Chapitre 1

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"Cours Sarah ! Cours !" J'ai écouté mon instinct et je me suis mise à courir. Probablement plus vite que vous n'avez jamais couru. J'ai entendu des cris derrière moi. Je ne me suis pas retournée et j'ai continué de courir. Ma maison n'étais plus qu'à quelques mètres. J'y serais dans moins d'une minute. Une douleur fulgurante a traversé ma jambe droite et je suis tombée. J'ai essayé de me relever mais impossible. J'ai commencé à me traîner vers ma maison. Il fallait que je l'atteigne, il le fallait je n'avais pas le choix. Mais elle semblait s'éloigner, toujours plus loin, toujours plus flou à mesurer que la vie s'échappait de mon corps. J'ai tendu une main désespérée vers ma maison, mon chez moi. Si je devais mourir quelque part j'aurais voulu que ça soit la bas. Une botte noire d'homme est entrée dans mon champ de vision. J'ai tourné la tête vers son propriétaire. Un homme me regardait, un sourire mauvais sur la figure et un flingue dans la main. "Bordel, il m'a tiré dessus ce connard !" me suis-je dit. Peut-être pas la pensé la plus philosophique que j'ai jamais eu de ma vie. Il a eu un rire mauvais, à pointé son flingue vers moi et a appuyé sur la gâchette.

Je me suis réveillée en sursaut. J'étais en sueur dans mon lit, dans ma maison et surtout bien en vie. Je me suis levée, et je me suis dirigée vers la salle de bain. J'ai allumé la lumière blanchâtre, et je me suis dirigée vers le lavabo. Je me suis rincé le visage à l'eau froide. Je suis redressée et je me suis regardée dans le miroir. Mes cheveux bruns avec lesquels j'avais fait une tresse avant d'aller me coucher tombaient maintenant en cascade sur mes épaules. J'ai fait une grimace en pensant à demain quand j'allais devoir les démêler. Je m'étais mal démaquillée, et des traits noirs encadraient mes grands yeux gris. J'ai pris un coton et j'ai tenté d'en enlevé le plus possible. Je jeté le coton et j'ai éteint la lumière. Je suis passé devant la chambre de mon grand frère, et comme par réflexe j'ai entre ouvert la porte pour vérifié qu'il allait bien. Il était assis sur son lit et envoyé des messages. Il a levé la tête et m'a vu.
-Ça ne va pas ? M'a-t-il demande.
-J'ai fait un cauchemar.
-Ah.
-Et toi pourquoi tu dors pas ?
-Insomnie ma grande.
-Encore ?
-Ouais. Tu veux rester un peu ?
-Ouais, si ça te dérange pas.
-T'inquiète, viens t'asseoir ici.
Je me suis approchée de son lit et je me suis installée à côté de lui. Il a passé un bras par dessus mon épaule affectueusement, et j'ai posé ma tête sur son épaule.
-Ça va ? M'a-t-il demandé.
-Nan je comprends pas et ça m'énerve.
-Personne ne comprends petite soeur.
-Des que je me réveille la nuit je vais vérifier si vous êtes toujours là.
-C'est normal, petite soeur. Je me lève toutes les heures pour vérifier que tu es bien dans ton lit.
-T'inquiète j'ai pas prévu d'être la prochaine.
-Je sais que tu sais te défendre, mais je suis ton grand frère, c'est mon rôle.
-Tu peux pas tout faire Paul.
-Je peux essayer au moins.
-Tu peux toujours essayé, ai-je dit en souriant.
Il m'a souri à son tour et m'a embrassé sur le front.
-Je vais te laisser, je crois que... Elena t'as répondu.
Il a rougit et a récupéré son téléphone.
-Bonne nuit petite soeur.
-Ouais, dit bonjour à Elena de ma part, ai-je répondu avec un sourire espiègle.
Il m'a tiré la langue, et je suis retourné me coucher. Je me suis glisse sous les couvertures. J'ai glissé la main sous mon oreiller pour vérifier que mon couteau n'avait pas bougé. Il était toujours là. J'ai serre les doigts sur le manche et j'ai fermé les yeux pour me rendormir. Mon esprit a commencé à divaguer, et je me suis demandé "Qui aura disparu demain ?".
Depuis bientôt 3 ans, tous les jours plusieurs centaines de personnes disparaissent sans explications un peu partout dans le monde. On ne retrouve rien, pas de corps, pas de trace de lutte, pas de sang. Rien. Ma mère a disparu comme ça. Le soir, on est parti se coucher, et le matin elle n'étais plus là. J'ai secoué la tête pour chasser ces pensées négatives de mon esprit. J'ai fermé les yeux, et je me suis endormie.
~
Mon réveil a sonné. J'ai sauté hors de mon lit et j'ai arrêté mon réveil. Je suis sorti de ma chambre et comme tous les matins je me suis dirigée vers la chambre de Paul. Il est sorti en trombe et a levé le pouce. Nous nous sommes tournés vers la chambre de notre père au bout du couloir. Il n'étais pas sorti. Ce n'est pas normal. J'ai regardé mon frère d'un air inquiet. Il s'est approché de moi et m'a pris la main. Ensemble nous avons avancé vers la chambre de notre père. La porte était toujours fermée. J'ai mis la main sur la poignée, j'ai inspiré un grand coup et j'ai ouvert la porte en grand. J'ai senti mon coeur se serré dans ma poitrine, et les larmes me sont montées aux yeux. La chambre était vide. Mon père n'étais plus là. J'ai senti mes jambes se dérobaient sous moi. Je me suis appuyée sur mon frère. Il m'a pris dans ses bras et m'a serré très fort.
-Maintenant tu es tout ce que j'ai au monde, m'a-t-il chuchoté.
-Toi aussi.
-S'il t'arrivait quelque chose je... Je ne me le pardonnerai jamais.
-Il ne m'arrivera rien.
-Papa tenait le même discours, et maman avant lui.
Je n'ai rien répondu. Il n'a pas eu besoin de parler des autres. On le savait le tous les deux. On est resté là quelques minutes à se serrer l'un contre l'autre.
-Il faut qu'on y aille, ai-je dit.
-Ouais.
On s'est séparé.
-Tu m'enverra un texto toutes les heures ok ?
-Promis, ai-je répondu.
-Eh ?
-Quoi ?
-Demain ça fera trois ans.
-Je sais.
-On fera le compte demain ?
-...
-J'en n'ai pas envie non plus.
-On le fera.
Le compte. Chaque année, depuis 3 ans, le jour où tout a commencé, on fait la liste des personnes qui ont disparu. Mon père disait "N'oubliez jamais ces noms. Si un jour vous deviez les retrouver, vous voudriez vous souvenir d'eux et qu'ils se souviennent de vous." Et chaque année cette liste de nom s'agrandissait un peu plus. Au début pour chaque disparu, tu pleurais, et tu ne faisais plus rien, puis au fur et à mesure que les gens continuaient de disparaître, on s'est habitué. Des sites internets donnent le nom de toutes les personnes qui ont disparu partout dans le monde tous les jours. Tous les jours des gens disparaissent. Ça peut aller de deux à 1 583. Sans explications, ils disparaissent. J'essaie d'aller regarder et de lire la liste des disparus du jour le plus régulièrement possible, mais je ne trouve pas toujours le temps. Avant j'étais triste à chaque fois que je lisais ces noms. Aujourd'hui je ne le suis plus. Aujourd'hui je suis en colère. En colère contre ce monde où les gens disparaissent sans laisser de trace. En colère contre la société. En colère contre les responsables. En colère contre moi qui suis incapable de protéger ceux que j'aime. En colère contre moi qui suis incapable de faire changer les choses. Je suis remplie d'une rage dévastatrice.

DisparitionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant