Chapitre Cinq

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Nick

J'ai mal. Si mal au cœur. Comment a-t-on pu en arriver là? C'est de ma faute. Je suis un idiot. Pourquoi n'ai-je pas suivi mon plan dès le départ? Boire le verre d'eau, aller dans la cuisine, s'assoir aux côtés de Nate et discuter tranquillement de l'incident d'hier. Mais non il a fallu que je hurle ma douleur, ma colère comme un bambin.

Je me prends la tête, entre les mains. Je ferme les yeux, assis sur un blanc. Je voudrais que rien de tout cela ne soit arrivé. Je voudrais me réveiller à nouveau dans mon lit. Je voudrais que Nate ne m'est jamais dit ces paroles blessantes. Je ne suis pas mon père. Cet homme... Ce monstre qui a osé m'abandonner dès qu'il a appris que j'étais gay au collège alors qu'il était ma seule famille. Lui qui faisait de si bon discours sur la tolérance envers les homosexuels. Quel naïf j'ai été de croire en ses belles paroles. Pour le coup, j'ai compris ce que l'on pouvait ressentir quand on se sentait seul, isolé du monde. On étouffe. On suffoque. On panique et on se demande si on va réussir à respirer, reprendre pieds parce qu'on arrive plus à voir au delà de la noirceur. Il n'y a que les ténèbres qui nous entoure. Alors on se met à espérer que quelqu'un pense à nous. Qu'on va nous tendre une main et nous tirait de cet endroit sombre. Ce lieu qui devient notre seul repère, que l'on protège à tout prix même si cela signifie tomber dans la folie.

Je sursaute violemment. Je tourne  la tête si vite que je m'étonne de ne pas mettre déboiter la colonne vertébrale. Une main s'est posée sur mon épaule, interrompant mon monologue intérieur et repoussant au loin cette boite sombre que j'ai verrouillé à double tour il y a une dizaine d'années. Mon regard entre en contact avec l'opportun. Des yeux bleus, anxieux, m'observent. Je tente un sourire. Mauvaise tactique. On s'assoie à mes côtés. On attrape mon visage, le pose en douceur contre une épaule solide et chaude. Des bras s'entourent autour de moi, me serrent. Je ne me débats pas. Je n'ai plus la force de protester alors je me laisse faire comme un poupée de chiffon. Je ferme les yeux et inspire son odeur. Je suis bien. Si bien que je ne remarque pas tout de suite son corps trembler. Lentement, je le prends à mon tour dans mes bras.

- Chut... Je ne t'en veux pas. C'est moi. C'est de ma faute. Tu n'as rien fait de mal. Je suis désolé.

Nate ne me répond pas mais son étreinte se resserre presque au point de me faire mal. Je soupire. Je lui murmure des mots tendres. Des mots d'encouragement. Des mots forts. Je luis dis à quel point je l'aime même s'il ne comprendra jamais le véritable sens. Je lui montre par mes paroles et mon corps que je tiens à lui, à notre amitié, qu'il est tout pour moi. J'ai conscience que mon meilleur ami s'en veut pour que ce qu'il s'est passé car en quelque sorte mon sauveur, mon garde du corps. Quiconque me fera du mal, me blessera, devra en répondre devant lui.  C'est un homme fort et amusant. Il détient un pouvoir sur ma personne tout comme je connais le mien sur lui. Nous sommes connectés, une seule entité dans deux corps différents.

- Nate, rentrons chez nous, je souffle.

Mon compagnon prend une grande inspiration avant de me relâcher. Nous nous regardons. Puis il se penche vers moi et m'embrasse sur le front avec affection. Nous nous relevons. Main dans la main, nous rentrons chez nous, la porte fermée à double tour. Nous sommes en sécurité, à l'abri des regards. Nate me conduit dans sa chambre qu'il ferme également, comme s'il voulait nous isoler. C'est sans doute le cas. Je ne dis rien. J'accepte tout ce qu'il fait ou fera. Je suis à lui, corps et âme. Il s'allonge dans son lit, sous la couverture en me faisant signe de le rejoindre. Je m'approche du lit, soulève la couverture et entre dans son antre. Mon ami me tire vers lui, dans ses bras puissants et fort. Je pose ma tête sur son corps.

Boom... Boom... Boom... Boom...

Si réconfortant. J'inspire fortement. Je m'imprègne de son odeur. De lui. Je suis de retour à la maison. Mes yeux se ferment. La chaleur de son lit combinée à celle de son corps massif, m'apaise. Je commence à perdre pieds avec la réalité. Je me détends complètement.  Je me relâche. Avant de m'assoupir, je jurerais avoir senti un baiser sur la tête et entendu des mots doux, près de mon oreille.

Catch Me ( BoyXBoy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant