Chapitre Dix-sept

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Nick

Fin décembre - quelque part en dehors de la ville

- Est ce que tu vas mieux?

- Oui maman. Tout va bien. J'ai bien récupéré.

- Ta gueule chaton!

Je ris face à la moue de dégout de Gray. Je le prends dans mes bras dans cette maudite chambre d'hôpital aménagée - rien que pour moi dans un appartement où j'ai atterri après mon agression. J'y ai été vécu pendant une semaine et demi, le temps que mes blessures guérissent et ne soient plus trop visibles. Je ne sais pas où je suis mais peu importe, j'ai confiance en Gray.

- Merci G. Pour tout.

Il grogne. Il me serre férocement dans ces bras. Je sais qu'il regrette de n'être pas arriver plus tôt pour me sauver de mon bourreau. Cependant, il est  fier de moi car j'ai réussi à m'en sortir assez pour l'appeler à l'aide. Lorsque je repense à cette nuit, mon corps ne peut s'empêcher de trembler de peur. Mon oncle Yzaya n'aurait jamais dû me retrouver. Tout comme mon père, je pensais que mon cauchemar était bel et bien terminé. Je me trompais. En effet. J'aurais dû me douter que si mon père était dans les parages alors son "ombre", comme j'aimais l'appeler pour les terreurs que mon oncle Yzaya m'inspirait, serait avec lui. Ils ont toujours été ensemble d'aussi loin que je me souvienne. Même ma mère ignorait que mon géniteur avait repris contact avec son frère avec qui il s'était disputé il y a des années de cela; et qu'à eux deux, je recevais les pires leçons de brutalité de ma vie. Ils étaient devenus tellement doués pour me battre sans qu'on ne s'aperçoive de mon état, que se soit physique ou mentale. 

Physiquement, mes deux bourrées me frappaient à des endroits que personnes ne pouvait voir sauf si je me mettais en sous-vêtement. Même s'ils m'étaient arrivés de recevoir des coups au visage, j'étais devenu bon pour mentir. Par exemple, je racontais que je mettais pris une porte, ou alors que j'étais tombé dans les escaliers. Toutes les conneries inimaginables et possibles pour que l'on me croit et que l'on me foute la paix. Pire, je séchais parfois les cours pour cacher ma laideur quand j'avais le visage tellement enflé que je ne pouvais plus ouvrir l'un de mes yeux.

Nate n'a jamais pu percevoir ma détresse car j'étais doué pour aller bien. J'étais connu pour ma maladresse - accentué avec le temps pour rendre crédible certains bleus sur mon corps - et je mettais tellement de conviction dans mes propos que l'on me croyait. Je savais qu'il était parfois arrivé à mon meilleur ami de se douter de quelque chose. Malheureusement pour lui, j'ai tout fait pour le lui cacher. Et puis cela faisait des années que mon père me martyrisait. J'étais réciproquement devenu un maître dans l'art de la dissimulation. En même temps, il faut dire que j'étais déjà tellement bousillé psychologiquement.

A l'époque où les violences ont commencé, je venais d'avoir tout juste douze ans et de perdre ma mère, mon roc, mon rempart contre mon géniteur. Mon meilleur ami se débattait sur sa sexualité: homme ou femme? tandis que je connaissais déjà la mienne depuis mes onze ans. C'était grâce à ma mère que j'avais su m'accepter tel que j'étais lorsque nous prenions le temps de parler de sexualité quand mon père n'était pas là.  Malheureusement, c'est cette même année que mon père a compris que j'aimais les hommes et que les premiers coups sont tombés. Dieu merci, j'avais été assez fort pour tout supporter jusqu'à mes seize ans pour protéger mon frère. L'une des seules promesses que mon père est jamais tenu car s'il y a bien une chose que Gray ignore et que seul son défunt père était au courant. J'avais pactisé avec mon tortionnaire pour garder en vie mon petit frère, pour qu'il puisse tout avoir et continuer à vivre dans une certaine innocence. J'acceptais les maudits traitements sans rechigner et en échange mon géniteur acceptait de laisser tranquille Caleb.

Catch Me ( BoyXBoy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant