Chapitre 10 : Aveux

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ROXANNE : J'attendais ses remarques, ses reproches... De toute façon, maintenant que j'avais commencé mon histoire, il fallait bien que je la termine, même si j'avais dit que je ne pouvais pas :
"Bon, je vais t'expliquer, si tu le désires, pourquoi j'ai fait ça..."
Cette phrase était tellement dure à sortir puisque je pleurais et que j'allais encore plus pleurer... Mais il fallait que j'évacue toute cette tristesse et la seule, enfin peut-être, personne qui pouvait m'écouter, c'était lui.

MIKE : Je remis mes idées en place. Là, se présentait une occasion qui n'allait pas revenir souvent. Je devais en profiter ; je m'avancer donc légèrement dans sa direction, comme pour dire que j'étais là ; j'étais prêt à écouter son récit.

ROXANNE : Je soufflais un bon coup, essuyais mes larmes et commençais :
"Jusqu'à mes 8 ans, j'avais un frère. On s'entendait à merveille tous les deux. Ils avaient 2 ans de plus. Un jour, alors que nous étions en train de jouer dans la forêt, nous aimions beaucoup jouer dans les arbres, nous entendions un coup de feu : des chasseurs. Inconscients, nous commencions à grimper, enfin moi, et un deuxième se fit entendre. Je vis mon frère à terre, mort... C'est alors que j'entendis ce nom : «Washovsky». J'ai juré sur sa tombe que je le vengerais. C'est alors que j'ai retrouvé sa trace et que j'ai commencé à lier une «amitié» avec lui. Nous aimions tous les deux la photo. Et ce soir-là, aux alentours de minuit. Je l'ai tué. Mais pas avec une arme à feu. Avec mes mains, du moins, j'espérais l'achever."

MIKE : J'écoutais son histoire. Certains points me firent frissonner et d'autres, serrer les dents. Mais pas de la colère envers Roxanne, non. Ma colère était contre ces stupides chasseurs qui l'ont abattu sans faire attention...
Etonnement, je ne ressentais aucune colère envers Roxanne qui, je vous le rappelle, vient de me confirmer qu'elle était bien celle qui avait tué Washovsky. Mais plus je la regardais, plus j'avais l'impression de comprendre ce qu'elle ressentait tout au fond d'elle.

ROXANNE : Je n'osais demander, alors que ça me paraissait évident, s'il me dénoncerait : il en serait obligé de toute façon. Son travail prime et elle le comprend.
Je voulais juste vérifier une dernière chose : "Lorsque vous êtes allés voir ce cadavre. Il était mort depuis combien de temps ? Est-ce qu'il a bien souffert ?" Ce n'est pas le genre de phrases que sorte les jeunes filles de mon âge, mais cette rage que je gardais en moi depuis ma jeunesse me travaillait depuis tellement longtemps que j'avais limite perdu tout contrôle de ma parole.

MIKE : Je réfléchis un instant en fronçant les sourcils, puis dit : "Tu disais que tu l'as fait avec... tes mains ? C'est étrange..."

ROXANNE : "Oui... Je ne supporte pas de le faire avec des armes. En tout cas, quand je l'ai laissé, il agonisait au sol."

MIKE : J'écarquillai les yeux. Il y avait quelque chose qui ne jouait pas, qui ne s'assemblait pas dans le puzzle de toute l'affaire. Je continuai à haute voix : "Pourtant... Le corps qu'on a retrouvé avait une balle fichée dans la tête... Justement sur sa tempe droite et comme il est gaucher, il n'avait pas pu se suicider ; c'était forcément un meurtre. Mais alors..."

ROXANNE : "Ce ne peut être moi : j'avais mon appareil photo. Je ne pouvais pas cacher une arme."
Je réfléchis un instant :
"À quelle heure s'est fait entendre le coup de feu ? Parce que quand je l'ai laissé, il devait être minuit, minuit et quart. Trente grand max."

MIKE : Je réfléchis à mon tour et répondis : "Mme Felini nous a appelé un peu après une heure du matin. Ça avait dû avoir lieu quelques temps avant..."

ROXANNE : Ai-je vu quelqu'un lorsque je suis retournée chez moi ? Ai-je entendu un bruit ? Non. Ma colère était trop grande encore pour que je l'entende. Mais même, ça m'aurait fait sursauter. Est-ce que j'aurais consommé quelque chose avant ? Que faisais-je avant ? J'étais...j'étais... Le vide. Je n'arrivais pas à accrocher entre le moment où je l'ai rejoint et où je l'ai tué. Il y a un trou. Même avant que je ne le rejoigne il y en a un...

MIKE : Je ne disais rien, j'essayais juste de réfléchir, mais mon cerveau avait l'air endormi. "Tu ne te souviens de rien d'autre ?"

ROXANNE : "Non. Rien." Je réfléchissais, qu'avais-je fait ? Il fallait que je rentre chez moi vérifier des trucs, notamment voir si j'avais un flingue ou une arme à feu.
"Je...Il faut que je rentre ! Je dois vérifier quelque chose !"

MIKE : Je réagis vite : "Tu veux que je vienne avec toi ? Enfin... si tu veux."

ROXANNE : "Pourquoi donc ? Tu n'as pas peur de rentrer avec une tarée qui tue les gens à mains nues ?"

MIKE : Je rigolai bêtement. Je fis fonctionner mes méninges un instant, avant de me dire que ce n'était sûrement pas un problème si je marchais un peu avec elle. Elle aurait pu me tuer bien avant si elle en avait envie. Et même si elle le faisait maintenant, tant pis. Tout le monde s'en fouterait royalement.

ROXANNE : Comme par magie, je trouvais la sortie de la forêt tout simplement et le chemin de ma maison. D'où avais-je acquis ce sens de l'orientation encore inexistant il y a quelques jours ? Arrivés devant mon immeuble, car oui, je vivais dans un appartement, je rentrais le code et ouvris la porte pour la laisser se refermer toute seule derrière Mike. J'appelle l'ascenseur et, après une courte attente nous rentrâmes dedans et j'appuis sur le 3. Depuis que nous avons quitté la forêt, nous avons échangé mot. Une fois sortis de l'ascenseur, je prends ma clé et ouvre la porte. J'espère juste qu'il n'y a pas trop de bordel. Je le laisse entrer et regarde rapidement dans chacune des pièces communes. Je ramasse des affaires çà et là et les amène dans ma chambre ; à priori, il ne va pas y aller.
Bien entendu, je l'avais laissé rentrer avant de faire ça.

MIKE : Je la suivis tout du long. Enfin je voyais où elle habitait. J'avais cette impression qu'on se connaissait depuis très longtemps, alors que ça ne faisait qu'une semaine à peine.

ROXANNE : Je ne sais pas si je devais lui proposer à boire alors que l'on venait juste de sortir d'un bar. De toute façon, ça l'occuperait.
"Tu veux boire quelque chose ?"
Pendant qu'il boirait sa boisson, je pourrais chercher tranquillement, pas parce que je devais cacher des choses, mais parce que j'estime qu'il s'en moque de ce qu'il y a dans ma chambre. Au fait, pourquoi était-il venu ? Je ne mettais pas plus interrogée dessus. En tout cas, il n'avait pas l'air triste ou déçu.

MIKE : Je regarde autour de moi, j'observe. Je suis chez elle. Ça a l'air confortable. Un plus petit que j'ai moi, je vois.
Je lui demande juste un verre d'eau.

ROXANNE : Je vais le lui chercher et lui propose de s'assoir sur le canapé. Puis sans rien dire de plus, je file dans ma chambre et je cherche. Je soulève mes vêtements de la veille, je regarde sous mon lit, sous ma couette, dans les tiroirs de ma commode, mais je ne trouve rien. Enfin, rien d'intéressant, car je doute fort que des sous-vêtements le soit.

MIKE : Je prends donc le verre d'eau quel m'offre et m'assied en douceur sur le canapé. J'entends des sons de tiroirs, des bruits de fouille. Je patiente.

ROXANNE : Rien, je n'ai rien trouvé. Je retourne dans le salon et me met devant lui, les mains dans les poches arrières.
"Je trouve rien..."

MIKE : Je me redresse du mieux que je peux dans le canapé ultra-mou puis la regarde. Je pensais qu'elle allait revenir avec le regard un peu plus illuminé que ça... Mais apparemment, elle n'a rien trouvé d'intéressant.
Je baisse la tête.

ROXANNE : "Désolée. J'aurais préférée t'apporter une meilleure nouvelle."
Je récupère son verre vide et l'emmène dans la cuisine. Je me retourne pour regarder l'heure : 23h. Je retourne dans le salon.
"Bon, il est bientôt minuit, je suppose que tu es fatigué et sans doute que demain on te posera des questions. Tu ferais mieux d'aller dormir."
Je ne le mettais pas à la porte, je pensais à sa santé. Je pense à la santé de quelqu'un...


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