Chapitre 9

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Elle entra dans le petit salon qui semblait être en ruine. La tapisserie pesait, lourde, sur le plancher. Son amie était là, assise sur un vieux fauteuil où les clous de tapissiers tombaient un à un au sol. Lorsqu'elle la vit, elle se mit à sourire. 

"Alice ! Ma jolie !, elle esquissa un signe de la main. Venez vous asseoir je vous en pris. J'ai attendu votre visite toute la semaine !

-Oh moi aussi Madame... vous ne m'avez jamais dis votre nom.

-Il importe peu, croyez-moi.

Alice s'installa au bord d'une chaise en bois : -Je vous ai apporté des crêpes ! , elle les lui tendit. Vous m'aviez parlé de l'enterrement... Son corps a été rapatrié en Amérique, non ?

-L'enterrement...., elle sembla être de retour, des années auparavant. Son corps était arrivé quelques jours seulement après que nous l'ayons appris. Nous n'étions pas prêt. Je me souviens des regards désabusés, des regards vides, fatigués. Je me souviens de tout ça, comme si c'était hier. Et pourtant, ça remonte à plus de cinquante ans... Marty a été le plus affecté d'entre tous. Vous savez, un cœur peut se briser, mais il continue de battre de la même façon. Et son cœur a continué, douloureusement. C'était comme si chaque battement lui rappelait qu'il avait perdu à tout jamais la femme qu'il aimait. La tristesse, nous la portions tous sur nos épaules. Mais lui, Marty, faisait plus que la porter. Je me souviens de Callen, de Sam. Ce sont eux, qui se sont occupés des funérailles. La mère de Kensi était décédée, son cœur avait lâché, le même jour que celui de sa fille. C'était sûrement mieux ainsi. 

-C'est affreux. Pauvre Marty... 

-Le jour de l'enterrement, nous étions tous là. Notre petite famille. Ça a été la dernière fois où nous nous sommes retrouvés tous ensemble. Il n'y a pas eu de discours, qui aurait pu parler ? Nous étions ravagés par le chagrin. Les feuilles volaient autour de nous, les militaires jouaient leur rôle habituel, puis nous ont enfin laissé seuls. Nous avons fait nos adieux à cette femme qui avait été notre amie. Et nous sommes partis, un à un. Je crois que Marty est resté longtemps après. 

Il y eu un silence, un moment, puis Alice le brisa : -La dernière fois... ?

-C'était comme si la mort de Kensi avait entraîné la mort de notre famille. Marty n'est jamais rentré. Je ne sais pas ce qu'il est devenu, je ne l'ai jamais revu. Callen est parti en Afghanistan, finir ce que Kensi avait commencé. Il n'est jamais revenu. Sam, lui, est parti avec sa femme et ses deux filles faire le tours du monde en bateau. La navire a fait naufrage dans l'océan indien. Je suis restée quelques temps avec mon ami, puis, nous avons pris des chemins différents."

C'était donc ainsi que tout c'était achevé. Alice n'en revenait pas. Au cours de ses visites ici, elle avait appris à connaître, elle avait appris à aimer, elle avait appris à vivre aux côtés de cette famille. Et maintenant, elle devait se rendre à l'évidence : tout était fini. Elle ne connaîtrait plus les frasques de Marty et Kensi, elle n'entendrait plus les paris stupides de Sam et Callen, elle ne subirait plus les remontrances d'Hetty, elle ne supporterait plus le sifflet d'Eric. Elle regarda sa vieille amie. Elle avait tant perdu. Le silence perdura longtemps.

"Vous devriez y aller Alice.

-Je reviendrai la semaine prochaine.

Son amie avait l'air fatigué : -Ce ne sera pas la peine. 

-Comment ça ?

-Je ne serai plus là.

Un long silence suivit sa déclaration.

-Merci d'avoir partagé toutes ces histoires. 

-Nous vivrons temps que vous vivrez. 

-Je me souviendrai toujours de vous.

-Adieu Alice.  

-Au revoir Nell."

Elle quitta le salon, sans se retourner, les larmes aux yeux. Lorsqu'elle eut atteint sa voiture, elle sût. Elle sût que Nell venait de rendre son dernier souffle. 


Le prochain chapitre sera le dernier. L'inspiration n'est plus trop là, et ça se ressent. 

A bientôt. 

I will be back.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant