Partie 1 | Vous avez dit modestie ? Quelle modestie ? 1/2

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[ CHARLY SYLLA ]

— Ma' ! Ma' ! Je suis rentré ! Ma' tu es là ?

Eh, mais dis donc, on dirait qu'il n'y a personne dans cette maison.

— Mariama ? Mariama ?

— Mais pourquoi cries-tu comme ça ? Qu'est-ce qu'il y a encore ?

— Où est Ma' ?

— Je ne sais pas où est ta mère, elle est sortie depuis ce matin. Et puis tu sais, tu peux enlever tes grosses lunettes de soleil et dire bonjour, Charly. Je sais que je ne suis que l'employée de maison, mais c'est moi qui t'ai élevé mon garçon.

— Oui c'est vrai, excuse-moi Mariama. Bonjour ! C'est que je rentre après quinze jours à Londres et personne n'est là pour m'accueillir.

— Quand vas-tu arrêter de croire que tu es le centre du monde jeune homme ? Parfois je me demande comment tes amis te supportent. Bon... J'ai du travail. Si tu veux manger, il y a tout ce qu'il faut dans la cuisine. Et cesse de beugler dans toute la maison s'il te plaît.

— Mmh...

Mariama me fait toujours des reproches. C'est la plus ancienne de nos domestiques, elle est un peu comme ma deuxième mère. Avec Ma', elle est seule personne qui sait comment me parler. J'ai beaucoup de respect pour elle. Ah oui, que je vous dise : je ne suis pas enfant unique. Malheureusement pour moi, j'ai une sœur aînée, Fatim et je ne peux pas blairer. On se déteste cordialement au grand dam de nos parents. Mais je vous reparlerai d'elle plus tard, car Fatim et moi, c'est toute une histoire !

Pour l'instant, je suis juste agacé de constater que je n'étais pas attendu. D'habitude, lorsque je rentre de voyage, Ma' est toujours là pour m'accueillir. Finalement, ce n'est pas plus mal. Je suis exténué par ces heures de vol, et j'ai besoin de me débarbouiller et de me reposer. Parce qu'à Londres, c'était la folie ! J'ai fait la fête en pagaille avec mes gars sûrs. Nous avons passé un super bon moment.

J'aurai mieux fait de rester en Europe. Maintenant que je suis rentré à Dakar, les choses vont changer. Tout ça à cause de mon père. J'appréhende, car Abderahmane Sylla a décidé de me rendre autonome dès mon retour de Londres et nous y sommes. Cela signifie que je vais devoir à gagner mon propre argent.

Quelle misère !

Pourquoi veut-il que je travaille alors qu'il a une armée de salariés pour faire tourner sa boîte. Ne suis-je pas son héritier ? Si ça lui plaît de travailler, tant mieux, mais il ne peut pas m'avoir habitué à l'oisiveté et réclamer aujourd'hui ma sueur pour un simple poste de salarié. 

Je ne comprends pas mon père. Abderahmane Sylla est une énigme pour moi. C'est un homme secret et très peu soucieux de mes préoccupations. C'est à la fois mon père et un inconnu. Il ne sait pas qui sont mes amis, il ne connaît pas mes professeurs, il ne sait pas ce que j'écoute comme musique. Tout ce qu'il sait, c'est que je suis son fils, que j'ai bien eu mon diplôme en marketing et management, et que je dois travailler dur si je veux un jour le remplacer.

Voilà son seul intérêt !

Au début, Maman a plaidé ma cause, mais il a fini par la convaincre du bien-fondé de son projet. Je n'ai que vingt-quatre ans, je ne vais quand même pas commencer à bosser pendant que mes potes prennent du bon temps ! J'ai la vie devant moi pour me former à présider le groupe familial. Là tout de suite, j'ai juste besoin de me relaxer.

Parfois, j'ai l'impression que Pa' ne m'aime pas. Il sabote tous mes plans, ce vieux. Et dire que j'avais prévu de partir à Miami, dès mercredi prochain... À cause de lui, c'est foutu. Pff ! Je dois me faire une raison. Et puis tant qu'il continuera à payer mes extras, tout ira bien pour moi. Qu'est-ce qu'il croit, le père Sylla ? Au final, penser à tout ça m'a fatigué, le sommeil m'a vite rattrapé.

MOI, CHARLY !        Où les histoires vivent. Découvrez maintenant