STUCK

13. Rouge sur Blanc

Les sabots claquent contre le sol. Je me sens transportée sans délicatesse, comme si je me trouvais dans un sac. J'ouvre avec peine les yeux, les sourcils froncés. Cette sensation persiste et prend de l'ampleur. Qu'est-ce-que...?

Je lâche un cris de surprise. Ces hommes m'ont sanglée au dos d'un cheval, comme ils l'auraient fait avec de vulgaires sacs ! Je relève la tête en gesticulant. L'animal ne semble pas apprécier cela. Je grogne en me laissant retomber. Je passe ma main sur mon visage. Mes pensées sont embrouillées. Et soudain, tout me revient.

Agnes. Oh mon Dieu.

Je hurle qu'on me relâche, agitant mes bras et jambes avec affolement. Mais, quelque chose me dérange. Je passe une main sur ma poitrine, et découvre avec étonnement que la blessure n'est plus. Combien de temps s'est-il écoulé ? Comment va Agnes ? La panique me gagne. Mon Dieu.

— Calmez-vous, fröken. Vous allez vous faire mal, lance la voix rêche et prononcée de Florid, provenant de la droite.

— Remarque que ce serait improbable de vous voir tomber, ajoute celle de Jeff, froide, à ma gauche.

Sa remarque me donne envie de le brûler vif. Je sens mon visage s'empourprer, malgré la colère que j'éprouve. Que se passe-t-il ? J'en ai assez de flotter dans tant d'incertitude ! Le visage glacial de Jeff s'approche du mien, alors même que je me débat pour échapper à la sangle, fermée sur mon dos. Si j'avais pu, je lui aurai arraché la peau, à ce démon.

— Je ne vous le répèterai pas un nombre innombrable de fois, ma chère. Cessez de gesticuler.

Je serre les dents, contenant à grands peines ma colère. Ces hommes cherchent à m'humilier pour une raison que j'ignore encore. Je compte bien les percer à jour.

Je passe mes mains dans mon dos, et cherche les deux bouts de métal qui relient le cuir. Je l'attrape en grimaçant. Mes articulations protestent sous cet effort douloureux. J'entends le ricanement des deux hommes devant moi.

— Messieurs, cessez dont de vous comporter comme des enfants, comportez vous plutôt comme des hommes, gronde la voix de Sullivan, puis il s'adresse à moi; Ne vous en faites pas, votre amie est entre de très bonnes et expertes mains.

Agnes est saine et sauve. Le soulagement m'envahi, et je me laisse tomber mollement sur les flancs de l'animal, sous les regards amusés des trois hommes.

D'une pression de la main, je me détache, et manque de tomber sur le sol. L'animal s'arrête, je le remercie d'un tapotement affectueux.

Je grogne en parvenant à entourer les flancs du cheval de mes jambes. Me voilà assise. L'étalon reprend sa marche. Les rires des deux hommes s'intensifient, et celui de Sullivan se joint à eux. Je leur lance un regard assassin, tour à tour. J'ai presque des envies de meurtres. Quoi que, elles ne m'ont jamais quittées.

Je tente de me tenir au poil de l'animal, mais manque de glisser. J'agrippe mes cuisses, qui se serrent imperceptiblement contre l'étalon. Manque de chance, je m'écroule sur son dos, le nez dans le manteau en cuir de Sullivan.

Finalement, je me rapproche de ce dernier et entoure son torse de mes bras. C'est au tour de Florid me fusiller du regard, pour une raison dont j'ignore l'existence.

Je me racle la gorge, et tapote l'épaule de Sullivan, seul homme ici a posséder un minimum de maturité et de sérieux.

— J'attends des informations, mon cher, lançais-je.

— Il n'y a rien à savoir, Mademoiselle. Vous nous avez fuis, une semaine durant, nous vous avons cherchée. Et nous vous avons trouvée, chez une certaine Lilith, exactement là où nous nous sommes rencontrés.