Chapitre 4

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Hassan sort et m'ouvre la portière.

Il m'aide à descendre, puis m'accompagne jusqu'à une passerelle. Je peux observer toutes sortes de bateaux : de bateaux de croisière, des yachts. Mais ce qui m'intéresse le plus, ce sont les felouques avec leurs voiles blanches triangulaires qui ressemblent à des papillons posés sur les eaux tranquilles. Nous nous dirigeons vers un yacht élégant et assez vaste, sur le pont duquel est tendu un voilage. Lorsque je descends les marches, Kassem me rejoint et s'incline devant moi.

— Merci d'être venu.

— C'est là où vous vivez ? demandé-je, encore surprise par le choix de cet endroit.

— Pas exactement. Le yacht appartient à ma famille, mais je suis celui qui l'emploi le plus souvent. Lorsque je suis au Caire, j'apprécie de m'y trouver, car c'est calme.

— Il est très beau !

— Vous êtes déjà monté à bord d'un yacht ?

— Non, un ferry, une barque, une péniche, mais jamais sur un tel bateau, dis-je en désignant l'ensemble de la main.

— Venez.

Il me guide vers une table dressée à l'occidentale où seule le tissu chamarré et la vaisselle colorée me rappelle le pays où je me trouve. Il doit noter ma surprise car il me dit :

— Je ne pense pas que vous soyez au fait des coutumes orientales, j'ai pensé que cela vous rendrait plus à l'aise.

Il me désigne un siège de toile à l'armature en bois sur lequel je m'assis. Il s'installe en face de moi, et Hassan me sert un verre rempli d'un liquide opalescent.

— De quoi s'agit-il ? demandé-je.

— Une sorte de citronnade, mais peu sucrée. C'est très rafraichissant.

Je prends le verre glacé et je goûte. En effet, c'est doux tout en n'étant pas écœurant. Je me retiens de ne pas finir le verre de suite.

— C'est bon ! m'exclamé-je.

Il a un sourire.

— Par contre, si j'ai opté pour un service à l'occidental, ce qui vous sera servi sera oriental. Cela ne vous gène pas ?

— J'ai déjà eu l'occasion de gouter à des kofta dans un petit restaurant, et si j'ai apprécié, mais j'ai trouvé cela un peu épicé !

— J'ai demandé à mon cuisinier de veiller à ce que cela ne soit pas le cas. Je connais les goûts des français.

Je lève un sourcil, mais je me retiens de dire quoi que ce soit d'ironique. Il se comporte poliment, alors je ne souhaite pas envenimer les choses, même si je reste sur mes gardes. Comme Hassan commence à nous servir un premier plat que Kassem nomme kochari, m'expliquant qu'il s'agit d'un mélange de macaronis, de lentilles, d'oignons frits et de sauce tomate, je me contente simplement de poser cette question :

— Où avez-vous appris le français ?

— Mon arrière-grand-mère.

— Pardon ?

— Mon arrière-grand-mère était française. Et mon grand-père irlandais. Ingénieur, il est venu ici pour découvrir le fonctionnement d'une oasis et essayer de trouver des solutions pour améliorer la distribution d'eau, et il est tombé amoureux de la fille ainée du Cheikh Omar Ben Hamansin, mon arrière-grand-père. À la mort de son époux, mon arrière-grand-mère n'a pas voulu rester seule en Irlande, et comme elle n'avait plus de famille en France, elle est venue rejoindre son fils ici. Elle nous a enseigné sa langue, car bien qu'elle ait vécue une grande partie de sa vie en Irlande, elle n'a jamais oublié ses racines provençales. Elle a toujours eu du mal avec la nourriture épicée !

Rencontre dans le désert.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant