Chapitre 1 : Doute et Défi

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Le grand hall du palais semblait plus imposant que d'habitude, ses voûtes de pierre s'élevant dans des hauteurs écrasantes. Les rayons de lumière dansant à travers les vitraux coloraient l'atmosphère d'un éclat d'or et de pourpre. Assise sur le trône, je réajustai légèrement ma position, consciente du regard attentif des nobles alignés le long des murs.

Ma cour avait toujours eu une manière sournoise de se nourrir de mes décisions, de jauger chaque mot, chaque geste, pour y trouver des failles. Aujourd'hui, ils étaient plus avides que jamais. Kael, le mercenaire que j'avais choisi d'engager contre l'avis de tous, était attendu comme un loup au milieu d'un troupeau de brebis.

Les rumeurs sur cet homme étaient légion : une force brute, une arme vivante, mais aussi une épine dans le pied de ceux qui tentaient de le commander. Les mots de mes conseillers me revinrent en mémoire : "Majesté, il est imprévisible. Vous avez besoin d'un soldat, pas d'un chien sauvage."

Et pourtant, nous étions au bord du gouffre. La menace d'un royaume rival planait, et les forces de notre armée, bien qu loyales, n'étaient pas prêtes. Nous avions besoin de Kael, ou du moins, de ce qu'il représentait : un homme capable de renverser le cours des batailles.

Les portes du hall s'ouvrirent avec un fracas assourdissant.

Le silence tomba immédiatement. Tous les regards se tournèrent vers l'entrée.

Et lui apparut.

Kael entra comme s'il possédait l'endroit. Pas de révérence, pas d'hésitation. Ses bottes résonnaient contre le sol de pierre, chaque pas semblant défier l'autorité même du palais.

Il était plus grand que ce que j'avais imaginé. Immense, avec une carrure qui semblait taillée pour la guerre. Ses cheveux mi-longs et ondulés effleure ses épaules larges, encadrant un visage aux traits marqués, une mâchoire dure comme la pierre. Ses yeux, d'un gris froid et perçant, semblaient sonder chaque recoin du hall. Il portait une armure usée, bien loin des tenues d'apparat des chevaliers de la cour. Chaque entaille et rayure sur le métal racontait une histoire de combat.

Mais ce qui me frappa le plus, c'était son attitude. Il n'avait pas besoin de parler pour imposer sa présence. Il était comme une tempête en devenir, calme en surface mais chargée d'une énergie brutale.

Je fis de mon mieux pour ignorer l'agitation autour de moi. Les murmures indignés des nobles, les regards nerveux des conseillers. Je me contentai de le fixer, de soutenir ce regard glacé qui semblait tout voir et tout juger.

— Vous êtes en présence de votre reine, Kael, déclarai-je d'une voix ferme, bien que mon cœur battît un peu plus vite. Vous pourriez au moins feindre de respecter le protocole.

Un sourire – non, un rictus – se dessina sur ses lèvres.

— Respecter le protocole, répéta-t-il, comme si le concept même l'amusait. Vous m'avez fait venir pour combattre, pas pour courber l'échine. Les couronnes ne m'impressionnent pas, Majesté.

La tension dans la salle monta d'un cran. Je vis l'un de mes conseillers, un homme trapu et chauve, faire un pas en avant, prêt à intervenir. Je levai une main pour le retenir.

— Vous êtes ici pour servir, Kael, répondis-je, en choisissant mes mots avec soin. Peut-être devriez-vous commencer par prouver que vous êtes à la hauteur de votre réputation avant de défier mon autorité.

Il haussa un sourcil, visiblement amusé par ma tentative de le remettre à sa place.

— La guerre, répliqua-t-il d'un ton égal, ne se gagne pas avec des discours et des parures. Montrez-moi que vous êtes plus qu'une reine sur un trône, et peut-être que je vous accorderai le respect que vous cherchez.

La Reine et le Mercenaire : le Prix du Trône Where stories live. Discover now