Chapitre 15

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| J'ai plongé mon regard dans les yeux verts de la blonde. Verts comme ceux d'Alban. Blonde comme lui.
-Qui es-tu ?
-Je m'appelle Lola.|

Pdv extérieur
Paul, Alban et les 15 volontaires retournèrent au camp, le coeur léger. Les brebis allaient bientôt donner du lait, on en ferait du fromage, ou on le boirait comme ça et cela suffirait pour quelques heures. Paul avançait en tête, un sourire sur le visage, mais plus il se rapprochait du camp, plus son sourire disparaissait. Comment allait-il gérer ses gens ? Il poussa une dernière branche et se retrouva dans la clairière où ils avaient dormi. Quelqu'un avait pris les choses en main. Les blessés étaient soignés du mieux possible, les enfants étaient tous en train de jouer tranquillement dans un coin sous la surveillance attentive de quelques adultes, tandis que les autres discutaient dans un coin. Une vieille femme sourit à Paul et ce dernier pu lire un "Merci" sur ses lèvres. Il hocha la tête et lui sourit. Qui avait organisé tout ça ? Son coeur se mît à battre plus vite. Sarah. C'était la seule capable de s'être fait écouté par tous ces gens. Il se surpris à espérer pendant un instant.
-Paul !
Il se retourna et ses yeux se posèrent sur la jeune fille rousse qui venait d'apparaître. Son sourire s'étira sur son visage.
-Salut.
-J'ai... J'ai pris les choses en main en ton absence. J'ai organisé un peu tout ça. Je... Je voulais te remercier de nous avoir tous sauvé.
Une pointe de déception parut dans le regard de Paul. Ce n'était pas Sarah. Elle n'était pas revenu au camp comme par magie. Il sourit à la rousse.
-Merci Elena, mais je n'ai rien fait. C'est Sarah qu'il faut remercier.
La jeune fille posa un main sur son bras.
-À propos... Je suis vraiment désolée.
-Merci.
Sa voix se brisa, et Elena décida qu'il était temps de changer de sujet.
-Pendant votre absence j'ai fait le recensement du camp. Il y a environ 280 personnes, avec une marge d'erreur de 10 personnes pas plus. Il y a 56 enfants entre 10 mois et 14 ans. J'ai considéré qu'après ils étaient assez grands pour nous aider...
Paul lui sourit.
-Tu as eu raison. Tu as fait de l'excellent travail, je ne sais pas quoi te dire.
-C'est normal, tu ne peux pas tout gérer, Alban c'est ça ? Non plus et maintenant que Sarah... Bref tu vas avoir besoin d'aide et je veux t'aider.
-Merci Elena. Qu'est-ce que t'as d'autre ?
-Alors il y a 17 personnes âgées qui ne vont pas pouvoir nous aider. Et j'ai trouvé 7 personnes qui étaient médecin qui s'occupent des blessés.
-Parfait. Combien de blessé ?
-4 graves, et environ une soixantaine de blessés superficiels.
-Des morts ?
-On a perdu aucun blessé et trouvé aucun corps. Mais certaines personnes disent qu'ils y avaient des solitaires dans la ville, des solitaires qui... Ne sont pas là.
-Je sais... On a pas eu le temps de récupérer tout le monde, les familles ont pris les leurs, mais les solitaires n'avaient personne à prévenir.
-On a aussi une vieille dame qui dit avoir perdu sa petite fille dans la cohue. On est encore en train de voir si elle n'est pas avec les autres enfants. Il y a quelques orphelins sans famille, mais très peu ont moins de 10 ans... Ah et on a aussi 5 bébés.
-Des bébés ?
-Des enfants de moins de 3 ans.
-Des enfants de Fou, compléta t-il.
Elle acquiesça silencieusement. Les Fous, c'est le nom qu'on avait donné aux personnes qui continuait de croire que tout allait s'arranger. Qu'il restait un espoir que la vie redevienne comme avant. C'était les seuls qui continuaient d'aller travailler, d'épargner, de se marier, et... D'avoir des enfants.
-Tu as fait du bon boulot Elena, merci. Il se pencha vers elle et l'embrassa doucement sur la joue. La jeune fille rougit légèrement et lui sourit.
-Je peux te demander un dernier truc ?
-Bien sur, répondit-elle.
-Est-ce que tu peux me rassembler les personnes en état de travailler dans la clairière un peu plus au Nord. Il faut commencer à lancer quelques expéditions.
Elle hocha la tête et s'éloigna rapidement. Paul fit un signe de la main à Alban qui laissa les 15 volontaires rejoindrent le groupe qui suivant Elena se dirigeait déjà vers la clairière du Nord.
-Alors ?
-Alors elle a parfaitement gérer le truc.
-Tant mieux. Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? Demanda-t-il après un silence.
-On va commencer à construire un camp. Trouver de la nourriture, des vêtements, et faire passer un message aux autres survivants des villes.
-Ça me paraît être un bon plan.
-À moi aussi.
-Mais... Paul ?
-Oui ?
-Et pour les disparus ?
Paul tourna tristement la tête vers lui.
-Ça c'était le domaine de Sarah, je.. Je ne...
Alban posa une main rassurante sur son bras.
-On verra après.

Pdv Sarah
Lola. Un nom. Un souvenir. Je fermé les yeux.
Elles couraient dans un jardin public. Sautant par dessus les buissons en riant. Leurs éclats de rire s'envolaient aussi haut que les cris des oiseaux, et leurs sourires mettaient de la chaleur dans les coeurs. Elles disparurent du champ de vision de leurs parents, et se glisserent dans un tunnel. Un très vieux tunnel sombre. Leur repaire.
J'ai ouvert les yeux. Je la connaissais. D'avant. On avait était amie, petites.
-Lola... On était amie.
Un grand sourire illumina son beau visage.
-Tu t'en souviens ?
-Maintenant oui.
-Tu as fait comme les autres. Tu as oublié.
-J'ai essayé. Pour que ce soit moins dur.
-Et ça a marché ?
-Non.
-Tu as juste perdu tes souvenirs. Tu les as ensevelis. Pour rien. N'essaie pas d'oublier ton passé, utilise le pour faire du futur un présent merveilleux.
J'ai fermé les yeux. Je sentais tellement de question se bousculer dans ma tête. La douleur de ma jambe, la tristesse des ruines, la fatigue, la non alimentation et toutes les choses que je venaient d'apprendre tombèrent sur moi comme un coup de marteau qui me fit tituber. Lola se précipita et je m'appuya sur elle.
-Tu es fatiguée et blessée. Je crois que ça fait un peu trop d'informations à digérer.
J'ai hoché silencieusement la tête. Le monde tournait autour de moi et une douleur lancinante me vrillait les tympans. Lola me soutient jusqu'à la première pièce. Elle m'allongea sur le lit, et s'assit à côté de moi. Elle caressa doucement mes cheveux.
-Tu te souviens de moi ? Me demanda t-elle.
-Oui.
-Mais est-ce que tu te souviens d'Alban ?
-Je... Je...
-Tu t'en souviens. Mais tu lutte encore contre ce souvenir. Laisse le venir à toi.
J'ai fermé les yeux. N'oublie pas ton passé, utilise le pour faire du futur un présent merveilleux. Et j'ai laissé les souvenirs m'envahir.

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