KAITO SUZUKI : L'âme recherchée (Tome 1)

Chapitre 11 partie 1

Le jour tant redouté et espéré à la fois est enfin arrivé. Alors que l'aube éclaire timidement l'horizon, je me réveille avec un nœud au ventre. Les premiers rayons du soleil se glissent à travers les minces cloisons de papier du dortoir, projetant des motifs lumineux sur le sol en tatami. Mon cœur bat la chamade, martelant ma poitrine avec une intensité presque douloureuse.

Aujourd'hui, c'est le jour de l'examen final.

Je me lève lentement, prenant soin de ne pas réveiller le groupe encore endormi. Chaque mouvement semble plus lourd, plus significatif. Je m'étire doucement, tentant de chasser la raideur de mes muscles après des mois d'entraînements intenses. La pièce est plongée dans un calme solennel, seulement perturbé par les respirations régulières des autres.

Mais leur sommeil ne dure pas longtemps, le gong sonne à travers tout le temple, ils se réveillent tous de la même manière : avec un regard anxieux. La vieille dame entre et dépose le petit déjeuner mais personne ne se sert, je pense qu'on est tous dans le même état : on craint de vomir.

Après nous être changés, Eiji vient nous chercher pour la première fois, la seule depuis ce premier matin au temple. Il nous conduit jusqu'à la cour extérieure, jusque-là réservée uniquement aux gradés.

Cet espace est une véritable œuvre d'art naturelle, enchâssée au cœur de la forêt de bambou. En sortant du sanctuaire, mes yeux s'émerveillent devant l'harmonie parfaite entre l'architecture et la nature environnante. Le contraste est saisissant entre les structures en bois sombre et les verts éclatants des bambous qui entourent le périmètre.

La cour est vaste, un espace dégagé de toute végétation, excepté pour quelques arbres soigneusement placés, offrant une ombre bienveillante. Le sol est recouvert de gravier fin, disposé de manière à former des motifs géométriques élaborés, des cercles concentriques et des lignes droites, symbolisant l'équilibre et l'ordre. Au centre, une grande pierre plate, polie par le temps et l'usage, sert de point de rassemblement.

Des lanternes de pierre bordent les chemins menant à la cour, leur présence silencieuse ajoutant une touche d'ancienne sagesse au lieu. Certaines sont déjà allumées, malgré l'heure matinale, leurs flammes vacillantes dans la brise douce créent une atmosphère presque mystique. Les fleurs de cerisier tombent lentement des branches des arbres, ajoutant une touche de rose pâle au paysage principalement vert et gris.

À l'extrémité de la cour, un petit pavillon en bois, finement sculpté et décoré de motifs de dragons et de phénix, se dresse avec une élégance discrète. C'est ici qu'Eiji et les autres troisièmes gradés de l'Ordre prendront place pour observer l'examen. Le pavillon est surélevé, offrant une vue imprenable sur toute la cour, leur permettant de juger chaque mouvement, chaque parole, chaque combat.

Les bambous, hauts et élancés, se balancent doucement sous la brise, créant une mélodie apaisante de feuilles frottant les unes contre les autres. Leur dense feuillage filtre la lumière du soleil, projetant des ombres mouvantes sur le sol. C'est comme si la cour était un sanctuaire à part entière, protégé et béni par les esprits de la forêt.

Eiji s'avance vers le pavillon, pendant que tous les autres se mettent en rang, admirant le paysage auquel ils n'avaient pas accès. Un léger frisson traverse mon échine me forçant à regarder vers notre maître, une jeune femme vient d'apparaître à ses côtés et je la reconnais très vite à sa manière de se déplacer : Naoko.

Deux autres hommes apparaissent tous les deux vêtus d'un kimono bleu, je reconnais l'un deux, il s'agit de celui qui donnait déjà un entraînement la première fois que nous nous étions rendus à la grande salle. Ils se retournent tous vers nous et se mettent à discuter entre eux.