Ignorance.

Chapitre 5

                                                               ~Chapitre 5~

Ally

Les jours passèrent et la pleine lune approchait. Tomy venait me chercher et on rejoignait la meute à la réserve. On se dépensait beaucoup, entre la marche et la course, mais ça en valait toujours la peine. Chaque jour, je découvrais un peu plus de la région et du paysage. Parfois, on campait dans les Pyrénées. Mon appareil photo me quittant jamais, j'immortalisais ces moments de plaisir.

Ma relation avec ma mère s'était arrangée, mais celle avec mes frères se dégradait un peu plus de jour en jour. Je partais tôt et rentrais tard, j'avais à peine le temps de parler avec ma mère ou Josh. Louis m'en voulait, je ne le voyais plus, sauf quand il dort lorsque je lui rends visite. Un soir, je lui faisais un petit coucou et il était éveillé. Nous discutâmes un peu de tout et de rien, lorsqu'il commença à me faire la morale comme quoi on ne se voyait plus. Ce qui était vrai, je n'avais pas à le nier.

J'expliquai la situation à Tomy et la meute. Ils comprirent, mais je devais quand même ne pas les oublier. Gabriel avait fait une crise de larme car il croyait que jamais je ne reviendrais. Je le rassurai en lui disant que je viendrais deux à trois fois par semaine et que jamais je ne les laisserai tomber car, au fond, je les aimais.

Depuis je profitais plus de ma famille, mais je savourais mes journées avec la meute. Et puis, un jour, Tomy et moi fîmes une gaffe. On s'était retrouvé dans son jardin à s'embrasser.

Ça avait commencé quand Tomy m'avait demandé de lui montrer mes photos pour qu'il puisse en faire une toile, je n'avais évidemment pas refusé. Après, je le questionnais chaque jour pour pouvoir voir ses œuvres, mais il refusait systématiquement. Et un matin, il vint me chercher très tôt. Il était dans ma chambre et je dormais encore. Je me réveillais et le vis.

  -  Qu'est-ce que tu fous ici ? Lui dis-je.

 - Bonjour à toi aussi. Tu es toujours aussi aimable au réveil ?

Je ne lui répondis pas et mis ma tête sous l'oreiller en marmonnant. Je l'entendis ouvrir les volets et m'enlever les couvertures.

  -  Ally, dépêches-toi ! J'ai un truc à te montrer !

 -  5 minutes, s'te plaît, marmonnai-je.

 -  D'accord, mais juste le temps de te préparer seule !

Non, non ! Je vais me déshabiller devant toi ! Pensai-je. Il sortit de ma chambre. Je me préparai donc et sortis à mon tour. Je n'eus pas le temps de déjeuner que Tomy me traîna dans sa camionnette et nous partîmes chez lui.

   -  Tu m'emmènes où ? Demandai-je.

  -  Dans mon endroit secret.

Je ne compris pas tout de suite.

  -  Ton atelier ?

  -  Bravo ! Répondit-il avec ironie.

Il m'emmena derrière sa maison où à la place du garage se trouvait son atelier. J'entrai et poussai un grand « Waouh !». C'était tout simplement magnifique. Il y avait des tableaux accrochés au mur, sur des chevalets et encore cette pièce était trop petite pour tous contenir.

  -  Alors, ça te plaît ? Me demanda Tomy.

 -  Tu rigoles ! C'est magnifique ! T'as déjà pensé à faire une expo ?

 -  Non. Je peux te retourner la question.

 -  Non plus.

Il hocha la tête. Je parcourais l'atelier et je remarquais des photos – mes photos ! - accrochées à de magnifiques toiles. J'en avais le souffle coupé, je touchai la toile ou presque...

  -  Pchit, pas touche ! Me lança Tomy.

Je fis un bond et me retournai. Je vis Tomy qui peignait. Il avait les sourcils froncés par la concentration. C'est à ce moment là que je remarquai sa beauté. Ses cheveux châtains bouclés, ses yeux. Ah ses yeux, on s'y perdrait dedans ! Son nez droit, ses pommettes rosies, sa bouche qui demandait qu'à être embrasser... Mais qu'est-ce qui te prends, Ally ?!

  -  Tu me mates, me dit Tomy

 -  Non, mais c'est ce qui tu aimerais ! Mentis-je.

 -  Peut-être bien, mais qui ne materait pas un aussi beau garçon comme moi ?

 -  Oh vraiment ?! Quelle modestie !

Je m'approchais dangereusement de lui. Il déglutit.

  -  J'avais raison ! Lançai-je. C'est toi qui me mates !

 -  C'est pas du jeu !

 -  Si, si !

Je rigolai. Je m'éloignai de lui et me dirigeai vers sa toile en cours. Je la regardai, elle était presque finie et représentait une silhouette de fille avec un chien dans un coucher de soleil. Ils étaient sur une plage.

 -  Ce n'est pas inspiré d'une de mes photos ? Demandai-je.

 -  Non, c'est un tableau fictif. La fille est une fille sur qui j'ai des vues depuis quelques temps...

 -  Ah bon ?! C'est qui ?

 -  Je te le dirais plus tard...

Tomy prenait soin d'éviter mon regard. Je me demandais qui c'était. Je me poussai et laissai Tomy poursuivre son œuvre. Je l'observais longtemps, puis partis regarder d'autres œuvres.

 Je me retournai et faillis me cogner dans Tomy.

  -  T'étais pas là-bas ? Demandai-je.

 -  Un des avantages à être loup.

 -  Mmh...

J'essayai de trouver un pot de peinture à lui balancer à la figure, mais il me rattrapa et le fit en premier. C'était parti pour une bataille de peinture qui se prolongea dans son jardin. Je voyais la mère de Tomy nous observer, je ne dis rien. Nous étions couverts de peinture et très proches l'un de l'autre, peut-être un peu trop. Je sentais son souffle effleuré ma joue. Nos cœurs battaient la chamade. Tomy approcha son visage du mien et commença à m'embrasser. C'est là que je compris qui était la fille sur qui Tomy avait des vues. Cette fille, c'était moi !