Chapitre Dix-Sept.

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Lorsque la porte d'entrée de la maison s'ouvre de nouveau vers quatre heures du matin, faisant apparaitre une Anne et un Harry exténués, ils sont tous les deux encore en train de râler parce que l'une ne cesse de répéter à l'autre de faire attention. Et c'est comme ça depuis trois heures durant.

_Tu vois, tu boites.
Encore.

Ils sont arrivés aux urgences à vingt-trois heures quarante, suite au coup de fil inquiet du bouclé qui n'arrivait plus à poser sa jambe droite sur le sol après s'être relevé en jurant.
Pour être parfaitement honnête, il a d'abord vaillamment cru qu'il s'était juste foulé la cheville et a tenté de faire fi de la douleur sur quelques mètres avant de s'effondrer lamentablement devant le canapé en retenant un grognement de souffrance.

Alors c'est Des qui est venu garder Léo pendant ce temps ; pendant toutes ces longues heures passées dans la salle d'attente à se demander s'il ne fallait pas mourir devant eux pour que les internes se décident enfin à accorder un peu d'attention au bouclé.

Quoiqu'il en soit, il aura fallu au papi un immense calme pour faire prendre au petit ange plusieurs bouffées de ventoline. Car il s'est affolé dès qu'il a vu sa mamie emmener son Papou à l'hôpital, et il a totalement oublié sa précédente colère. Il a éclaté en sanglot, là, sur le perron de la porte, alors que la pluie s'était mise à tomber finement sur la ville. Il a éclaté en sanglots quand il a comprit que la voiture ne s'arrêterait pas.
C'est sur le canapé qu'il a néanmoins finit par s'endormir vers deux heures du matin à force de larmes et d'excuses répétées, et son papi l'a remonté dans son lit pour le border, l'embrassant sur le front de manière tendre.

_J'ai le pied fracturé, rétorque soudain Harry en levant les yeux au ciel. Évidemment que je boite, maman.

Ils viennent de faire irruption dans le salon où Des est assit, et ce dernier se lève automatiquement, regardant son fils clopiner jusqu'à lui en grimaçant le moins possible pour garder toute sa fierté. Alors il soupire en posant une main compatissante sur son épaule.

_Combien de fois, quand t'étais gamin, ta mère et moi t'avons dit de ne pas courir dans les escaliers ?

La question est purement rhétorique, et elle a même le don d'amener un sourire amusé sur les lèvres d'Anne, qui finit par abandonner son masque sérieux et réprobateur.

_Bon, et ce verdict ; tu en as pour combien de temps ?

_Deux mois d'attelle, ronchonne l'éclopé en s'enfonçant dans les coussins du canapé, lançant sa tête en arrière avant de souffler.

_Il n'a pas voulu prendre de béquilles. Monsieur est trop digne pour s'y abaisser.

Anne vient de râler une fois de plus dans le but de faire réagir à la fois le père et le fils, mais le premier se contente de soupirer tandis que le deuxième ignore totalement la remarque qu'il a déjà entendu à cent reprises dans la soirée.

_Et comment tu vas faire pour aller travailler ?

_La boulangerie est fermée le dimanche, maman.

_Et lundi, tu vas voler tel superman jusqu'à l'école de ton fils ?

L'inquiétude est perceptible par-dessous l'ironie et c'est pour cela qu'aucun des deux hommes ne relève la réplique plutôt corsée d'Anne, qui ne fait que laisser parler son esprit maternel : elle a peur pour son fils.

_Ça ira, maman.

Mais elle n'en ai pas plus convaincue et soupire, finissant par s'approcher de lui pour passer une main dans ses boucles trop longues en le faisant rouvrir les yeux.

The perfect sky is Torn.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant