Chapitre 2 : L'Alliance Fragile

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Le conseil était réuni dans la salle du trône, comme chaque matin, pour débattre des dernières informations sur la guerre qui dévastait le royaume. Mais ce jour-là, l'atmosphère était plus lourde que d'habitude. L'air semblait chargé de tension, de soupçons, de promesses non tenues.

Je me trouvais à la tête du conseil, enfilant le rôle de reine comme on met un manteau trop grand. Ce n'était pas un fardeau que j'avais choisi, mais un fardeau qu'on m'avait imposé. Mes parents étaient morts avant que je ne sois prête à assumer un tel pouvoir, et aujourd'hui, je devais faire face à des menaces qui me dépassaient souvent. Si ma mère, la reine Alina, était morte en défendant le royaume lors d'un acte de bravoure contre les envahisseurs du nord, mon père, le roi Durand, était mort subitement, dans des circonstances qui demeuraient floues. Sa disparition brutale avait secoué tout le royaume et, en l'espace de quelques jours, le trône était tombé entre mes mains.

Le peuple pleurait la perte de deux souverains à la fois, et les nobles, eux, m'observaient comme un spectateur devant un spectacle où je n'avais ni les connaissances ni l'expérience pour jouer un rôle digne. Mais ils n'avaient pas le choix. Je n'avais pas été formée pour gouverner, encore moins pour mener une armée. Et pourtant, c'était bien moi qui devais gérer l'avenir du royaume, contre toute attente.

Un message urgent arriva. Le général Alden se leva et s'approcha de moi, une gravité inhabituelle sur son visage.

— Majesté, les éclaireurs du convoi du nord-est ont signalé une embuscade. Les forces ennemies semblent se rassembler sur la route principale.

Je hochai la tête, bien que l'idée d'un autre assaut me tourmentait. Les ressources du royaume étaient déjà limitées, et une nouvelle attaque aurait des conséquences désastreuses. Nous ne pouvions pas nous permettre de perdre cette route. Il nous fallait réagir vite.

— Envoyez immédiatement des renforts, ordonnai-je, cherchant à garder le contrôle de la situation.

Le général échappa un murmure d'approbation avant de repartir à la tâche. Mais un autre nom me traversa l'esprit. Si l'on voulait vraiment protéger les approvisionnements, il y avait un homme plus apte à mener cette mission : Kael.

Quelques minutes plus tard, la lourde porte de la salle du trône s'ouvrit avec un grincement, et Kael entra. Sa silhouette haute et imposante se découpait dans l'ombre des grandes fenêtres, et son regard intense balaya la pièce, comme s'il la scrutait pour en prendre immédiatement la mesure. Il se tenait là, les bras croisés sur son torse musclé, un léger sourire aux lèvres, un défi dans les yeux. Une lueur d'arrogance s'y cachait, comme une flamme dissimulée sous une couche de glace.

Je m'étais préparée à sa visite, mais en le voyant entrer, quelque chose dans son attitude me dérangea plus que prévu. Il semblait aussi détendu qu'un homme en vacances, comme si ses responsabilités ne l'effleuraient même pas. Il n'était pas du genre à obéir sans questionner, cela je le savais. Mais aujourd'hui, son attitude décontractée, presque moqueuse, m'agita plus que je ne voulais l'admettre. Une tension naissante se propagea lentement dans mes entrailles.

— Vous m'avez demandé, Majesté ? dit-il d'une voix calme, presque trop détachée, comme s'il n'était qu'un simple invité dans cette salle où je régnai.

Je soutins son regard, cherchant à lire derrière ce masque d'indifférence. Il avait l'art de déstabiliser les autres, de les rendre inconfortables. Mais j'avais ma propre manière de jouer avec le pouvoir, et je n'allais pas me laisser intimider par lui, pas cette fois. Pourtant, il y avait quelque chose dans son regard, une malice à peine dissimulée, qui m'agita.

Je fis un geste bref pour lui indiquer de s'approcher, sans lui accorder plus de dignité qu'il n'en méritait. Il s'avança lentement, ses bottes résonnant sur le sol de marbre, un bruit presque sinistre dans le silence lourd qui emplissait la salle. Lorsqu'il s'arrêta devant moi, je pris une profonde inspiration, avant de lui exposer la situation avec calme, mais fermeté.

La Reine et le Mercenaire : le Prix du Trône Where stories live. Discover now