03. Conformément à la loi

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— AAAH !!

Je hurle, et me réveille en sursaut, le corps trempé de sueur, et mes joues baignées de larmes.

Mon corps est tout tremblants par les moments que je viens de revivre. Moi qui me pensait guérie. Je ramène mes genoux vers ma poitrine, et passe les mains sur mon visage. Mon cœur bat si vite, j'ai peur de frôler l'infarctus. Un. Deux. Expire. Inspire. Expire...
Cette technique ne marche pas. Je soupire.

Une gifle. Deux gifles.
Colombine ! Retrouve ta raison ! Tu t'égares !

Ma respiration est saccadée, hachée, à la façon dont elle le serais après une très longue course à pied. Je cale mon visage tremblant dans mes genoux cachés par la couverture, si fine, qu'on la prendrait pour un simple tissus de jute.

Ma tantine, Lilith Crowl, attends à mon chevet, les mains jointes, portant une petite chaîne avec à son bout, une croix, les yeux clos. Elle semble prier pour moi. Je m'attarde sur elle, attendrie. Avec le temps, j'ai compris que prier pour les autre était sa façon de leur montrer son amour. Je passe ma main moite sur ses cheveux blancs, semblables à de la laine au toucher. Qu'elle est belle.

J'ai retiré ma fine couverture en un seul mouvement, et c'est avec soulagement que j'ai accueilli la fraicheur ambiante de la pièce sur ma peau. Mon pauvre lit en bois a grincé lorsque je me suis levée. J'ai jetté un regard vers ma tantine, qui, elle n'avait pas bougé d'un pouce, accoudée au matelas sur mon lit. Elle était comme ça; unique.

J'étire mes épaules encore endolories par la nuit affreuse que je viens de passer, et me dirige vers les bains.
Je traverse une multitude de couloirs, tous plus déserts les uns que les autres. Cette bâtisse semble abandonnée.

Ma fine nuisette ne réussi pas à me réchauffer, alors que je traverse le couloir bordé de fenêtres sur la pointe des pieds. Et enfin, je pousse une porte de bois, d'où sort de la vapeur d'eau si chaude qu'elle me colle à la peau. Je tousse quelques fois avant de m'aventurer plus loin dans la pièce, que je connais si bien.

Les bains sont une grande pièce aux murs si haut qu'on a du mal à en voir le bout, qui est caché par la vapeur épaisse, due aux immenses robinets de métal, qui laisse couler l'eau à flot, dans divers bassins, reliées à des cuves de bois au nombre de sept. La pièce est emplie d'une plaisante odeur de camomille.
Je laisse tomber ma nuisette sur le sol de pierre, et m'infiltre dans l'eau froide d'une cuve. Je grelotte, de froid, et effectue quelques mouvements rotatifs afin de me réchauffer.

L'eau glaciale contre ma peau anesthésie mes muscles douloureux, et je ne peux m'empêcher de lâcher un gémissement de soulagement. Le bruit de l'eau contre le bois tambourine à mes oreilles agréablement. Rien ne pourrait gâcher ce moment.

Colombine ?! Que fais-tu à te prélasser de la sorte ?

Le claquement de ses talons contre le sol dur me fait frissonner. La silhouette avance dans la vapeur d'eau, de plus en plus furieuse. Je pourrais pleurer de frustration. Pourquoi faut-il toujours que je sois au centre de son attention ?

Colombine as-tu la moindre IDÉE de ce que tu viens de faire ? hurle Agnes. NON ! Tu n'en as pas la moindre.

Agnes se penche par-dessus la cuve de bois, ignorant la proximité de mon corps nu au sien. Je me cache du mieux que je le peux à l'aide de mes mains, le visage rouge vif, dissimulé par mes cheveux bruns.
Elle me relève la tête vivement et me force à la regarder dans tes yeux.

Le Comte du Voisinage réclament notre présence dans moins d'une heure ! Vite, lève toi ! Nous avons besoin de toutes les dames de compagnie disponibles !

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