Chapitre Vingt et un

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Nick


" Tu n'es qu'un trou Nick. Tu n'es pas plus important que tous ceux que j'ai baisé avant toi. Pour moi, un trou reste un trou peu importe la personne tant que je peux le remplir et m'en servir comme je veux. Je m'en fous du reste."

Un baiser léger comme une plume sur le cou, des bras qui m'enserrent. J'ouvre les yeux pour croiser un regard vert et une peau couleur noisette.

- A quoi penses-tu si fort mon cœur? Ton visage est si crispé comme si on t'avait enfoncé un pieu dans le cul.

Je grimace devant cette horrible image que cet idiot me laisse entrevoir avant de sourire tristement puis de me retourner dans les bras de cette homme fort. Cet hispanique au teint basané qui me donne envie de le frapper tant je suis jaloux de sa magnifique et superbe beau bronzé que je rêverais d'avoir. Il me laisse faire et me coller contre lui. Il me frotte gentiment le dos pendant que j'inspire l'odeur de sa peau parfumé à la vanille. Son maudit gel douche me fait toujours le même effet. Il m'apaise, me rappelle des temps plus calmes, moins orageux, où j'étais en paix avec ma vie.

Je ne devrais pas me laisser aller ainsi alors que nous avons une soirée importante ce soir. Dans quelques heures, le monde artistique va accueillir un formidable artiste dans ces rangs dans notre galerie d'art. Peu importe... Nous sommes encore à la maison. Tout est calme. Je veux profiter encore de cette atmosphère avant la tempête de cette nuit. Il y aura bientôt trop de monde autour de moi, de nous, de notre cocon.

Je frotte mon visage contre son torse, pour l'embêter parce qu'il n'aime pas que je fasse ça. Il déteste que je plisse ces vêtements alors que moi, ça m'amuse énormément. Monsieur pointilleux, que j'aime te taquiner. Tu me rends si heureux, toi qui a su me redonner le sourire quand j'ai débarqué dans ta vie à l'improviste détruit et blessé dans mon amour propre. Toi qui m'a pris sous ton aile le temps que je me remette de cette douleur au cœur qui me faisait tant souffrir. Tu es resté avec moi, tu as supporté mes sautes d'humeur, mes mots blessants, mes terreurs, mes joies, mes fou rires. Tu as tout simplement tout accepté, sans bronché, sans condition. Tu as patienté. Puis un jour, je suis revenu parmi les vivants grâce à tes soins, à ta douceur. Tu m'as redonné goût à la vie. Tu m'as porté à bout de bras. Tu m'as supporté et encouragé. Jamais je n'oublierais une telle gentillesse.  Si tu savais comme j'ai peur que tu m'abandonnes.

Je ne pense pas que je pourrais revivre cela une deuxième fois. M'éloigner d'une personne que j'aime très fort. Et pourtant, cet homme qui me tient, qui me serre contre lui, serait prêt à subir mon abandon si un autre se décidait à revenir dans ma vie. Chaque jour, depuis ce funeste jour, mon compagnon me soutient que "celui" que j'ai laissé derrière moi reviendra me chercher et m'arracher de ses griffes et qu'il me laissera le quitter sans broncher. Sans crier parce que cet idiot pense que je mérite le bonheur. J'ai beau lui dire que je ne veux que lui, qu'il me suffit amplement, ce malotrue réfute cet argument. Il dit que je mérite le bonheur suprême et qu'il n'est pas au creux de ces bras mais dans les siennes. Cet homme que je refuse à prononcer son prénom tant il me fait encore si mal. J'inspire un grand coup.

Nate. L'homme j'aime le plus au monde. L'homme que j'ai quitté sans un regard en arrière. L'homme qui m'a brisé.

Je ne veux pas de lui, de ce monstre qui s'est joué de moi. J'ai beau mettre voiler la face pendant les premiers mois en pensant qu'il m'avait fait l'amour et lui pardonner son attitude. La vérité était que je mentais pour le soulager lui. Je ne pouvais faire face à la triste et cruelle vérité que je n'étais qu'un coup d'un soir au même titre que ces centaines d'amants sans noms. Ces êtres détestables qui me prenaient mon seul et unique amour dans leurs bras pendant une nuit de sexe auquel je n'avais pas droit. Je n'avais pas la force de me qualifier comme un simple objet sexuel pour l'homme que j'aimais alors que je lui avais donné mon âme ce soir-là. J'y avais mis tout mon amour, toute ma passion pour lui. Je lui en ai tellement voulu de m'avoir tué avec ces maudits mots. Pour la première fois de ma vie, je lui ai menti sur mes sentiments.

Je lui ai écrit que je le quittais parce que j'avais peur de le nuire alors que ce n'était qu'un ramassis de mensonges. J'étais seulement un être bousillé à ce moment-là, incapable de penser correctement à part le préserver lui. Écrivant cette lettre une bonne douzaine de fois afin d'être sûr qu'il ne puisse comprendre au delà des mots, mes véritables sentiments. Lui faire croire que j'allais bien. Le protéger au lieu de me sauvegarder moi.

Je relève la tête. Je me sens si vulnérable à chaque fois que je repense à ses mots. Ces terribles et affreuses paroles qui m'empoisonnent et me pourrissent la vie depuis deux ans déjà. Je plonge mes yeux dans les siens. Toi seul peut me comprendre et me soutenir. Je t'aime tellement. Une main se pose sur ma joue. Je ferme les yeux en soupirant d'aise. Je dépose un tendre baiser sur cet appui doux comme du velours. Je murmure contre cette paume.

- Je ne veux plus y penser. Fais-moi oublier s'il te plait, Sion.


Catch Me ( BoyXBoy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant