CHAPITRE 6

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Enzo avait gagné une bataille, mais pas la guerre. Je le savais, il le savait. Son regard arrogant avait imprimé cette vérité dans mon esprit. Il pensait avoir le contrôle, mais il ignorait une chose essentielle : je ne m'arrêtais jamais. Je n'avais peut-être pas ses ressources ni son pouvoir, mais j'avais ma rage. Et ma rage m'avait toujours sauvée.

Le lendemain, j'étais déjà en route pour la première mission. Une simple livraison, apparemment. "Simple", selon Enzo, signifiait traverser une partie de la ville infestée par un gang rival et déposer un colis dans un bâtiment à moitié effondré. Rien que ça.

Je n'avais aucune idée de ce qu'il y avait dans le sac qu'il m'avait confié, mais ça n'avait rien d'innocent.

— Si tu te fais arrêter, tu ne sais rien, m'avait-il dit en me tendant le sac avec ce même sourire suffisant.

Le quartier où je devais aller était à l'image de ma vie : en ruines. Les fenêtres brisées, les graffitis sur les murs, les regards méfiants des passants. Les ombres semblaient vivantes ici, comme si elles me suivaient.

— T'as pas peur de te perdre, princesse ? lança un homme sur le trottoir en me dévisageant.

Je ne répondis pas. Laisser paraître la moindre peur était un luxe que je ne pouvais pas me permettre. Je serrai le sac un peu plus fort et continuai mon chemin, évitant de croiser trop de regards.

Lorsque j'arrivai enfin devant le bâtiment désigné, un immeuble délabré, je pris une grande inspiration. Tout en moi criait de partir, mais la voix d'Enzo résonnait encore dans ma tête.

— Si tu échoues, Vega, je considère ça comme une trahison. Et crois-moi, tu ne veux pas savoir ce que je fais aux traîtres.

Je poussai la porte, qui grinça comme si elle n'avait pas été ouverte depuis des années. L'intérieur était encore pire que l'extérieur : des morceaux de plafond s'étaient effondrés, et l'odeur de moisissure et de décomposition était presque insupportable.

— T'es venue pour Enzo ? fit une voix rauque dans l'ombre.

Je levai les yeux. Un homme massif sortit de l'obscurité, un cigare coincé entre ses lèvres. Sa chemise était ouverte sur un torse couvert de cicatrices, et son regard me détailla comme si j'étais un jouet cassé.

— C'est toi qui as le colis ?

Je hochai la tête, tendant le sac avec des mains tremblantes.

— Voilà.

Il attrapa le sac sans me quitter des yeux, un sourire carnassier aux lèvres.

— Dis à Enzo qu'il aurait pu envoyer quelqu'un de moins fragile.

La colère monta en moi, mais je la ravalai. Pas ici. Pas maintenant.

— Je lui dirai, répondis-je froidement avant de tourner les talons.

Mais à peine avais-je fait un pas qu'un autre homme surgit de l'ombre, bloquant la sortie.

— Attends, dit-il.

Mon cœur s'emballa.

— Quoi ?

Le premier homme s'approcha, ses pas lourds résonnant sur le sol délabré.

— Avant que tu partes, on a un message pour Enzo.

Je reculai instinctivement, mais le deuxième homme était déjà trop proche.

— On veut juste discuter, princesse, murmura-t-il, un sourire sadique sur le visage.

C'était une embuscade.

CARRERA  | TOME1 Sentiment éperdu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant