Chapitre 1 : Rencontre

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Tard le soir, dans une allée.

MIKE : La pluie venait de cesser de tomber et je rentrais enfin chez moi. Malgré la longue journée de travail, j'avais accepté l'invitation de mes amis pour aller les rejoindre au bar du coin de la rue, le "Stray Sheep". Je savais que j'avais encore du boulot mais je devais bien m'accorder un soir de répit ; cela faisait plusieurs semaines que je n'avais pas eu de vraies vacances...
Bref. Je marche dans la rue habituelle, qui m'amène jusqu'à chez moi. L'air était frais ; on sentait l'humidité du goudron. Quelle heure était-il ? Peu importe. Je devais juste me coucher et dormir. On verra bien si j'ai assez dormi ou non.
J'arrive sur le pas de la porte et sors mes clés. Le tintement de ces dernières qui s'entrechoquent résonne jusqu'au fond de la ruelle. J'ouvris la porte, mais quelque chose me retint. Un bruit ; on aurait dit un souffle.

ROXANNE : Malgré le fait que c'était l'été, il faisait frais. Après tout, c'est normal si on regarde la moyenne de température. Il fallait que vite je rentre chez moi. Mon sweat ne me tenait pas bien chaud, mais il m'avait tout de même dépanné lorsque la pluie s'est mise à battre.
Je rentrais de chez mes parents, donc je venais de la gare pour me diriger vers chez moi.
Le problème, c'est que je n'avais pas beaucoup le sens de l'orientation et la nuit n'arrangeait pas les choses. J'avais beau essayer de me souvenir des points importants, je n'arrivais pas à les distinguer dans cette pénombre humide où seuls les lampadaires essayaient d'éclairer comme ils le pouvaient. Cela ne faisait qu'une semaine que j'habitais ici, c'est pour ça que je n'avais pas encore mes repères.
Soudain, j'aperçus quelqu'un. Cette personne devait sans doute rentrer chez elle puisqu'elle sortait un trousseau de clé avec quelques porte-clés accrochés dessus de sa poche. Je m'en approchais et demandais tout simplement : "Bonsoir. Excusez-moi de vous déranger, mais je me suis perdue."

MIKE : Je me retournai et vis ce qui m'avait légèrement fait sursauter. Ou plutôt qui. Je l'observai de haut en bas puis lui sourit amicalement, avant de lui dire simplement: "Bonsoir. Vous ne me dérangez pas du tout. D'où venez-vous ?"

ROXANNE : J'analysais celui que j'avais interrogé, parce qu'il ressemblait plus à un homme qu'à une femme.
Naturellement, je lui répondis : "De la gare." Cette phrase manquait sans doute de précision, mais je n'allais tout de même pas lui dire que je revenais de chez mes parents, parce que de toute façon, c'était inintéressant. La seule chose que j'aurais pu rajouter à ce moment, c'était où j'allais, mais pour une raison quelconque, ça ne m'avait pas marquée à cet instant.

MIKE : Je ris doucement. Son innocence me fit penser à ma sœur, lorsque nous étions enfants... M'extirpant de ma nostalgie, je repris doucement : "Je parlais de votre chez-vous ; où vous habitez. Que je puisse vous guider pour retrouver votre chemin."
Peut-être est-ce que j'avais mal formulé ma phrase ? Peut-être aurais-je plutôt du demander où voulait-elle aller...

ROXANNE : On m'a toujours dit de réfléchir à deux fois avant de dire quoi que ce soit, sauf que dans ma tête, ça ne marchait pas vraiment de cette manière. En tout cas, j'avais pris la phrase dans le mauvais sens, c'est un point à ne pas oublier : les phrases peuvent avoir deux voire plus de sens différents. J'avais pris le premier qui m'était venu.
"J'habite dans..." Comment s'appelait ma rue déjà ? Je sais que c'était un nom propre, mais je ne savais plus de qui. En plus, il devait y en avoir d'autres de personnes célèbres dans la ville. Je ne devais vraiment pas avoir l'air idiote. Il fallait vite que je donne une réponse, mais quoi vu que je ne savais plus. J'étais en train de gaspiller de son temps et je m'en voulais.

MIKE : Je souris à nouveau. Cette fille avait vraiment l'air perdue. Je regardai ma montre : presque 23h30. "Vous êtes pressée ?" lui demandai-je.
D'un sens, je me disais que ce n'était pas forcément une bonne idée, surtout que j'avais encore du pain sur la planche. Mais pour une fois, l'envie de faire autre chose que mon boulot me prit (et c'était très rare). Je me dis donc que je devais en profiter.

ROXANNE : Pour moi, c'était les vacances, il n'y avait aucune raison que je sois pressée. Sans réfléchir vraiment, une fois de plus, je lui répondis : "Non, pourquoi ?"
Je ne savais toujours pas la tête qu'il avait vraiment : je savais juste quand il me souriait parce que je voyais la commissure de ses lèvres se lever doucement.

MIKE : Toujours mon sourire collé sur mon visage, je remis mes clés dans une poche et me tournai complètement vers elle. Je descendis la marche qui me grandissait de quinze centimètres et m'approchai un peu plus près de la demoiselle.
"Vous me permettez de vous offrir un verre ?"

ROXANNE : Quand je le vis ranger son trousseau, je ne compris pas tout de suite : il ne voulait plus rentrer chez lui ? Après, quand il fut descendu de la marche, je pus remarquer qu'il ne devait avoir entre trois et cinq centimètres avec moi. Ce sont des détails, mais j'avais besoin de me les mettre en tête.
Puis, il me demanda si je voulais boire un verre. Pourquoi pas ? Je ne savais plus où j'habitais et il me le proposait gentiment.

MIKE : "Bien." répondis-je simplement. Je me mis donc en quête de trouver un bar encore ouvert. Pour un jeudi soir, ça n'allait pas être simple, mais la ville est grande ; on allait bien finir par tomber sur quelque chose de sympathique.
Après quelques temps de marche dans la nuit calme, je m'arrêtai devant la porte d'un petit pub irlandais, discrètement caché entre deux immeubles d'appartements.

Illustration by Leilani

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