CHAPITRE 4

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Le vent froid me gifle le visage alors que je quitte l'entrepôt. Enzo ne m'a pas dit grand-chose sur la mission, juste assez pour me rendre nerveuse. Les papiers que j'ai dans les mains sont lourds, bien plus lourds que je ne le pensais. Chaque détail, chaque mot, chaque phrase semble m'engloutir un peu plus dans l'abîme.

Je respire profondément, mais rien n'y fait. Ce n'est pas juste une mission. Ce n'est pas juste une question d'argent, ni même une faveur pour Matteo. Il y a quelque chose de plus. Quelque chose de sombre et de sale, et je sens que ça va me détruire, mais je n'ai pas le choix.

Je suis à sa merci. À la merci de Matteo Salvatore, à la merci de Enzo Carrera, à la merci de tout ce monde de fous qui se croisent, s'entretuent et se font des promesses sans jamais les tenir.

Mes pas résonnent dans la rue déserte, et une sensation d'étouffement m'envahit. Je jette un œil aux papiers dans mes mains, tentant de calmer les battements de mon cœur. Une adresse, une date, des noms. Des menaces.

Je n'ai pas le temps d'analyser plus en détail, je dois agir rapidement. Mais une pensée me taraude : si je me rate...

Mon téléphone vibre dans ma poche, brisant le silence pesant autour de moi. J'arrête de marcher et regarde l'écran. C'est un message de Matteo.

"Alors, petite, tu fais ta part du boulot ou tu viens m'apporter de bonnes nouvelles ?"

Je serre les dents. Il se croit au-dessus de tout, qu'il peut simplement m'envoyer comme une espèce de pion dans un jeu dangereux. Mais je ne suis pas stupide. Si je veux que tout ça s'arrête, je dois obéir.

Je réponds rapidement, mes doigts frappant les touches avec une rage contenue.

"J'ai ce qu'il faut. Mais ne crois pas que je vais me contenter de faire ça sans avoir quelque chose en retour."

J'appuie sur « envoyer » et attends, le cœur battant. Quelques secondes passent, puis mon téléphone vibre à nouveau.

"T'es une sacrée petite chose, Alaina. On verra si tu tiens tes promesses."

Je grogne de frustration, mais je n'ai pas le temps de m'attarder là-dessus. Je dois aller à cette adresse, faire ce qu'on me dit, et revenir sans attirer l'attention.

Je relève la tête et marche vers l'endroit indiqué. À mesure que je m'approche, je sens une pression croissante sur mes épaules. La rue est déserte, les lumières des réverbères vacillent dans la nuit, et le vent souffle des papiers égarés à mes pieds.

Je tourne le coin et arrive devant une porte grise et décrépie. Le genre de porte qui n'a jamais vu la lumière du jour et qui, pourtant, garde des secrets que personne ne veut connaître. Je pousse doucement la porte, l'entrouvrant avec précaution.

L'intérieur est sombre, sinistre. L'air est lourd, rempli de l'odeur du métal et de la moisissure. Je m'avance dans le couloir, mes pas résonnant dans le silence oppressant. Un bruit de voix faible m'arrête.

Je m'immobilise et attends, le souffle suspendu. La voix se fait plus claire, plus nette. Je reconnais l'accent espagnol rugueux. Des hommes. Probablement ceux que je dois voir.

Je continue à avancer prudemment, mais une douleur sourde me traverse l'estomac. Je me demande si je vais en sortir vivante.

Je prends une grande inspiration et pousse la porte d'un coup sec. Les trois hommes qui se trouvent à l'intérieur se figent en me voyant entrer.

L'un d'eux, grand et musclé, lève un sourcil, son regard me détaillant du haut en bas.

— Qui t'envoie ? demande-t-il d'une voix rauque.

CARRERA  | TOME1 Sentiment éperdu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant