moi. Mes mains sont moites et mes doigts tremblent légèrement. Tout autour, les élèves discutent, plaisantent, comme si tout allait bien. Je les regarde, étrangement en colère contre leur insouciance, contre leur ignorance du chagrin qui pèse sur moi.
J'y suis. En pénétrant dans les couloirs, un frisson glacé me parcourt l'échine. Une porte de casier claque subitement, ce qui me fait sursauter. Je regarde alors autour de moi et je les vois... les élèves. Ils sont tous là, entourés d'amis, de rires... Mais moi, je suis seule, une étrangère dans ce monde qui ne s'arrête jamais. Je ressens quelque chose d'étrange. C'est presque imperceptible, comme un souffle, un murmure derrière moi. Je me retourne brusquement, mais ne vois que le couloir déserté, les ombres s'étirant sous la lumière artificielle. Pourtant, cette impression de regard persistant refuse de s'effacer... comme si quelque chose – ou quelqu'un – m'observait, tapi dans les ombres.
J'essaie de me convaincre que ce n'est qu'une impression. Mais une petite voix en moi n'arrête pas de murmurer que rien ne sera plus jamais pareil.
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Teen wolf : L'éveil de la Morrígan
LobisomemAprès la mort de ses parents, Erine Rowan est envoyée vivre chez son oncle à Beacon Hills, une petite ville en apparence tranquille, mais qui cache de lourds secrets. En cherchant sa place, elle rencontre Scott McCall et sa bande. Pourtant, dès leu...