Chapitre Deux.

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L'assiette de pâtes au beurre est toujours intacte devant le petit visage pensif de Léo et Harry, qui n'a cessé de jeter des coups d'œil inquiets à son fils depuis qu'ils sont rentrés tous les deux de l'école ce midi, finit par le pousser gentiment à la confession.

D'habitude, il attend qu'il lui en parle de lui-même, mais là, son air est trop torturé et trop triste pour qu'il attende une seconde de plus. Les petits anges ne devraient pas souffrir comme ça, pas à cinq ans. Ils devraient sourire, sauter, danser, ils ne devraient jamais pleurer, jamais tomber malade. Ils devraient embrasser la vie et rire aux éclats.

Ils ne devraient pas faire cette tête là.

_Mon Léo, appelle alors Harry en essayant d'attirer son attention. Mon ange ?

Les boucles se relèvent mais ses yeux restent baissés.

_Hey, mon cœur, qu'est-ce qu'il se passe ?

Son papa s'est levé et a contourné l'îlot central pour s'accroupir près de la chaise et dégager une mèche qui lui tombait sur le visage.

_Léo ?

Il y a encore un moment de battement avant que la petite voix étranglée ne retentisse pour briser le cœur de son papou :

_T'es sûr que papa, il n'est pas parti parce qu'il ne m'aimait plus ?

C'est presque un chuchotis, une inspiration, une supplication, une question qu'il n'est pas sûr de vouloir poser parce qu'il n'est pas sûr d'en vouloir la réponse.

Les iris émeraude de son papa s'ouvrent alors grands comme des ballons et il remarque les perles d'eau salées qui menacent de dévaler les joues de son fils même s'il s'obstine à vouloir les cacher.

_Mais bien sûr que non ! il s'exclame une fois la surprise passée. Bien sûr que non que papa n'est pas parti parce qu'il ne t'aimait plus ! Tu le sais mon petit cœur, il te le dit tout le temps qu'il t'aime.

Un reniflement lui répond et il continue sur sa lancée :

_Papa, il t'aime Léo. Il t'aime plus fort que n'importe qui. T'es son bébé, son petit ange. Il t'aimera toujours, même s'il n'est pas là. Même quand tu seras grand, quand tu seras vieux et tout ridé, papa et moi, on t'aimera quand même, d'accord ?

Il opine timidement du chef et Harry en profite pour déposer un baiser sur sa pommette humide. Il y a une question qui lui brûle les lèvres mais il n'ose pas la poser. Au fond, il connait déjà la réponse ; et Léo le devance :

_C'est Kris qui a dit ça.

Les poings du bouclé se serrent parce que ce n'est pas la première fois que ledit Kris est responsable des chagrins de son fils, et une part de lui lui murmure de rester en dehors de ça.

« Les histoires de gosses, ça reste des histoires de gosses. » disent les parents autour de lui.

Seulement il y a une différence entre décapiter la poupée de Jenny parce qu'elle est moche et faire du mal à Léo parce que ses parents se sont séparés. Il y a une différence entre faire la tête à Paul parce qu'il ignore Jacques et raconter à qui veut l'entendre que les parents de Léo ne sont pas normaux. Il y a une différence entre tout ça. Et cette différence, elle commence là où s'arrêtent les gamineries écolières : cette différence, elle commence lorsque naissent la méchanceté et l'envie de faire mal.

Et ça, ce n'est plus des histoires de gosses, c'est grave.

_J'ai dit à Bryan et Leeloo que papa allait venir aux vacances de mai, reprend Léo sans se douter du combat intérieur que mène son père, mais Kris a entendu. Alors il a dit qu'il était parti parce qu'il ne m'aimait plus. Et que c'était pour ça qu'il n'était pas venu aux vacances de février.

The perfect sky is Torn.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant