Chapitre 25

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Camp militaire Red Deer, Mars 2009, Alberta.

Les semaines suivantes ont été apaisantes, bien qu'un peu étranges. Savoir que nous avons enfin eu cette conversation avec Levi nous a tous les deux soulagés, les choses ne sont plus si compliquées. Ce qui est étrange c'est cette relation. Aucun de nous n'a jamais expérimenté une telle chose, et à bientôt la trentaine, nous sommes déconcertés. Je n'ai aucune idée du statut de nos relations, si nous sommes des colocataires qui s'entendent bien et travaillent ensemble, des amis qui prennent soin l'un de l'autre ou encore autre chose. Ça n'a pas vraiment d'importance, depuis ces trois dernières semaines, nous nous sommes rapprochés et nous prenons mutuellement soin de l'autre. Ce n'est jamais rien d'exceptionnel, quelques mots, quelques actes, mais pour nous, cela signifie beaucoup. J'apprécie cette situation, je suis toujours effrayée, mais également fière de moi. Je m'en pensais incapable, mais j'y arrive, même si tout n'est pas parfait.

Nous travaillons beaucoup ensemble, je veux dire, vraiment, nous travaillons de mieux en mieux tous les deux et sans y être obligés.

Ma plume glissant sur la feuille sous mes yeux, mes paupières sont lourdes. Notre prochaine mission s'annonce rude et les préparatifs sont complexes. Nous travaillons d'arrache-pied depuis des semaines pour trouver la meilleure stratégie possible, mais je reste convaincue que d'effectuer cette mission sur deux jours sera bien plus sûr et efficace. Cette fois-ci, nous avons affaire à des criminels particulièrement coriaces. Beaucoup ont déjà fait des séjours en prison et ils ne font pas ça que pour l'argent. Ils ont besoin de plus. Ces gens font partie de la catégorie des monstres. Ils tuent et exploitent pour le pouvoir, la reconnaissance des gens comme eux, pour pouvoir se délecter de la terreur dans les yeux de leurs victimes...

Il aimait voir la terreur dans les miens.

Je n'aurais aucune pitié pour eux. S'il faut tous les abattre un par un, je le ferai.

Ce soir, nous essayons de mettre sur papier toutes les stratégies possibles que nous avons vu au cours de nos réunions avant de chercher toutes les difficultés que nous pourrions rencontrer pour chacune d'entre elles.

— Non regarde, si on passe par ici, ils pourront forcément riposter facilement, j'explique à Levi en traçant le chemin avec un crayon à papier sur la carte.

— Très bien, alors il faudra obligatoirement emprunter ce petit chemin là.

— Oui pour moi c'est le seul chemin où on pourra passer sans se faire repérer trop rapidement.

— Dans tous les cas, on se fera forcément repérer. C'est un plan foireux, soupire Levi avant de prendre sa tête entre ses mains.

— Oh fait chier ! Ça fait des heures qu'on est dessus et on ne trouve rien, je jure en me levant d'un coup de ma chaise.

— On a qu'à y aller de nuit et faire exploser la maison ! je lâche en m'adossant contre le mur, excédée.

— La seule chose qui retiendrait Lewis d'exécuter ton idée c'est le ministère, mais évite quand même de lui suggérer, Levi souffle du nez, presque amusé.

— Ça me fait pas rire Levi, si on ne trouve pas une vraie solution d'ici trois jours, on est mal, vraiment.

— Je sais. Viens.

Il se lève à son tour de sa chaise et se dirige vers la sortie du bureau.

— Où ?

— T'es sur les nerfs et t'es inefficace quand t'es sur les nerfs, ajoute-t-il en quittant le bureau sans m'adresser un regard.

— Pardon ?

— Tais-toi, tu vas réveiller tout le monde, chuchote le petit noiraud tandis que je réponds par une mine choquée en lui suivant d'un pas léger.

AzuriteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant