La Reine et le Mercenaire : le Prix du Trône

Chapitre 7 : L'Heure de l'Entraînement

Je me tenais sur les remparts du château, le regard fixé sur l'horizon où la silhouette de Luthen se noyait dans la brume. La cité, autrefois si vivante, si fière, n'était plus qu'un souvenir. Ses marchés débordants de vie, ses rues pavées baignées par la lumière du soleil couchant, les rires qui résonnaient entre ses murs... tout cela s'était éteint. Luthen n'était plus qu'un tas de cendres, une blessure béante dans le cœur du royaume. Chaque pierre effondrée, chaque écho de ce qui avait été semblait murmurer une accusation : Tu n'as pas su nous protéger.

Un vent glacial m'entoura, mais je n'y prêtai pas attention. Mon cœur était bien plus lourd que les armures des soldats qui patrouillaient en contrebas. Je serrai les poings, retenant les larmes que je ne pouvais me permettre de verser.

"Majesté" La voix de Kael me tira brusquement de mes pensées. Rude et tranchante, elle avait le pouvoir de fendre la pierre. Il s'approcha, son regard perçant accrochant le mien comme une lame. "Nous n'avons plus le choix. Il faut vous préparer."

Je me tournai vers lui, masquant à peine le trouble qui grondait en moi. "Me préparer à quoi ?" La faiblesse dans ma voix me révulsa, mais je ne pouvais la dissimuler.

Kael ne laissa pas sa sévérité vaciller. "À la guerre. À survivre." Il marqua une pause, ses mots résonnant avec une dureté implacable. "Vous êtes une cible. Vous le savez aussi bien que moi."

La peur serra ma gorge. Une cible. Oui, c'était vrai. Mais l'entendre ainsi, dit à voix haute et sans détour, rendait cette réalité encore plus insupportable. Je pris une profonde inspiration, essayant de maîtriser le tremblement de ma voix. "Et que proposez-vous ?" demandai-je, bien que je devinais déjà sa réponse.

Il me fixe un instant, son expression implacable, avant de dire d'un ton ferme : "Je vais vous entraîner. Vous ne pouvez pas rester là, à attendre que le pire arrive. Vous devez être prête à tout. Vous devez être capable de vous défendre, de survivre, si l'ennemi s'attaque à vous."

Ses mots frappent le fond de mon cœur, et pour la première fois, je me sens réduite à ma plus simple expression : une femme qui doit se battre pour sa vie et pour son royaume. "Vous..." Je n'arrive même pas à terminer ma phrase. "Vous me formez ?" Ma voix est presque incrédule.

"Oui", répond Kael, un ton de certitude dans ses paroles. "Je serai votre instructeur. Parce qu'il n'y a plus de temps à perdre, et parce que si vous tombez, ce royaume tombe avec vous."

Je ressens une onde de vertige. Je suis une reine, mais à cet instant, je ne suis qu'une jeune femme qui se retrouve face à la réalité impitoyable de la guerre. La guerre ne fait pas de place pour les faibles. Et je comprends que, même avec toute la puissance d'un trône, je n'ai aucune garantie d'en sortir indemne.

"Je vais vous apprendre à vous battre comme si votre vie en dépendait. Parce qu'elle en dépend", continue Kael, son ton froid et pragmatique. "Vous serez en première ligne, que vous le vouliez ou non."

Je me sens tout à la fois émue par ses paroles et terrifiée. Pourtant, je sais que cette peur est nécessaire. Elle me pousse à accepter ce que je n'avais jamais cru pouvoir faire : me préparer à la guerre comme une combattante.

Le lendemain matin, le château s'éveilla dans un tumulte de bruits métalliques. Les mercenaires étaient là, imposants et menaçants, leur présence marquant le début d'une nouvelle ère de formation pour nos soldats. Des guerriers aux visages taillés dans la pierre, leurs armures scintillant sous les premières lueurs du jour, ils s'alignaient sur la grande place, prêts à enseigner la discipline et la violence à nos hommes. Ils n'étaient pas ici pour la gloire, mais pour la survie. Et nous n'avions plus le luxe de l'hésitation.