Ignorance.

Chapitre 4

                                                                    ~Chapitre 4~

Ally

Je descendis vers minuit moins dix en vérifiant si tout le monde dormait et sortis. Je vis une camionnette attendre dehors. À l'intérieur, il y avait Jake qui me faisait de grands gestes. Quel bizut ! Je finissais de faire les lacets de mes Converses et mis la capuche de mon gilet. Je me dirigeai vers la camionnette, les mains dans les poches. Quand je fus à un mètre de la portière, celle-ci s'ouvrit brutalement. J'entrai.

  - Salut, dis-je.

Tomy démarra. Jake commença l'interrogatoire.

  - Tes premières impressions de loup ?

 - J'en ai pas...

Jake marmonna à Tomy « Ça commence bien... ».

  - J'ai entendu, dis-je

 - Zut ! Tomy t'a dit que tu seras la seule fille ?

 - Oui...

 - Ben bonne chance parce que tu devras supporter une vingtaine de garçons en pleine poussée hormonale. Sauf un....

 - Ça me rassure, dis-je avec ironie.

 - Je te taquine !

Il y eut un long moment de silence. Tomy n'avait pas ouvert la bouche une seule fois.

 - Par contre fais gaffe. Il y a beaucoup de pervers dans la meute. Surtout les vieux.

 - Ah... des vieux... Comme toi alors ? Lui lançai-je.

Tomy s'esclaffa. Jake ne trouva pas ça drôle.

 - Je te taquine, lui dis-je en lui donnant un petit coup de poing.

 - Aïe !! Je vais t'apprendre à maîtriser ta force !!

 - Apprends lui si tu veux, mais pas dans la voiture ! Lança Tomy.

Le silence retomba, nous fîmes encore quelques mètres et nous arrivâmes.

Il y avait un grand feu autour duquel se trouvait la bande. On ne m'avait pas menti, il n'y avait que des garçons. Du plus jeune, six ans, au plus vieux, vingt ans. Il n'y avait aucun parent, mais beaucoup de frères et amis.

 - Courage, ma vieille ! Me souffla Jake avant de me pousser hors de la voiture.

On avança près du feu, tous les regards étaient posées sur moi. Si j'aurais pu, je me serai enfuie, mais la main de Jake sur mon épaule me retenait. Je m'assis sur un rondin de bois entre le plus jeune et Jake. J'entendais beaucoup de « C'est elle, la louve, elle est bizarre ou encore elle ne m'inspire pas confiance ! ». Je n'y prêtai pas attention.

 - Coucou, moi c'est Gabriel, me chuchota le petit à côté de moi.

 - Salut, moi c'est Ally.

 - N'écoutes pas ce que disent les autres. Moi je suis content qu'il y ait une fille !

Je lui souris. Ce fut tout car tous avaient entendus notre mini conversation. Ben quoi ? avais-je envie de leur dire. À la place, j’arquai un sourcil.

 - Baisses ta capuche, me souffla Tomy.

Je m’exécutai, peut-être ça leur apporterait plus de confiance envers moi.

Et si Tomy s'était trompé et que je m'étais faite mordre, mais que je n'en étais pas un ?

Il y avait un grand silence que personne ne chercha à briser. Je lançai un regard interrogateur à Tomy. En voyant son expression, je compris que je devais parler.

 - Euh... Salut, moi c'est Ally, dis-je. C'est le diminutif d’Alison... Euh... J'ai été mordu, il y a quelques jours à peine....

J'avais vu que j'avais fait une gaffe. Il y eut beaucoup de cris comme quoi Tomy avait caché ça pendant quelques jours à ses amis.

 - La ferme ! Cria Tomy.

Tout le monde s'interrompit, ce devait être l'une des premières fois que Tomy parler ainsi, vu l'expression choquée de Jake.

  - C'est vrai que j'aurais dû vous le dire plus tôt, reprit Tomy plus calmement. Peut-être qu'Ally ne vous inspire pas confiance, mais faîtes un effort !

 - Qu'est-ce qui te dis que je suis loup ? Lui demandai-je.

 - Ton odeur a changé, tu as changé ! Tu sens et entends beaucoup mieux. Tu ne te transformeras pas avant la prochaine pleine lune, me répondit-il.

Je hochai la tête, mais je n'étais pas du tout convaincu. Mon second interrogatoire commença.

J'eus des questions du genre « D'où viens-tu, iras-tu au lycée, t'as un copain ?... » Je pris le temps de répondre. Tout le monde participait même ceux qui ne prêtaient pas un grand intérêt aux choses qui les entouraient.

Ils en apprenaient plus sur mon sujet et moi du leur. Je savais, par exemple, que Gabriel aimait cuisiner, Tomy peindre et Jérémy, à part mater les filles, jouer de la batterie. Je leur dis ma passion pour la photographie.

Le jour ne tarderait pas à se lever et Gabriel dormait sur mes genoux.

Lorsque je fus chez moi, il était cinq heures. Heureusement pour moi, ma mère n'était pas encore levée. Je me mis en pyjama et me couchai. Cette nuit, peut-être que je n'avais pas beaucoup appris sur les loups, mais j'en vais appris sur les personnes qu'ils étaient. Sur cette dernière pensée, je m'endormis. Les jours qui suivirent, j'étais enfermée chez moi. Je n'avais pas le droit de sortir et j'avais toujours Josh dans mes pattes. Il commençait à me taper sur les nerfs.

Jake et Tomy venaient fréquemment me voir. On se retrouvait dans mon jardin et soit Josh soit Louis venait nous enquiquiner. Nous discutions souvent comme si nous étions des amis de longue date.

Tard le soir, le loup aux yeux marrons-jaunes se tenait à la lisière de la forêt et je le photographiais depuis la fenêtre de ma chambre.

Un jour, je craquai et demandai à ma mère si je pouvais quitter cette maison qui me servait de prison. Je savais d'avance qu'elle dira non, mais au moins j'aurai tenté. Depuis que j'avais traité ma mère de prostitué, on était un peu en froid.

 - Maman, est-ce que je pourrais sortir ? Lui demandai-je.

 - Sortir où ?

 - Dehors, plus loin que le jardin et la maison.

 - Hors de question !

 - Mais maman c'est injuste ! En plus, je ne serai jamais seule.

 - C'est toujours non !

 - Tu ne vas pas faire passer à ta fille tout l'été enfermer dans une maison, si ?

Elle sembla réfléchir.

 - Bon d'accord, mais tu seras toujours avec Josh.

 - Toujours ? Pas même avec des amis ?

 - Quels amis ?

Merci, maman ! Ça fait plaisir toujours de voir comment tu t'intéresses au va et viens des personnes qui franchissent le seuil de cette maison, pensais-je.

  - Tomy, tu te souviens ?

 - Oh ! Oui. Il vient toujours à la maison avec son ami ?

 - Ça fait trois jours qu'ils sont pas venus.

 - OK ça marche. Mais tu me promets que tu ne seras jamais seule ?

 - Promis ! Merci maman, je t'aime ! M'exclamai-je en la serrant dans mes bras.

Je ne pensais pas qu'elle lâcherait l'affaire aussi facilement. Je montai dans ma chambre, pris mon portable et envoyai à Tomy :

Je suis enfin libre libre ! Fini les jours à l'intérieur !

Il me répondit presque aussitôt. Nous discutâmes encore longtemps et nous mîmes d'accord pour se revoir le lendemain.