LES ENNUIS DE SELENA

21. Je vais faire une bêtise

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Ilian

13 décembre, Paris.

Assis sur mon canapé, Eren et moi surveillions les garçons, une tasse de thé fumante à la main.

— Donc là t'es en train de me dire que tu veux déclarer la guerre à l'un des familles de bourgeois les plus puissantes de la ville parce que leur fils a menacé une fille que tu connais depuis un mois ? dit calmement mon ami.

— Quatre mois. En plus tu parles de guerre comme si je faisais partie d'un gang, mais dans les faits ça ressemblera surtout à une bonne correction.

— Tu t'es pris pour Dieu ou quoi ? Lâche l'affaire avant de finir à l'hosto.

Je haussais les épaules à sa remarque.

— Qui défendra cette fille si ce n'est pas moi ?

Mes parents, à l'occasion de leur vingt ans de mariage, étaient allés dîner dans un restaurant en ville, me laissant la garde des garçons. Cela remontait à longtemps, la dernière fois qu'ils avaient eu un moment pour eux. Ils avaient été tellement occupés depuis notre arrivée à Paris ! Entre Assen qui n'était qu'un bébé, notre adaptation dans un nouveau pays avec une nouvelle culture ainsi qu'une nouvelle langue et le travail épuisant de mon père, la vie avait été un peu compliquée. Juste un peu. Et puis les mois sont passés, ma mère adorait son nouveau travail, Georges était devenu assez grand pour prendre ma relève et j'avais fait la rencontre d'Eren. Les années sont passées et cela faisait vingt ans que mes parents s'étaient unis pour le meilleur et pour le pire. Après les avoir vu traverser le pire, mes frères et moi avions insisté pour qu'ils aillent fêter le meilleur, quitte à se séparer de nous toute une soirée.

Une vie calme, en somme. Sauf quelques petits imprévus. Imprévus qui, après s'être accumulés étaient venus à bout de ma patience ; c'est donc sans autre solution que je consultais Eren. Il était si heureux de vivre et si simple d'esprit (dans le bon sens hein pas dans le mauvais, on parle quand même de mon meilleur ami) qu'il me paraissait évident qu'il serait une bonne oreille, en plus d'être de bon conseil.

— T'es amoureux mon pote ?

— Quoiiiii ? Ilian est amoureux ? reprit Georges.

—'mouuuuur, gazouilla Assen.

— Vous avez deviné mon secret, en vrai je suis amoureux de la Reine des Neiges !

— Non. Georges me lança un regard meurtrier. Elle c'est mon amoureuse. Ok ?

Et ils se mirent à charrier Georges pour son amour obsessionnel pour la princesse des Glaces, me laissant enfin tranquille. Je lâchai un profond soupir en m'affalant sur le canapé.

— Non, je suis pas amoureux. C'est juste que...

— Que... ?

— Que ce n'est pas n'importe qui. Voilà.

— Elle est spéciale ?

— Oui. À sa manière.

Il me regarda perplexe. Les filles n'avaient jamais été notre sujet de discussion favori. Nous étions loin d'être populaires, à notre plus grand soulagement, et Eren considérait cela comme une perte de temps à notre âge. C'est la première qu'on en parlait.