Débauche (Romance)

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Débauche par HurricanePanic

Résumé: De sa crinière emmêlée, il a su la charmer. Si bien des âges les séparent, qu'en sera-t-il lorsqu'il recroisera son regard ? Cligne, cligne, ses yeux la titillent, l'émoustillent ; ils brillent. Trentenaire sans enfants, étudiant cinéphile suédois, tout deux laissés au gré incertain de la débauche parisienne.

Extrait:
"- Provocant ?
- Provocant.
- Précisez.
- Oh, vous savez, la gorge s'allonge, la nuque se brise, sur le rythme d'une pomme d'Adam tressautante. Les soupirs s'échappent, étranglés, murmurés, susurrés, criés, dans des boucles blondes, sous une clavicule mordillée, contre la peau chaude qui borde une poitrine frémissante. Une main s'agrippe à la crinière d'un lion, le matelas nu gronde sans un bruit. L'échine se courbe. La sueur perle entre les pleins et les déliés d'un muscle bandé. Effluves du plaisir charnel, embaument esprits et pièce, baignée de la lumière tamisée d'une lampe accidentellement tombée. Jetée par terre, elle projette sur le mur qui lui fait face des ombres à faire rougir nos sœurs. Elles titillent. Elles aguichent. Elles embêtent. Que se cache-t-il derrière ces contours flous et indistincts ? On se questionne, on plisse les yeux, un amas de draps nous empêche le voyeurisme parfait. Un plan macro par-ci, illustre les poils qui se hérissent ou la pupille subitement rétrécie par l'extase à son point extrême. Un fondu enchaîné dissimule au dernier instant les objets d'un tel plaisir. Que ressentir ? Rougir ou apprécier, s'embarrasser ou s'exalter ? Qui de l'ivresse contemplative ou de l'acte affiché l'emportera sur la raison ? Cela dérange, le spectateur oscille entre le malaise et la fascination, ce sentiment des plus coupables lui semble comme inconvenant. Mais cette ardeur, cette passion, cette fougue, tout le consume et le pousse à se tordre le cou pour discerner ce qu'il se cache derrière cette brume enflammée. Le dérangement provoqué par l'incertitude de la dissociation entre le bien et le mal à l'état pur. Ce malaise, on se malaxe maladroitement les doigts en se mordillant la lèvre, on ne sait pas où se mettre ni comment réagir à l'égard de ses voisins. La provocation dérange, mais elle aimante comme nulle autre forme de cinéma ne le fait. Cette curiosité coupable nous pousse à imaginer, à continuer l'histoire dérisoire qui se déroule sous nos yeux. Le spectateur se perd. À qui appartient cette main, cet œil, ce sourire, ce soupir ? L'effervescence est une séquence, l'exalte une image, l'enivrement un plan. L'objectif, la caméra glisse sur ces peaux qui s'entremêlent, elle se joint à elle, danse dans ce ballet enivrant. D'où vient ce désir d'assouvir les fantasmes les plus inavouables par le biais d'une simple paire d'acteurs ? On se laisse bercer par le doux son d'un effleurement, la caresse d'un nom suavement prononcé. Sensuel. L'acte érotique n'est plus seulement sexuel : il émeut, il provoque, il soûle. Osez dire que ce n'est pas du cinéma et je fais tout de suite mes valises."

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