— Avance !
Deux bras d'une épaisseur peu comparable m'ont poussée dans les escaliers branlants. Après mon départ précipité du camp, j'ai été emmenée de force sur ce navire, en direction d'un tout autre pays, d'un tout autre camp. Je n'avais aucune autre information quant à l'avenir.
J'ai trébuché, et suis tombée, tête la première, dans cette cale de bateau mal odorante, humide et étouffante.
J'ai lâché un gémissement, quand les épaules ont rencontré le sol.J'ai mal... j'ai mal... épargnez-moi s'il-vous-plaît... ai-je vraiment mérité cela ?
J'ai été plongée dans le noir complet lorsque l'homme a refermé la porte. Je me pensais seule, jusqu'à ce que j'entende de multiples murmures parvenir à mes oreilles. J'avais peur, mal, j'étais triste et honteuse. Ma gorge s'est nouée, et je me suis agenouillée sur le sol, mes jambes étant trop faibles pour supporter mon poids. J'ai entouré mes genoux tremblants de mes bras. Je ne voulais plus vivre.
J'en ai assez. J'ai trop mal... rien ne vas plus.
— Alors ma jolie ? Que fais-tu dont ici ? m'a lancé une voix féminine.
Je n'ai pas voulu répondre. Ma langue étant pâteuse, et mon esprit embrumé.
J'ai senti son corps elle tourner autour, comme si elle m'inspectait. Elle allait être surprise !Je l'ai entendu étouffer un cris en observant mon dos couvert de blessures à peine refermées. La femme s'est approchée de mon visage. Une infinie tendresse s'échappait d'elle, sans doute en liaison avec son ventre rebondi.
— Oh, ma chérie... que s'est-il passé ? m'a-t-elle demandé, de la pitié s'échappant de sa voix.
Je déteste faire pitié. Je ne veux pas faire pitié.
Voyant que je ne lui répondrai pas, la femme a poursuivi son monologue.— Je comprends que tu ne veuilles pas répondre. Mon nom est Karmen, mais tu peux m'appeler de la façon dont tu le souhaites, tant que c'est avec gentillesse, a-t-elle sourit.
La dénommée Karmen m'a tendu la main, afin que je me relève. J'ai d'abord eu du mal à accepter son geste, doutant de la douleur que cela me procurerai.
***
Dans cette cale de bateau, il n'y avait que des femmes, de tout âge. Plus jolies, et furieuses les unes que les autres. Après avoir passé une haute vague, des maitres étaient descendus nous attachez les unes aux autres. Par hasard, j'avais été liée à Karmen et une certaine Amel, tout au bout de la cale. Nous nous étions assises après que la fatigue nous ait coupé les jambes. Mon estomac criait famine, après plus de deux jours sans nourriture, je devais ressembler à un squelette. C'était encore si j'arrivais à marcher sans trembler !
J'avais envie de mourir. Mon seul échappatoir à ce calvaire restait le sommeil.
À présent, Karmen, Amel et d'autres esclaves discutaient à voix basse. Quant à moi, j'observais la mer déchainée par une fente dans le bois. Diverses idées me venaient, telles que sauter dans les flots pour mettre fin à mon existence. Je préférais la mort à un nouveau séjour en camp.
— ... en arrivant au port, nous aurions une chance de nous échapper du convoit...
Mon attention s'est aussitôt dirigée vers la conversation, soudain intéressante. Je devinais immédiatement les plans de ces femmes. C'était irréalisable, irresponsable, naïf.
Idiot.
— C'est trop dangereux... et si nous nous faisions prendre ? Trouverions nous un logement, un emploi et de l'argent ?
VOUS LISEZ
STUCK
عاطفيةSon nom signifie Paix, mais elle apportera Vengeance. Colombine Brinebeau, c'est ainsi qu'elle a été nommée. Mais ils l'appellent l'Esclave. À l'âge de vingt ans, Colombine se découvre mariée de naissance à un homme dont elle ne sait rien. Elle va...