Le bruit des pas résonnait dans le long couloir de pierre menant à la salle de conseil. Je marchais en tête, mon manteau de velours sombre effleurant le sol, tandis que Kael me suivait à quelques pas de distance. Son silence, pour une fois, était presque inquiétant. Depuis notre altercation, une tension palpable s'était installée entre nous, comme un fil tendu prêt à se rompre.À l'intérieur, mes conseillers m'attendaient déjà. Sir Alden, mon intendant aux cheveux grisonnants, se leva dès que j'entrai, suivi de Dame Lyria, ma stratège au regard perçant. À leurs côtés, Toren, un jeune capitaine récemment promu, observait la scène avec un mélange d'appréhension et de curiosité. Tous trois avaient servi mon père avant moi, mais leur loyauté restait une question que je n'osais encore trancher.
"Majesté," salua Sir Alden d'un ton grave en m'inclinant légèrement.
"Prenez place," dis-je, en désignant les sièges autour de la longue table en chêne massif. "Nous avons beaucoup à discuter. Le château a été infiltré hier, et nous devons renforcer nos défenses immédiatement."
Kael, avec sa désinvolture habituelle, tira une chaise pour s'y laisser tomber, comme s'il assistait à un simple dîner. Je fus tentée de l'ignorer, mais son comportement irritant attirait toujours mon attention malgré moi.
"Les prisonniers capturés," repris-je, en regardant mes conseillers, "ont confirmé qu'ils appartenaient à une faction rebelle. Ceux-là mêmes qui ont assassiné ma mère. Nous savons qu'ils ont bénéficié d'un appui de l'intérieur. Un traître est parmi nous."
Un silence glacial tomba sur la salle. Les regards se croisèrent, méfiants. Lyria fut la première à rompre le silence. "Majesté, nous devrons agir avec prudence. Accuser sans preuve ne ferait qu'aggraver les tensions dans le château."
"Les tensions sont déjà insupportables," répondis-je sèchement, en posant mes mains sur la table. "Nous avons besoin de solutions, pas d'excuses."
Kael, jusque-là silencieux, se redressa légèrement. "Si vous voulez une solution, ma reine, vous devriez commencer par évaluer vos propres rangs. Les maillons faibles brisent toujours les chaînes les plus solides."
Son regard balaya la table, s'attardant un peu trop sur Alden, qui se redressa brusquement.
"Les insinuations de ce... mercenaire n'ont pas leur place ici !" s'écria Alden. "Majesté, permettez-moi de parler franchement : cet homme, un étranger à nos terres, n'a aucune légitimité à s'exprimer dans cette salle. Sa simple présence est un affront au protocole."
Je vis Kael hausser un sourcil, amusé, mais son regard se durcit imperceptiblement. Avant qu'il ne réponde — probablement avec un sarcasme cinglant — je levai la main.
"Sir Alden," déclarai-je d'un ton glacial, "Kael est ici sous mes ordres, et cela devrait suffire à légitimer sa place. Peu importe ce que vous pensez de lui, il a prouvé son utilité. Jusqu'à preuve du contraire, il reste l'un de nos alliés les plus compétents."
Le silence qui suivit fut assourdissant. Même Alden, habituellement si sûr de lui, baissa légèrement les yeux.
Kael, assis à ma droite, se pencha légèrement vers moi. Sa proximité soudaine fit naître une tension que je m'efforçai d'ignorer.
"Merci, ma reine," murmura-t-il, sa voix basse et teintée d'ironie. "Je savais que vous m'appréciez."
Je fus incapable de répliquer. Ses paroles étaient anodines, mais la chaleur de son souffle contre ma peau et l'arrogance contenue dans son ton firent monter une chaleur désagréable à mes joues.
"Ne me poussez pas à regretter ma décision, Kael," chuchotai-je à voix basse, tout en fixant la table pour ne pas croiser son regard.
Il recula, son éternel sourire en coin illuminant son visage.
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La Reine et le Mercenaire : le Prix du Trône
RomanceDans le royaume d'Elandor, où les vents glacés des montagnes du nord soufflent sur des terres en guerre, la jeune Reine Elara lutte pour maintenir son autorité face à des menaces aussi nombreuses qu'implacables. Lorsqu'un mercenaire impétueux et cyn...