MOI, CHARLY !

Partie 11 | Le mensonge est un poison...

[ CHARLY ]

Les jours passent, mais la douleur reste. Je suis psychologiquement atteint et j'ai l'impression d'être enfermé dans un tombeau. Éteint, je travaille comme un robot, sans réfléchir, sans réagir. L'idée que je ne suis le fils de personne me hante, j'en fais même des cauchemars. La solution serait de discuter avec mes parents, mais j'ai peur de me confronter à leur vérité, alors je fuis. Je ne supporte plus la maison de mon enfance, ou plutôt « la maison de la trahison », j'ai donc déménagé dans un studio en plein centre-ville. Chez mes parents, je craquais...

Mon téléphone sonne. C'est encore Fatim. Cette pauvre folle m'appelle dix fois par jour, elle veut qu'on discute. Si elle croit que je vais décrocher, elle rêve. Pour moi, nos disputes étaient anodines, un peu comme tous les frères et sœurs de la Terre. Mais hier soir, ma sœur est morte en même temps que le respect qu'elle a eu pour moi. Je préfère l'exclure définitivement de ma vie. Elle ne me mérite pas.

Elle ne voulait pas d'un petit frère et elle n'en a plus !

Si seulement on pouvait revenir en arrière... Avant ce terrible week-end, j'étais bien dans mes baskets, je commençais même à être heureux. Et voilà que maintenant, je suis condamné à n'être personne.

Il faut que je me reprenne, je ne sais pas encore comment, mais je ne me supporte plus. Je ne veux ni finir dépressif, ni rater ma vie, ça ferait trop plaisir à Fatim. Pourtant, je ne trouve pas le courage de me battre et d'affronter mon destin.

J'ai parfois manqué d'humilité, je le sais. Est-ce la monnaie de ma pièce ?

Je n'ai plus aucune personne de confiance pour me donner des conseils. Désormais, je ne peux compter que sur moi.

Reprend-toi, Charly !  Fais le tri dans tes amis et laisse le passé derrière toi.

Et que faire de Kharidja ? Je ne sais pas... Si je suis honnête avec moi-même, je dois avouer que...

Non, je ne peux pas dire ça...

C'est difficile à avouer, mais je crois bien que je l'aime. Je crois bien que je l'ai dans la peau.

Oui, moi Charly, j'aime quelqu'un d'autre que moi !

*

J'ai pensé à Kharidja toute la journée. La pauvre a essayé de me contacter plus d'une fois, mais je n'ai pas pris la peine de lui répondre. Au bureau, j'ai été désagréable alors si j'essaie de lui parler, voudra-t-elle m'écouter ?  Je voudrais lui envoyer un sms mais elle l'effacera avant même de l'avoir lu. Elle a assez de caractère pour m'en faire baver. Je décide donc de me rendre chez elle. En arrivant devant la porte d'entrée de son immeuble, je l'aperçois avec Mortala. Tous deux ont les bras chargés de cartons.

— Oh Charles ! Content de te revoir, comment vas-tu ?

— Ça va, merci Mortala. Ravi de vous revoir aussi... Bonsoir, Kharidjatou !