Fragments de Douleur.

5 0 0
                                    

Je suis dans un état de confusion totale quand je me réveille. La douleur dans mon poignet me fait grogner, comme si quelqu'un m'avait frappée avec un marteau. Je n'arrive pas à bouger tout de suite, mes muscles sont endormis, et ma tête est lourdement posée sur l'oreiller. J'essaie de bouger un peu, mais tout semble trop difficile, trop lourd.

Je cligne des yeux, cherchant à retrouver un peu de clarté. L'air est froid, l'odeur d'un hôpital me brûle les narines. Quand mes yeux s'ajustent enfin à la lumière tamisée, je remarque que je suis dans une chambre d'hôpital, allongée sur un lit blanc, entourée de machines qui bourdonnent doucement. Le bruit constant des appareils me rend nerveuse. Il n'y a pas de bruit humain, juste le bip régulier des machines.

Je tourne lentement la tête et je vois mes parents, assis près du lit, leurs visages marqués par l'inquiétude. Mon cœur se serre en les voyant. Ils sont là, mais je ne sais pas quoi leur dire. Je sens une culpabilité m'envahir.

Ma mère, les yeux rouges, me regarde avec une douceur que je n'ai pas vue depuis longtemps, mais aussi une certaine douleur dans ses yeux. Mon père, plus distant, semble perdu, comme s'il ne savait pas vraiment quoi faire ou quoi dire. Ils ne disent rien, mais leurs regards me piquent, me percutent. Ils ont l'air si fatigués, mais aussi... tristes.

Je tente de bouger, d'ouvrir la bouche, mais ma gorge est sèche, et mes lèvres se déforment sous l'effort.

Eliséa... commence ma mère d'une voix tremblante, comme si elle avait du mal à prononcer mon prénom. Tu... tu nous fais tellement peur.

Je tourne la tête vers eux, toujours incapable de leur donner une réponse. Mon esprit tourne en rond, je vois des flashs de ce qui s'est passé, des éclats de souvenirs que je ne veux pas revoir. Et puis... l'envie de tout effacer, de tout disparaître.

Pourquoi ? demande mon père, sa voix dure et brisée à la fois. Il essaie de cacher son désespoir derrière une façade de colère, mais ça ne fait qu'accentuer la douleur. Pourquoi tu as fait ça, Éliséa ? Pourquoi ?

Je ferme les yeux, me sentant envahie par une vague de honte, de frustration. Il y a tellement de choses que je pourrais dire, mais aucune ne semble être la bonne. Les mots se coincent dans ma gorge.

On t'aime, Éliséa... continue ma mère, maintenant en larmes. On ne sait pas comment te protéger... mais on t'aime, et tu ne peux pas nous laisser comme ça.

Leurs paroles m'atteignent, mais je me sens tellement perdue, comme si je n'avais plus de place dans ce monde, comme si leur amour ne suffisait pas à réparer ce qui était brisé en moi. Un silence lourd s'installe entre nous. Je reste là, figée, n'ayant pas la force de leur répondre. Il y a un gouffre entre ce que je ressens et ce qu'ils aimeraient que je ressente.

Le temps passe lentement. Finalement, c'est ma mère qui brise le silence.

Eliséa, tu ne peux pas faire ça. Tu nous as laissé avec un vide... Tu es notre fille.

Le mot "vide" me frappe comme un coup de poignard. Je ne sais pas si c'est parce qu'ils essaient de me réconforter, ou si c'est la vérité brute qui résonne dans cette pièce.

Un vide, oui. Un vide que je traîne avec moi tous les jours, depuis si longtemps. Je suis noyée dedans. Et pourtant, ils essaient encore de me sauver. Mais moi, je ne vois plus de lumière.

Je ferme les yeux, me sentant épuisée, accablée, perdue dans un tourbillon de pensées. Mais une question tourne dans ma tête : pourquoi suis-je encore là ? Pourquoi suis-je en vie ?

Quelques secondes passent. Un silence pesant s'installe, avant que je ne brise enfin le silence, d'une voix faible.

Il est quelle heure ?

Ma mère me regarde, comme si elle était soulagée que je parle enfin, mais son expression reste inquiète.

Il est 15h... Elle laisse un soupir échapper. Eliséa, tu as dormi toute la journée.

Je fronce les sourcils, surprise. Il est déjà 15h ? Mais j'ai l'impression qu'il est bien plus tard que ça. Je jette un coup d'œil par la fenêtre, où la lumière du jour commence à faiblir.

Mais... c'est déjà passé ? murmure-je, confuse.

Mon père soupire en se levant, regardant ma mère avec un air fatigué. Il semble perdre patience, mais je vois aussi l'inquiétude dans ses yeux.

On est lundi, Éliséa.

Mon cœur se serre. Le temps m'a échappé. Et maintenant, tout ce que je peux faire, c'est espérer que quelque chose puisse me sauver avant que tout soit définitivement perdu.


Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : 4 hours ago ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Rien à perdreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant