Chapitre Un

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Nick

Mars 2005 - Londres

Je souffle, agacé. Je savais bien que je n'aurais jamais dû me laisser entrainer par cet idiot. Où est-il d'ailleurs? Adossé contre le comptoir de la cuisine, je regarde autour de moi. Les personnes qui m'entourent sont soit ivre, soit en pleine séance de léchage et de tripotage, soit en train de danser. Et il y a ceux qui jouent de la musique ou font des jeux.

Je n'aime pas les fêtes. Je me sens comme un intrus. Je n'ai pas ma place ici à la différence de mon colocataire Nate. Lui, il boit, fume et couche avec n'importe qui, homme ou une femme peu lui importe. Sa libido n'a aucune limite et cela me désole. Je ne serais pas étonné qu'il finisse un jour à l'hôpital poignarder par un ancien amant ou par un cancer du foie. Personnellement, je pense que cela pourrait lui servir de leçon. Je soupire. Il faut vraiment que j'arrête d'épiloguer tout seul. Je me déplace à travers la maison puis dans le jardin. Il y a trop de monde, trop de fêtards.

Je me sens seul et épuisé. Je sors mon portable de la poche.

" Je rentre à la maison. Débrouille toi comme tu veux."

Message envoyé. Aller rentrons. Je n'ai rien à faire ici. Je salue quelques personnes d'un signe de la tête ou de la main. Je traverse le jardin, encombré de bières et de sacs poubelles. J'entends des bruits suspects venant des buissons. Un frisson d'horreur me traverse. Je me demande bien comment on peut faire ça dehors, dans les ronces? Je ne pourrais pas. J'aurais beaucoup trop peur d'attraper une bestiole. Brrr... Mon portable vibre trois fois pendant tout le trajet jusqu'à la voiture garé un peu plus loin de la maison des horreurs. Je l'ouvre à distance, avant de m'adosser contre elle. Je sors mon téléphone de mon jean.

"Attends-moi, je rentre avec toi. Je finis ma petite affaire et j'arrive."

Beurk. Je n'ai pas besoin que cet énergumène me rappelle qu'il s'envoie en l'air à chaque soirée. C'est déjà difficile de croiser chaque matin l'une de ces stupides et nouvelles conquêtes, toutes plus belles que les autres. J'ai au moins le plaisir de parier avec moi-même pour savoir si ce sera un homme ou une femme. Voir les deux ensemble, c'est affligeant. Je réponds à mon acolyte.

"Dépêche-toi!!!"

Voilà, triple exclamation. Il pourra voir comme ça que je suis extrêmement agacé. J'ouvre la voiture. Je me demande bien pourquoi je finis toujours pas l'accompagner à ces stupides fêtes. Je ne m'amuse jamais sauf si Sally est là. Misère. J'aurais dû l'accompagner au théâtre. Là au moins, ça aurait été amusant. On aurait critiquer chaque point négatif de la pièce, autour d'un délicieux café dans un bon pub à la fin de la représentation. Je sais pourtant que je suis un geek. Bon sang!

Toc! Toc!

- Ahhhhhhh! Je crie comme un idiot.

De l'autre côté de la fenêtre, j'entends un rire grave et sensuel tandis que mon cœur fait encore des bonds.

- Enfoiré! dis-je à Nate lorsqu'il rentre dans l'habitacle.

- Ouais. Désolé, mec. Me répond mon ami, hilare et totalement soule.

Je le regarde un moment. Il s'avachit sur le siège avant en respirant calmement. Je ne démarre pas. Au contraire, je fronce les sourcils en observant les alentours puis mon ami. Il m'observe en souriant.

- Personne ce soir, mon minet. Rien que toi et toi.

- Je ne suis pas ton minet, abruti de soulard.

Et je démarre sous le rire grave de Nate. Pendant le trajet, la voiture est calme. Il a fini par se calmer et s'endormir. J'aime quand il fait ça. Quand, il se laisse aller en ma présence alors qu'il est toujours sur le qui-vive. Si cela avait été quelqu'un d'autre, il serait rester éveillé. Dans le pire des cas, il m'aurait appelé et j'aurais été énervé et heureux qu'il pense à moi. Misère. Je suis irrécupérable. Je me garde devant notre immeuble. J'aide mon ami à sortir. Ensemble, nous nous dirigeons péniblement vers notre demeure. Nous passons le hall d'entrée où je salue Hans, le réceptionniste.

- Merci Hans. Vous êtes un amour.

- De rien. Besoin d'aide?

Je secoue la tête. Nous entrons dans la cabine. Pendant les quelques secondes d'attente, je finis par me demander si je ne ferais pas mieux de reprendre la musculation. Cling. Je sors, ployé par le poids de cet alcoolique qui ne m'est vraiment pas d'une grande aide. Je déverrouille tant bien que mal la porte d'entrée. Je dépose mon fardeau dans sa chambre. Dans son lit. Oh non!

- Idiot! Aïe.

Je me redresse vivement du lit.

- Tu es con ou quoi? Pourquoi tu m'as agrippé?

Je lui donne un coup de poing sur le torse. Nate ne sent rien. Il dort déjà. Je peux entendre ses ronflements. Accroupi à côté de son lit, je le contemple en silence. Je tends la main. Je fais le tour de son visage, caresse son nez et sa bouche. Il bouge, je m'écarte précipitamment, le cœur battant. J'attends. Ouf. Je ne l'ai pas réveillé. Je me lève et reste un moment interdit. Je me penche, j'écarte quelques mèches de son visage et je caresse lentement ses beaux cheveux ébènes. Je dépose rapidement un baiser sur son front, aussi léger qu'une caresse.

Ça y est. Il est temps que je sorte d'ici. Je m'écarte, me tourne en direction de la porte quand je m'arrête soudainement. Mes yeux se baissent, suivent la courbe de mon bras gauche. Une main s'accroche à mon poignet. Mon regard remonte le long de cette main, de ce bras, de cette épaule et de ce visage. De magnifiques yeux bleus me dévisagent. Je sursaute. Je me pétrifie sur place.

- Embrasse-moi, me souffle Nate, la voix rauque et endormie.

Un frisson me parcourt. Pas de peur mais de plaisir. Je ferme les yeux un court instant. Je prends une grande inspiration. Puis je souris tristement. Je secoue la tête. Je tente de me dégager de la poigne de Nate. Il resserre la sienne, m'empêchant de me dégager. Je grimace lorsqu'il commence à me faire mal.

- S'il te plait, je chuchote pitoyablement.

Malheureusement, Nate ne l'entend pas de cette oreille. Il se redresse calmement. Mes yeux s'écarquillent. J'essaie de nouveau de me dégager.

- Lâche-moi, Nate! S'il te plait! NON!

Mon ami me bascule en avant, m'attrape par le cou, s'agrippe à mes cheveux et me penche de force vers lui. Sans douceur, sa bouche se pose sur la mienne. La langue lèche ma lèvre inférieure. Il veut entrer, je lui interdit l'accès tout en essayant de me dégager. Sa prise se resserre. Il grogne. J'ouvre la bouche pour protester mais il en profite. Sans crier gare, sa langue entre en contact avec la mienne. Il m'embrasse, fouille l'intérieur de ma bouche. C'est un baiser dur et exigeant. Je gémis contre lui. Puis il me relâche, essoufflé. Nous nous dévisageons, reprenant nos souffles. Nate dépose un dernier tendre baiser sur mes lèvres. Il caresse ma joue une dernière fois avant de s'allonger dans son lit et de s'endormir pour de bon, cette fois. Précipitamment, je sors de la chambre. J'entre dans la mienne et je m'affaisse contre la porte. Mon cœur fait des bonds. Des larmes s'écoulent. De tristesse, de joie, je ne sais plus. Une chose est sûre. Ma nuit va être longue. Je me caresse doucement les lèvres et ne peut m'empêcher de murmurer :

"Je t'aime Nate".



Catch Me ( BoyXBoy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant