Prologue

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Nick


Décembre 2005 - Londres

Putain! Je le savais. Je savais que cette nuit n'aurait jamais dû avoir  lieu. Je le savais, mais non, il a fallu que j'écoute ma putain de libido.  Franchement, quel idiot j'ai été de le croire. Toutes ces belles paroles, ces maudits mots doux chuchotés dans le creux de mon oreille pendant que nous nous enlacions. Quel naïf j'ai été! Je me disais bien que c'était trop beau pour être vrai. Cela m'apprendra. La prochaine fois, j'écouterais mieux mon instinct quand il me fera signe.

Putain, c'est la merde! Je suis en colère. Je suis triste. Je suis perdu. Je suis dégouté et déçu par lui. Par moi. Tout se mélange dans ma tête. Je ne sais plus quoi faire. Je ne veux pas retourner à l'appartement pour l'instant. Je suis bien dehors, dans le froid de l'hiver avec tous ces jolies et magnifiques flocons de neiges. N'importe quoi! J'ai froid. Je suis gelé. Je tourne la tête de droite à gauche. Mais qu'est ce qui m'a pris de poser mes fesses sur ce putain de banc?! Et pourquoi je me suis dirigé dans ce parc d'ailleurs? Sally a bien raison. Lorsque je suis triste, je vais toujours dans un parc, peu importe qu'il soit loin ou près de chez moi. Misère. Il faut vraiment que je change cette mauvais habitude parce qu'en hiver, on meurt de froid.

Je soupire. Je me lève, les fesses engourdies. Je me frotte légèrement les bras par réflexe puis je réfléchis. Je ne veux pas rentrer à la maison. Je ne suis pas prêt. Et surtout je ne suis pas en état pour le croiser et discuter.  Comme si j'avais besoin après tout ce qu'il m'a dit pas plus tard qu'hier soir ou ce matin très tôt. Je décide finalement de me rendre au Pub de Sally. Elle, au moins sera m'accueillir avec le sourire et me comprendre. 

Je quitte cet endroit et prends le chemin en direction de mon amie. Comme d'habitude, c'est bondé. Depuis la rue, je peux entendre les cris joyeux des fêtards, les verres s'entrechoquer, la musique rock ( pour ce soir) et les fumeurs à l'extérieur sur la terrasse devant le pub. Je me faufile tant bien que mal à la porte d'entrée. Je salue d'un signe de tête Marc, le vigile. J'entre. Pouahh quel horreur! J'avais oublié à quel point  l'odeur d'alcool mélangé à la fumée et à la sueur des gens me retournaient le nez et l'estomac. Beurk! Allez, courage. En me dirigeant vers le bar, deux hommes  m'arrêtent pour me proposer de rester en leur compagnie. Poliment, je décline et me précipite vers le bar.

Super. Jack est le barman pour ce soir. Je n'aurais pas à avoir peur de croiser cet enfoiré de séducteur d'Alex et l'entendre me draguer à tout bout de champs. Du moins pas ce soir où cela m'aurait davantage dérangé qu'amusé. Je souris néanmoins en pensant à lui. Ce type est juste irrécupérable, peu importe le nombre de fois où je l'ai envoyé boulet.

- Un whisky coca pour ce soir, mec?

Je regarde Jack une seconde avant de répondre avec un triste sourire.

- S'il te plait.

- Ça marche, beau gosse. Je vais en profiter pour appeler Sally.

Je hoche la tête tandis qu'il disparait à l'arrière après m'avoir servir. Brave type. Il a tout de suite compris que rien n'allait ce soir et est parti me chercher ma bouée de secours. Accoudé au bar, je finis par penser à lui, à ce salaud imbu de lui-même. J'ai le cœur brisé, déchiré quand je repense à ces maudites paroles.

" Tu n'es qu'un trou parmi tant d'autres. "

Je tressaille. Fils de pute. Comment as -tu pu me lancer ça à la figure? Soudain, une grande frappe dans le dos me surprend et m'empêche de fulminer .

- Comment ça va, vieille branche?!

Je me retourne vivement pour croiser le regard le plus vert qu'il m'ait été de croiser dans ma vie. Un sourire ironique étire les lèvres pulpeuses de mon amie: Sally. Ces cheveux sont de nouveau blonds. Dieu merci, elle a laissé tombé la coloration verte. Un désastre à mes yeux, une réussite à ses yeux.  Je déglutis faiblement, les larmes aux yeux. Sally perd immédiatement le sourire, me dévisage imperturbable et me jauge. Elle me prend subitement par le bras, force le barrage auprès des clients, passe devant le bureau et les cuisines, puis par la porte menant vers l'extérieur. Derrière le pub, Sally emprunte un chemin menant à un escalier. Nous montons les marches. Arrivés devant une porte que ma compagne déverrouille - presqu'avec colère. Nous traversons l'entrée en silence. Dans le salon, elle me jette sans ménagement sur le canapé. Puis elle attrape chacune de mes mains qu'elle embrasse tendrement comme si j'étais en porcelaine. Les larmes me reviennent. Enfin son regard croise le mien.

- Que se passe-t-il, Nick?

- Je... Je...

- Oui?

J'observe son regard, emplie de sympathie, de tristesse. Je n'ai pas besoin d'ouvrir la bouche. Sally a compris. Elle sait, qui est la raison de mon état. Mon corps commence lentement à trembler de façon inhabituel. Je me mords les lèvres afin de retenir le pitoyable gémissement qui veut sortir de ma bouche. Malheureusement, Sally me comprend. Elle pose une main sur mon cœur qu'elle tapote deux fort, légèrement. Notre signe, quand tout va mal.

Et là, tout éclate. Les larmes que j'avais retenu toute la journée se déversent dans un torrent. Incontrôlable. Je me jette sur mon amie qui m'absorbe tant bien que mal. Je me lâche. Je ne me retiens plus. C'est fini. J'ai si mal.

Pourquoi m'a-t-il fait ça? Pourquoi?


 


Catch Me ( BoyXBoy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant