Honora la maîtresse royale

Alexandrie

Honora se réveilla en sursaut lorsqu'elle entendit hurler non loin du cabanon :

_ Port en vu!

Elle se précipita à moitié réveillée à l'extérieur. Le vent soufflait fraîchement , les oiseaux paillant dans le ciel volant entre les grands mats . Tous se hâtait de baisser la grand voile carré dans une précipitation organisée, grâce à des jeux de cordages qui semblaient compliqués , mais les marins le firent avec une facilité déconcertante que cela semblait être un jeu d'enfant . La grande et fière voile se baissa en un coup pour laisser apparaître à l'horizon, la côte. Celle-ci n'était encore qu'un point dans l'aube fraîche du matin , baignée dans une brume vaporeuse et aérienne qui couvrait un peu la vue pour laisser encore la surprise du reste de la terre . Le navire ralentit doucement pour être plus maniable et Honora avait vraiment l'impression de faire une ballade sur l'océan.

Juste devant elle , Enésios donnait des ordres qu'exécutaient à la lettre les marins sans un jurons ou une protestations:

_ Pliez la grand voile et rabattez les cordages ! Hurlait-il énergiquement ,tout en conduisant d'une main experte le gouvernail en bois .

_ Nous sommes arrivés ?  demanda Honora la voix encore enrouée de sommeil.

_ Tiens , la belle endormie est réveillée ? Passes- tu tout ton temps à dormir ou sais-tu faire autre chose? la questionna t-il d'un ton plus que suffisant.

_ On m'a empoissonné et j'ai échappé de peu au trépas, n'as-tu donc aucune compassion?

_ Je n'ai de la compassion que pour moi même , belle endormie. La provoqua t-il un sourire malicieux en coin.

_ Je ne me nomme pas belle endormie ,je m'appelle Honora. Dit elle entre ses dents .

_ Je laisse le soin au autre de te nommer ainsi, je trouve que belle endormie te vas beaucoup mieux.

Honora le regarda interloquée et irritée de son comportement qui n'était en aucun cas charmant . Il n'avait pas les manières d'un romain et elle ne savait pas trop à quelle contrée il appartenait .

_ D'où viens tu ? Demanda Honora.

_ Je suis un sang pur Grec et fière de l'être. Dit-il en gonflant sa poitrine. 

_ j'aurai dû me douter avec une telle vantardise et un comportement si peu approprié aux bonnes manières.

_ Nous les Grecs, nous nous vantons de qualités reconnues et jalousées dans le monde . La belle endormie serait-elle outrée de ma franchise plutôt que de hypocrisie romaine habituelle? S'exclama t-il sarcastiquement.

_ Nous se sommes en aucun cas hypocrites. Rétorqua la brune.

_ Voyons donc. Rome tente de séduire les plus grandes cités à coup de sesterces et de rêves de grandeur! mais, la Grèce n'en est pas dupe et n'a conclu aucun accord avec vous.

_ Je te parle de courtoisie et tu me parles de conquêtes et de terres ; Les hommes sont par ailleurs et cela peu importe leurs origines, tous très réducteurs.

A ses mots il ria se qui fit apparaître sur ses joues, deux jolies fossettes qui lui donnaient un air plus juvénile et plus naturel . A contrario sa dentition blanche à la vue de tous , avec sa barbe de quelques jours lui donnaient un côté abrupte et viril. Il dégageait une assurance certaine qu'Honora soupçonnait qu'il utilisait pour charmer les jeunes vierges qui devaient toutes tomber amantes à le voir ainsi, l'imaginant voguer aux delà des mers immenses tel Ulysse sur les flots.

La jeune femme s'avança un peu pour arriver à sa hauteur. Surplombant l'océan la vue était à couper le souffle. Les légers rayons du soleil se reflétaient dans la mer qui devaient renfermer une populations sous marine des plus diverses. C'était la première fois qu'Honora prenait le large et quittait aussi loin sa Rome natale et cette pensée l'attrista. Rome était tout ce qu'elle n'avait jamais connu , et malgré tout ce que cette cité lui avait fait subir comme épreuves, elle était romaine dans l'âme . Le paysage bucolique de Rome allait lui manquer . Trouverait-elle de nouvelles plantes à utiliser comme elle en avait l'habitude à Rome? De plus, elle ne reverrait pas Artillios de si tôt ainsi que les autres serviteurs de la villa. Elle n'avait même pas pu leur dire adieux.  En outre , à mesure que le bateau avançait ,elle s'éloignait encore un peu plus de Silva . Elle devait se faire une raison elle ne retournerait probablement ni à Silva ni à Rome. Elle allait se retrouver étrangère dans une autre cité , dans un autre lieu avec une toute autre culture. Mais d'ailleurs à quelle port allait elle accoster au juste? Jusque là elle ne s'en était pas encore inquiété mais la question lui parut désormais évidente :